8 juin 2024
__________Le soir je m'assois sur cette route courbée, en tailleur, dos au soleil. Je regarde mon ombre qui s'étire, je me chante des chansons, je serre ma chienne contre moi quand elle vient m'envahir. J'enlace ma mélancolie et je contemple mon cœur plein de trous. Je me tiens sur la colline en surplomb du passé, et le futur me tire en arrière. Mon jean a un trou au cul et mes Crocs sont défoncées. Dans les champs l'herbe est haute, il y a des fleurs partout et puis des tiques qui attendent. Les moustiques bourdonnent à mes oreilles, je les explose sur mes mollets et je pense à leur vie que je prends sans remords.
Elle est cruelle, la vie, à se mouvoir sans cesse. Comment tu veux être heureux si tout change toujours, si ta joie est condamnée à être éphémère, si tout le monde s'en va tout le temps ? Tout te fuira de toute éternité, et t'auras que ta mélancolie pour te consoler. T'as intérêt à l'aimer, ta saleté de mélancolie, et t'as intérêt à t'adapter vite fait bien fait si tu veux une chance de t'en tirer. Les gens s'en vont, changent encore et encore, leur regard sur toi tourne comme une crème oubliée et les larmes de tout le monde tombent dans ta poitrine, noient tes poumons, et ton âme éclate sous la pression.
Mais y a pas de quoi en faire tout un fromage, c'est juste la vie après tout ; c'est normal, alors sois pas triste et ne demande rien de plus. On est tous tristes, on veut tous se foutre en l'air au fond. Mais où est le problème ? On veut tous des trucs innommables, on est esclaves de nos pulsions, on ne sait plus aimer, on ne sait plus rien faire et rien ne nous comble plus. Tu veux pleurer mais tu peux plus. Même ça tu sais plus faire. Alors ça éclate sans prévenir de temps en temps, sous le coup d'un message sans réponse ou d'un câlin vide de sens, un petit bout de n'importe quoi qui fait tout rejaillir.