344 | STEVE ROGERS

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suite du n°334
environ soixante-cinq ans plus tard

***

Le calme. Plus qu'une impression sonore, c'est avant tout un sentiment que tu as acquis au plus profond de toi. Seuls le chant de quelques oiseaux tropicaux et le vent qui secoue les feuilles des arbres viennent troubler le silence apaisant de la forêt amazonienne. Tu prends une grande inspiration et respires les effluves boisées avant d'ouvrir les paupières et de contempler le fleuve qui serpente à travers les arbres.

Des décennies se sont écoulées, pendant lesquelles tu as pris le temps de faire ton deuil et de réparer ton cœur. Avec le soutien de Druig, les jours plus pénibles ont été moins durs et tu as réussi à apaiser la part de toi qui était anéantie par ta peine. Peu à peu, la douleur s'est atténuée, elle s'est accompagnée d'une forme d'acceptation sans toutefois disparaître complètement.

Tu le sais à présent, les morceaux de ton cœur ne pourront pas se reformer entièrement sans lui mais c'est un constat que tu as accueilli avec une certaine lucidité. Inutile de prétendre le contraire, ton amour pour Steve ne faiblira jamais, c'est ce qui rend les choses si compliquées. Mais avec le temps, tu as fini par trouver la paix, une paix qui était nécessaire pour faire taire toutes les émotions noires que tu ressentais à ton arrivée ici.

En revanche, tu n'as jamais voulu retourner dans le monde extérieur. Ton besoin d'être protégée de tout ce qui peut être douloureux là-bas est resté intacte, tu ne veux plus prendre le risque de saigner à nouveau.

Aujourd'hui pourtant, tu t'es réveillée en sursaut et ça ne t'était plus arrivé depuis bien longtemps. Tu ne comptes plus les fois où tu as rêvé de Steve depuis sa disparition mais c'est la première fois depuis des années que ça t'a retourné à ce point. Tu as ressenti quelque chose de différent cette fois, quelque chose de vraiment confus que tu ne parviens pas à définir comme il se doit. Cette sensation t'a laissé une impression désagréable qui ne t'a pas permis de refermer l'œil, c'est pourquoi tu te trouves au bord du fleuve, dans l'espoir d'apaiser tes tourments.

Au bout de plusieurs heures, tu es parvenue à retrouver ton calme et à te concentrer sur autre chose que le vide que tu ressens malgré toi. Tu n'es pas surprise d'entendre des bruits de pas approcher de ta cachette secrète, pas besoin de tourner la tête pour savoir qui vient te rejoindre.

- Je savais que je te trouverai ici, dit Druig en s'asseyant à côté de toi. Quand j'ai vu que tu n'étais pas chez toi, je n'ai pas eu à chercher bien longtemps
- Pas étonnant, tu as découvert mon refuge il y a quarante-huit ans, ris-tu

Ton ami se met à rire, tu tournes enfin la tête vers lui pour le regarder. Dans ses mains, il tient un morceau de papier froissé ressemblant à un journal. Tu fronces les sourcils, ce genre d'objet n'étant pas habituel dans votre petite colonie vivant en autarcie.

- Tu me cherchais pour quelque chose en particulier ? l'interroges-tu

Druig ne répond pas tout de suite, il prend d'abord une profonde inspiration avant de relâcher un long soupir. Une expression sérieuse durcit son visage, il semble peser dans son esprit chacun des mots qu'il s'apprête à prononcer.

- Tout à l'heure, deux randonneurs ont approché un peu trop près du camp. Aucune raison de s'inquiéter, ils ne faisaient que partir à l'aventure avec l'envie de découvrir la forêt amazonienne. Avant que je ne leur fasse oublier d'être venus dans cette partie de la forêt, j'ai entendu qu'ils parlaient de ça

𝐖𝐄 𝐀𝐑𝐄 𝐀𝐕𝐄𝐍𝐆𝐄𝐑𝐒 ↝ gif series vol.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant