23 avril 2024
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Personne,
C'est triste, non ? Comme tout s'effrite. Comme les mots s'envolent et retombent aussitôt. Il n'y a plus d'amitié, il n'y a plus d'amour. Il n'y a que des ombres à la lisière de ma vie, qui ne me toucheront plus jamais au plus profond de moi.
Plié en trois sur cette couverture rêche, je pense à ma joie enfantine à l'idée de faire un concert seul avec Pichenette ; je pense à Cyprès et son indifférence mêlée d'incompréhension ; je pense à mon père et à ses messages trop enjoués ; je pense à Epinard qui s'en va ; je pense aux ami·es qui doucement glissent vers un inexorable passé. Pourquoi ai-je la sensation que ce week-end marquait la fin de quelque chose ? Est-ce que je le sentais inconsciemment, samedi soir, et c'est ce qui m'a poussé aux larmes, dehors sous les étoiles ? Oh, Personne, dis-moi que ce n'est que mon pessimisme qui parle trop fort. Dis-moi qu'en septembre on aura un regain d'amitié, et qu'on se retrouvera tous les mois ensemble. Je voudrais pouvoir y croire.
Derrière la porte il y a mon chat qui miaule pour entrer, inlassablement. Elle sait se faire entendre quand on la met à distance contre son gré. Pourtant j'en suis incapable, moi qui ai deux fois son âge. Elle est plus douée pour vivre que moi.
J'ai pleuré longtemps, Personne, et maintenant je suis fatigué. Je vais me reposer, c'est plus sage.
Je te souhaite d'être aimé, Personne.
À bientôt.
~ Arlo.
