Je viens de déménager. Dans un coin paumé de Normandie, en banlieue d'un hameau. Il n'y a absolument rien à 10 kilomètres à la ronde, il pleut tout le temps, la maison est encore en gros travaux (la cuisine sera posée en août, la salle de bain est en construction et je ne parle même pas des chambres).
Et je n'ai jamais été aussi heureux.
Rien que le fait de voir du vert quand je me lève, de pouvoir courir dans les champs, passer des heures à regarder des vaches brouter, observer les chevreuils le soir, attraper des grenouilles. Regarder mon chat découvrir la nature et sursauter au moindre coup de vent. Sentir le soleil me dorer la peau quand il décide de se montrer. Pouvoir contempler le paysage jusqu'à l'horizon, les carrés jaunes et verts des champs, les petits points des voitures qui se meuvent en zig-zaguant sur les routes. Sentir mes cuisses me brûler dans une montée en vélo, et pédaler à toute vitesse dans les descentes. Pouvoir danser, crier, sauter, chanter à m'en briser la voix. Et puis m'étendre dans l'herbe et dormir.
Pendant plusieurs mois les mauvaises nouvelles se sont multipliées, les unes après les autres, une descente aux enfers. J'ai touché le fond. Mais là, enfin, je commence à remonter, les idées noires sont chassées par ce bonheur immense qui vient du fond de mon cœur. Je suis heureux à nouveau, je me sens léger, invincible, je serais capable de faire n'importe quoi.
Ça fait tellement de bien !