14 avril 2023
__________Fuchsia m'a parlé un peu de Pichenette, et ça fait mal, mal, mal de savoir la vérité et d'enfin y voir un peu plus clair dans ce merdier. Les jolies illusions rassurantes, bienveillantes et encourageantes ont été pulvérisées et maintenant je ne vois que la vérité nue, dépouillée de ses artifices, je le vois comme il est et c'est si étrange de finalement voir quelqu'un, pleinement, avec du recul. C'est horrifiant, surtout. Comme le jour où j'ai regardé PA comme un inconnu, quand j'avais huit ou neuf ans : la terreur de voir quelqu'un comme il est, elle est inimitable.
Alors Pichenette n'a que des qualités pratiques. Il sait bricoler. Il sait faire de la musique. Il sait enseigner. Puis quand on en vient à l'humain, ça commence à merder. Il te voit, te remarque, t'apprécie un jour ; et la semaine suivante, tu n'as même pas un regard. Il rit avec toi, te pose des questions, apprend à te connaître, et quand ça veut aller dans l'autre sens, quand c'est à lui de s'ouvrir, ça déraille, ça change de sujet, ça cafouille, et jamais rien ne sort, jamais rien ne sort de ce trou noir.
À présent, tu essaies de mettre un peu de recul dans tout ça, d'installer une distance de sécurité émotionnelle, pourtant tu te retrouves incapable de faire ça parce que tu l'aimes tellement, tellement, tellement, il a une place tellement immense dans ta vie, ton cœur, tes pensées, que c'est impossible de l'en déloger. Et tu te vois fuir ses contacts visuels mais lui faire un câlin, esquiver les moments où il te parle pourtant spontanément chercher sa validation du regard à chaque instant. Et tu te regardes de l'extérieur en même temps, tu te dis mais putain, putain, qu'est-ce qui cloche chez moi, et surtout chez lui ? Est-ce que si je m'éloignes de lui la tendance s'inversera et c'est lui qui me cherchera, ou j'aurai simplement la confirmation qu'il s'en fout, puisque dans tous les cas tout le monde l'aime et c'est si simple pour lui de fabriquer des relations illusoires ?
Je me sens tellement idiot, et trahi. Même l'Étoile, qu'il a vue grandir, il n'en a rien à péter qu'elle se barre à la fin de l'année. Si quelqu'un disparaissait du jour au lendemain, il serait l'incarnation du meme « yes, very sad. Anyway- ». Ça me rend tellement triste et ça me met tellement en colère. De n'être personne. De lui avoir dit : j'ai besoin de me sentir important pour les personnes qui m'entourent ; et paf ! il te donne cette sensation, puis te la reprend, te la redonne, te la reprend, joue au ping pong avec ta tête et t'as plus le temps de réfléchir parce que t'es trop occupé à ressasser votre dernière interaction et anticiper la suivante.
Puis tu te rends compte, c'est normal, tu l'as flairé dès le départ qu'il était chelou, qu'un truc était pas net. Il était trop renfermé et ouvert à la fois, tout le monde paraissait l'apprécier, c'était bizarre, un peu trop pour ne pas soulever de soupçons. Quel con, mais quel con j'ai été de me demander pendant des mois comment le cerner. J'aurais dû me demander pourquoi je n'arrivais pas à le cerner ! C'est le pourquoi qui fait avancer, qui fait comprendre et réfléchir. Et maintenant que j'ai le pourquoi et que je comprends ce qui se passe, il faut que je me sorte de ce cercle vicieux. Bon courage et bonne chance, moi. Franchement, BONNE CHANCE. Pour l'expliquer à petit-Arlo aussi, ha. Ça va être marrant ça.
Pourquoi, pourquoi il a fallu que le seul homme qui s'intéresse un peu à moi soit ce genre de personne ? À quel point faut-il être naïf pour croire que cet intérêt était sincère et qu'il n'y avait rien dessous ?
Ok on arrête de se taper dessus.
J'ai envie de hurler. Je me suis pas détaché d'un père pour en retrouver un similaire et devoir refaire tout le boulot de détachement, quand même !
J'AI MIS LE DOIGT DESSUS !! Ce qui n'allait pas dans son câlin c'était qu'il était atrocement semblable à ceux de PA. C'est ça qui m'a fait froncer le nez, m'a empêché de me détendre et profiter. La matière de son pull était la même. C'est ça, le pire. C'est ça qui m'a rebuté, m'a donné la nausée ensuite.
Je m'en veux aussi d'avoir laissé Waterparks sur les hauts-parleurs alors qu'il était revenu dans la pièce, je m'en veux de lui avoir fait écouter quelque chose d'aussi intime qu'un de mes groupes préférés. Je m'en veux de l'avoir fait passer avant le besoin de gérer ma crise d'angoisse d'aujourd'hui, je m'en veux d'avoir autant souri quand il est arrivé et quand il m'a dit qu'il venait plus tôt (juste pour moi, tu te rends compte ? Et puis la semaine suivante il aura la flemme alors j'aurai l'impression que ma valeur à ses yeux a chuté à nouveau, et hop nous voilà dans un beau cercle vicieux, youpi !).
Merci, Fuchsia. Je ne peux pas m'empêcher d'espérer que tu te trompes, que je me trompe, que tout ça c'est juste une théorie foireuse de mon cerveau et que tout va redevenir pailleté et joyeux comme les quelques rares fois où j'ai eu l'illusion d'avoir trouvé l'équilibre et cerné Pichenette. Il est impossible à cerner, cet homme. C'est ça, la vérité. Il est impossible à cerner parce qu'il n'est lui-même que quand il compose ou quand il écoute Parcels (foutue musique intellectuelle de merde), et que les moments où il abandonne vraiment ses couches fabriquées et reste à nu sont aussi rares que les cheveux sur la tête du copain de ma mère (il est chauve, il se rase la tête à la lame de rasoir ; autant dire qu'il a pas un poil sur le caillou). Bref.
Je te hais à nouveau, Pichenette, et cette fois j'ai compris pourquoi. Le pattern, ce n'est pas d'aimer puis haïr un homme à cause d'une erreur qu'il fait, c'est d'idéaliser un homme, l'aimer à n'en plus pouvoir dormir, et ensuite le haïr petit à petit ou tout d'un coup, quand les défauts ressortent et que oh ! surprise ! cette personne est abjecte !
Je suis fatigué.