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Lorsque Madeline entra dans son appartement, elle s'attendît à voir Thomas et Cassie ou, au mieux, personne. À la place, seul le jeune homme était présent, assis dans le canapé, enroulé sur lui-même, sanglotant. La table basse était remplie de bouteilles vides, de mégots et de sachets. Elle inspira profondément tout en fermant la porte, rêvant égoïstement de faire demi-tour mais c'était son meilleur ami alors elle s'approcha après avoir déposé ses escarpins et son sac dans l'entrée. Il leva le nez en l'entendant et pleura un peu plus, tendant ses bras en sa direction. Elle s'y logea et embrassa son crâne.

« Qu'est-ce qui se passe ? » Elle le savait déjà, c'était toujours la même chose. Cassie avait dû rompre avec lui.

« Elle est partie. Elle a dit qu'elle avait un autre mec. »

« Oh. » Elle ne sut quoi dire, sa relation lui paraissant désuète après les événements des deux derniers jours.  « Elle reviendra, j'en suis sûre. » Elle embrassa son crâne tout en l'enlaçant un peu plus fort. « Et si elle ne revient pas, tu trouveras quelqu'un qui t'aime vraiment, pour qui tu es. » Il acquiesça et quitta son cou pour la regarder. Elle en profita pour sécher ses joues puis y déposer des baisers. « Allez Thomas, ça va aller. »

« Je peux rester là cette nuit ? » Elle hocha la tête. « Qu'est-ce que.. tu portes ? Où est ta robe ? » Elle le regarda quelques longs instants, avisant de lui dire la vérité, de lui expliquer que sa tenue était en lambeau, en sang dans la chambre de Julian, qu'elle n'avait jamais eu envie de lui, qu'elle le détestait. Seulement, rien ne sortit et elle ravala sa salive comme ses maux. « C'est à Julian ? » Son silence fut comme une affirmation. Elle refusait de lui dire que ce vêtement était d'un autre homme. Même si rien ne se passait avec Mathieu, l'interprétation de son ami en serait sûrement tout autre. « Vous faites un mignon petit couple vous deux. »

Elle quitta ses genoux, nauséeuse. « Je reviens. » Elle marcha à reculons. « Je vais prendre une douche. »

Il n'eut le temps de rétorquer qu'elle s'enfuyait vers la salle de bain. Elle verrouilla la porte, refusant que Thomas vienne discuter encore avec elle. Elle avait besoin de silence et de solitude. Elle ne voulait plus entendre de son, de ressentir une peau contre la sienne, de sentir une odeur masculine. Elle retira le sweater de Mathieu, le pliant précautionneusement avant de le reposer sur le lavabo. Elle toucha les galons distraitement avant de se regarder dans le miroir. Elle s'était débattue ce soir et ses hanches bleutées en étaient la preuve. Elle abandonna le vêtement pour passer ses doigts sur sa peau, grimaçant lorsque la douleur se réveilla. Pourtant, elle appuya un peu plus fort, les sourcils froncés et la mâchoire serrée pour ne pas échapper un râle de peine, cherchant à se punir et à être maître de sa propre douleur.

Toutefois, lorsqu'elle ferma les paupières trop longuement, elle s'arrêta, revoyant Julian au dessus d'elle. Elle s'éloigna du miroir comme s'il y était et étouffa un sanglot dans la paume de sa main.

« Madeline ? » Thomas essaya d'entrer mais fut seulement accueilli par une porte verrouillée . « T'as fermé ? Ça va ? »

« Oui, désolée. Je me suis cognée. »

« Ouvre ? »

Elle alluma le jet d'eau. « J'en ai pour deux secondes, Thomas, j'arrive. »

Il tenta de répliquer mais elle se faufila sous la douche pour l'ignorer. Cherchant un moyen d'annihiler toutes les sensations provoquée par Julian, elle régla le mitigeur au plus chaud. Sa peau devint rapidement écarlate mais elle continua, se tournant pour avoir le jet contre sa poitrine et son ventre, s'arrêtant seulement lorsque l'eau devint froide. S'essuyer avec la serviette fut un calvaire alors qu'elle se rendait compte de ce qu'elle venait de faire. Néanmoins, elle ne pleura pas, ne se lamenta pas. Elle s'habilla seulement dans une tenue de nuit et fila dans sa chambre. Thomas y était déjà, emmitouflé dans les draps. Elle aurait aimé avoir le courage de lui demander de partir pour s'endormir seule mais à la place, elle s'allongea à ses côtés, sans un mot.

« T'es toute rouge. » Du bout des doigts, il toucha son visage. « T'es bizarre ce soir. »

« J'suis juste fatiguée. » Elle ferma les paupières. « J'ai pas envie de sortir les prochains jours. »

« Comme tu veux. C'est toi qui décide. » Il recoiffa ses cheveux encore mouillés et elle en apprécia le geste si tendre après cet enfer. « Tu passeras toujours avant. » Elle savait que ce n'était pas complètement vrai mais en l'instant, c'était tout ce dont elle avait besoin. « Tu veux un câlin ? » Elle hocha la tête et il ne se fit pas prier. « Au fait, est-ce que tu m'en veux de t'avoir laissé à la soirée ? » Elle préféra ne pas répondre. « Un gars est venu me voir pour me demander si je partais. Il m'a dit que c'était pas cool de te laisser mais pour moi... pour moi, ça allait. T'étais pas toute seule. Est-ce que tu veux que je te prévienne, la prochaine fois ? »

« Oui. »

« Alors, je le ferai. C'est promis. » Il embrassa sa tempe tendrement. « T'es tout pour moi, tu sais. T'es ma meilleure amie. » Il voulut éteindre la lumière mais elle l'en empêcha, trop anxieuse que la pénombre rapporte ses démons. Il n'en demanda pas la raison et accepta, reposant sa main contre Madeline. « Est-ce que t'as besoin de quelque chose pour t'endormir ? »

« Non, ça va aller. Je suis tellement épuisée que ça devrait aller. »

Il se retourna pour attraper la pochette sur la table de chevet. Il sortit un somnifère et l'avala avant de se rallonger contre elle. Il fut le premier à s'endormir, évidemment. Madeline, elle, était incapable de fermer les paupières ou de respirer convenablement et même si elle voulait quitter le lit, elle avait l'impression que ses muscles étaient tétanisés tandis que ses pensées tournoyaient encore et encore, lui donnant la nausée jusqu'au petit matin.

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