How can I do

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It has been a million times
That I've tried to explain to you
To show you that I feel something strong
And special too
And if I'm alive today
It's only and exclusively for you
'Cause I got nothing more precious
There's no one more beautiful

I'm your man, I'm your fan
Without you I'm struggling
I'm your boy, I'm your toy
I'm a slave to your loving
Without you I'm nothing
Less than a rock, a stone
Weightlessness
Inert and lost in the universe

So how
How can I do
Can't you believe that I love you
Yeah how
How can I do without you
Can't you see that I'm crazy about you

I spent days trying to find the way
To apologize
I spent nights awake
Waiting for the mornings to meet you
I'm still keeping your picture on my wall
And I'm obsessed about how
I can bring you back
You're my girl, you're my doll
Next to you I feel so fortunate

You're my heart, you're my light
You are my everything baby
Baby I changed
Yes I changed can you forgive me?
'Cause I'm nothing
not even a little thing
without you

So how
How can I do
Can't you believe that I love you
Yeah how
How can I do without you
Can't you see that I'm crazy about you

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30 juillet 2023
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J'écoute la playlist du groupe, le regard perdu par la fenêtre du train, et How can I do arrive soudain, froisse mon cœur, tout à coup j'ai la chair de poule sous le pull de Lou. J'écoute et détaille chaque note et chaque mot, les laisse percer ma poitrine et m'atteindre au plus profond de mon être. Au refrain, les accents sur le deuxième et le quatrième temps en deviennent presque violents, ça m'ébranle tout entier, j'en tremble.

Je pense aux larmes dans les yeux de Zia quand elle la chante, je pense à l'amour amoureux et je me sens bête d'y penser, parce qu'il n'y en a que pour cette émotion. La moindre des choses est donc de la tourner en amitié, cette chanson d'amour perdu, et je me retrouve en sixième, cours d'Histoire, assis seul à une table, avec D et H côte à côte, juste là, sous mes yeux, riant ensemble, et le deuil de notre amitié est incroyablement douloureux, c'est ma toute première perte et je dois renoncer à ma meilleure amie. Je pense à ma prof de français en troisième, qui me disait « oh, quand même, tu n'es pas rien sans ta meilleure amie », le gouffre de son incompréhension bée entre nous, c'est la marque de l'étrangeté à nouveau, l'alien que je suis est loin de tout et de tout le monde.

Il y a quelques mois j'aurais donné cette chanson à Epinard, mais maintenant c'est terminé, je ne veux plus de cette tristesse mal à l'aise. Alors D, c'est pour toi, le trou dans mon cœur quand j'écoute cette chanson, c'est pour la version de moi qui a vécu la fin de notre amitié, l'apocalypse de ton oubli et l'orage dévastateur du temps qui passe et des regrets. Je t'ai aimée très fort, D, si fort. Tu étais tout pour moi, et je les pense toujours, ces mots que j'ai écrits à ma prof de français : à cette époque, sans toi, je n'étais rien, à peine un élément du décor. Less than a rock.

Tu as pavé le chemin pour les pertes suivantes, et tu as appris à l'enfant que j'étais qu'on survit à tout ça, même si on n'en a pas beaucoup envie.

J'ai voulu te remercier pour le temps passé avec moi, mais ça n'aurait pas de sens. Alors merci plutôt de t'être construite avec moi, d'avoir créé ensemble un espace de sécurité et de complicité, de m'avoir montré et prouvé jusqu'où une amitié peut aller. On ne parlait pas beaucoup, on ne se connaissait pas vraiment, au final, mais qu'est-ce qu'on s'aimait. Merci pour tout ça, merci de m'avoir offert de bons souvenirs de mon enfance. Y en aurait-il eu, sans toi ? Trois ou quatre peut-être, sûrement pas aussi importants.
Merci pour cette amitié, D.

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6 août 2023
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J'ai le cœur qui se mange tout seul de l'intérieur et qui hurle sa douleur entre mes côtes. Plus rien n'a de saveur, il n'y a rien que le sel de mes larmes sur mes lèvres et le froid terrible de son absence. Qui ? Je ne sais pas. N'importe qui, je crois bien. Ce n'est pas une personne en particulier dont je pleure la perte, que j'implore de revenir. Je contemple simplement ce vide qui persiste en moi, qui ne veut pas s'estomper ; ses braises sont prêtes à s'attiser au moindre coup de vent. Il draine, ce vide, il grignote l'énergie et corrompt le sommeil.

v i d e .

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