33

567 24 20
                                    

Lorsque Mathieu rentra dans l'appartement de Madeline, il fut surpris de ne pas la voir sur le canapé, là où elle était quelques minutes plus tôt. Il posa le sachet de la pharmacie, pris un comprimé avant de la retrouver, sous le jet d'eau gelé de la douche, complètement habillée. Elle releva le menton en sa direction, les dents claquants et les lèvres bleutées. Elle retenait ses tremblements en se recroquevillant sur elle-même, espérant qu'il ne voit pas les signes de manque, pourtant si évident.
Seulement, le blond était aveuglement inquiet et se précipita seulement dans la pièce pour remplir un gobelet, couper l'eau et lui donner son médicament. Elle le prit d'une traite, priant pour qu'il agisse rapidement. Lui, chercha dans les placards une serviette pour l'envelopper à l'intérieur. Elle eut envie de pleurer face à sa gentillesse mais resta silencieuse, les yeux clos, se renfermant dans ses pensées alors qu'elle se rendait compte de ses actions. Pourtant, elle ne s'en sentit aucunement coupable tant elle avait besoin de libérer son esprit.


« Il faut que tu changes de vêtements. » Elle secoua la tête, refusant tout en reposant celle-ci contre lui, le faisant céder pas ce simple geste.  Il tenta de la frictionner au mieux comme si la simple serviette pouvait sécher ses habits. « Madeline... »

« J'veux m'allonger. »!Il eut envie de refuser mais elle était complètement amorphe contre lui et il refusait de la changer lui-même. « Emmène-moi dans mon lit, s'il te plaît. »


Il accepta, prêt à tout pour la soulager. Il la porta contre lui, attrapa plusieurs serviettes qu'il étala dans le lit. Il l'allongea doucement, se déliant d'elle presque douloureusement. Elle se recroquevilla tout en se tenant le ventre, continuant son théâtre pour ne pas prendre le risque de le perdre. Il la recouvrit au mieux, espérant qu'elle n'attrape pas froid, réajustant encore et encore le tissu à sa tête alors que ses cheveux continuaient de le tremper.


Il murmura, la voix enraillé d'inquiétude. « Est-ce que ça va comme ça ? Est-ce que t'as froid ? » Elle secoua la tête. « Le cachet fait effet ? T'as moins mal ? » Elle acquiesça pour lui faire plaisir mais le manque contracturait tous ses muscles et lui donnait envie d'ouvrir sa peau pour libérer le poison de ses veines. « Est-ce que.. » Il regarda les alentours, se sentant inutile. « Madeline... »Il inspira profondément, les paupières closes avant de la regarder de nouveau. « Je sais que tu veux sûrement être seule mais j'veux pas partir, j'veux pas te laisser. » Elle ne répondit pas, l'observant seulement tandis qu'il ne savait plus comment respirer face à son aveu. « J'vais m'asseoir dans le salon, ok ? Si t'as besoin, tu m'appelles. » Il se retourna pour passer la porte mais, il n'eut l'occasion de fuir qu'elle l'interpellait.

« Reste. »

« T'es sûre ? J'veux pas... » La forcer, lui faire peur, être insistant. Néanmoins, elle hocha la tête et il ne chercha pas d'autres arguments. Il sortit de la pièce mais non pas pour fuir comme à son habitude mais seulement pour prendre un fauteuil. Il l'installa non loin d'elle, ses pieds rejoignant presque les siens lorsqu'il tendit ses jambes sur le matelas. « Repose toi. Je serai là à ton réveil. »

« A la même place ? »

« Je bouge pas d'un pouce. »


Elle eut du mal à fermer les paupières comme si elle craignait qu'il disparaisse soudainement. Pourtant, lorsqu'elle se réveilla quelques heures plus tard, apaisée par la morphine, il était toujours présent, dans la même position, seulement les yeux clos. Il s'était endormi à son tour, épuisé par les derniers événements. Elle l'observa silencieusement, ses cernes prouvaient son manque de sommeil mais il n'en semblait pas moins lui-même. Il était calme, sans mauvais rêve et elle en fut presque jalouse. Dans son endormissement, il réajusta ses jambes jusqu'à ce que ses pieds touchent ceux de Madeline, inconsciemment. Elle hésita un instant à les bouger mais ne le fit pas, se rendant compte que son contact n'avait rien de menaçant, rien d'inquiétant et que si son cœur battait plus rapidement, ce n'était pas par la peur.

Lui, se réveilla par cet effleurement et se frotta le visage avant de la regarder.


« Hey. » Sa voix était enrouée de sommeil et pour sûr, il n'aurait pas été contre quelques heures de plus. « Ca va »

« Mieux. » Il se redressa, les coudes sur les genoux et la tête dans les mains, espérant émerger rapidement. « T'as l'air crevé, toi. »

« Un peu. »

« Tu peux rentrer, je vais mieux, j'ai mes médicaments. » Il n'était pas convaincu. Son épisode d'hyperactivité avait été tout aussi effrayant que le reste. « Tout va bien, Mathieu. »


Il hocha la tête, essayant d'y croire lui-même. De toute manière, il fallait qu'il parte. Il avait laissé de côté sa famille ces dernières semaines. Sa mère, malade, était toujours seule et malgré les quelques messages envoyés, il n'avait eu aucune nouvelle. Elle avait refusé les appels téléphoniques, prétextant être occupée à chaque fois. Du côté de sa grand-mère, il n'y était pas rentré depuis bien trop longtemps et il était temps.


« Dans la lune. » Il secoua la tête tout en souriant. Il se leva et s'approcha de Madeline pour la surplomber. « Envoie moi un message quand t'es arrivé, peu importe où tu vas. »

« Si t'as besoin, toi, tu m'appelles. Promis ? » Elle hocha la tête, les lèvres pincées, peinant à lui mentir. « Et mange, s'il te plait. » Sa main au-dessus des draps fut prise par Mathieu qu'il secoua pour la faire réagir ou sourire, bêtement. « Réponds moi Madeline, ne sois pas têtue. Il faut que tu prennes soin de toi. » Elle haussa les épaules tout en avançant ses doigts dans la paume du blond, presque interloquée par ce contact léger. « Je tiens à toi, tu sais ? » Elle garda son regard sur leur lien. « Ne fais pas de conneries. »

« Je vais faire attention. »


C'était un mensonge et il ne sut le voir, bien trop obnubilé par la fragilité de la jeune femme, bien trop inquiet par toute la situation pour penser qu'elle pouvait le trahir. Toutefois, le besoin d'oublier pour elle était bien plus fort que toute relation, toute bienveillance. Il embrassa le dos de sa main avant de la relâcher et de la laisser seule, dans sa tour d'ivoire où les ombres tournoyaient encore et encore tout autour.

Check on meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant