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Le retour fut sans encombre et la réalité parisienne prit le dessus. Mathieu enchaînait ses rendez-vous puis rejoignez Madeline dans son appartement. Celle-ci passait son temps enfermée, effrayée de tomber malencontreusement sur quelqu'un du squat. Elle les connaissait tous et elle savait qu'ils n'hésiteraient pas à informer Julian. De ce qu'elle avait vu sur les réseaux sociaux, il était toujours apprécié et les soirées dans la maison étudiante ou le bar s'enchaînaient. Il faisait partie de toutes les photos comme s'il y était indispensable. Cette obsession était malsaine et consciente mais pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de regarder chaque publication ou chaque localisation. Le blond n'en avait aucune idée et il était certain que c'était préférable.
Lui, se leva vers dix heures du matin après avoir passé la nuit au studio. Il s'était forcé à rentrer chez lui malgré l'envie de dormir chez Madeline. Toutefois, il se devait d'être là pour déposer l'argent à sa famille pour les factures. Douché et habillé, il rejoignit sa grand-mère dans la cuisine et sortit son portefeuille sans un mot, mettant plusieurs billets dans le pot familial encore vide. Il rajouta alors quelques centaines d'euros avant de se servir un café.

« Ça a été tes vacances ? » Il hocha la tête, mal à l'aise de parler de ses premières vacances dans le sud, sans eux, dans une maison coûtant un bon loyer. Pourtant, il payait toutes leurs factures et avait proposé de louer un plus bel appartement. Son père avait refusé par fierté et Mathieu n'avait pas insisté, comprenant sa frustration et son besoin de ne pas dépendre de son propre fils. « Enzo m'a dit que ta musique marchait de mieux en mieux. C'est vraiment bien. »

« Merci mamie. » Leur pudeur rendit ce simple moment gênant. « Je vais voir ma mère ce matin. » Il lui annonçait qu'il ne restait pas plus longtemps, encore moins pour le repas mais elle n'en eut aucune réaction, habituée par son absence depuis toujours. Même lorsqu'il était plus jeune, Mathieu avait l'habitude d'être toujours dans les rues et même si la localisation était différente, le sentiment était le même pour sa grand-mère.

« Comment est-ce qu'elle va ? »

« Je sais pas. » Elle fronça les sourcils, confuse et l'invitant à continuer. « Elle me donne aucune nouvelle et rejette mes appels. »

« Elle a toujours été comme ça. » Elle secoua la tête tout en se frottant la joue nerveusement, se rappelant de l'adolescence de Mathieu, à la rue tandis que sa mère l'avait mis à la porte, ne supportant plus son comportement ni même ses échecs scolaires. « Tu ne devrais pas y aller, tu sais. » Elle l'avait accueilli sans hésitation et il avait tout fait pour la rendre fier, de ses études professionnelles à l'argent qu'il rapportait depuis toujours. « Tu...mérites mieux. »

« Ça reste ma mère et elle a besoin de moi. »

Mathieu passait son temps à prendre soin des autres, de sa grand-mère pour lui offrir un lieu de vie convenable, de son frère pour combler les manques que lui avaient connu par l'absence d'attention et d'amour puis de sa mère, la poussant à se soigner, à vivre malgré la maladie. Seulement, une chose était certaine, peu de personne lui avait donné le change. Même ses amis n'avaient su compenser cette carence. Certain, même, avait creusé un fossé de méfiance, le laissant un peu plus dans sa solitude. Il embrassa la joue de sa grand-mère avant de prendre ses affaires et de se diriger vers la sortie. Il rejoignit sa voiture et se dirigea vers l'appartement de sa mère. Il ne prit pas la peine de la prévenir, certain qu'elle ne répondrait pas, ou pire, qu'elle refuserait sa visite. Lorsqu'il se gara devant le bâtiment, il sentit une boule d'anxiété se créer au creux de son estomac, comme s'il n'avait pas sa place ici. Il ne se laissa pas envahir par ses propres démons et prit les marches jusqu'à se tenir devant la porte. Il toqua, n'ayant pas les clés, et elle ouvrit, ne cachant pas sa surprise.

« Qu'est-ce que tu fais là ? » Il baissa le menton, toujours autant touché par ses réactions, même après des années à s'être battu pour faire mieux, être un fils dont elle pouvait être fière.

« Tu me donnes aucune nouvelle. » Elle ne portait aucun foulard et c'était légèrement maquillée. Pour sûr, elle avait meilleure mine que la dernière fois et il en fut presque blessé. Ça allait mieux et elle n'avait pas pensé bon de le prévenir, ni de le rassurer. « Ça a l'air d'aller. » Elle hocha la tête, restant à la porte, le laissant sur le pallier comme un inconnu. « Tu veux que je parte, c'est ça ? » Elle le laissa passer et il ne fut pas surpris de voir le désordre. Voilà ce qu'elle cachait. Pourtant, il ne fit preuve d'aucun jugement et s'installa dans la cuisine. Elle vivait seule tout en étant malade et refusait l'aide de son fils, il comprenait qu'elle pouvait être dépassée. Seulement, il aurait aimé qu'elle lui laisse la possibilité de l'aider malgré leur passif. « Tu sais que ça marche plutôt bien pour moi et que je pourrai t'aider. » C'était une nouvelle pression qu'il s'ajoutait, pourtant, il n'hésita pas. Il se leva pour attraper un foulard abandonné dans la cuisine. « J'ai fait tout ça pour nous, pour la famille. » Il le plia avant de lui mettre, prenant le temps d'être attentionné.

« Tu me promets que tu gagnes cet argent légalement ? »

« Oui, promis. »

« Alors je veux bien ton aide. J'en ai besoin. » Il se réinstalla face à elle, ne pouvant s'empêcher de se demander ce qu'il se serait passé s'il n'avait pas eu cet argent. Peut-être aurait-il déjà été à la porte.

« Je demanderai que quelqu'un passe pour le ménage et pour les courses. »

« Merci. »

Mal à l'aise, et le sentiment de ne pas être sa place grandissant à vue d'œil, il préféra partir pour aller dans un des seuls endroits où il se sentait serein.
Il prit le volant,une roulée entre les lèvres pour se détendre au plus vite et oublier la tension dans tout son corps. Il arriva plus vite qu'il ne pensait mais en fut soulagé, se moquant du danger pris. Il toqua contre la porte et fut accueilli chaleureusement, contrairement à ce matin par chaque membre de sa famille. Madeline s'enfonça dans ses bras, montant sur la pointe des pieds pour embrasser sa mâchoire. Il y répondit favorablement, la serrant contre lui tout en se camouflant dans son cou.

« J'ai fait une livraison de courses et j'ai... cuisiné pour toi. Enfin j'ai essayé. » Il s'éloigna pour la regarder et la remercier mais il n'eut le temps qu'elle attrapait sa mâchoire pour descendre son visage. « Tu viens de fumer ? »

« La matinée était merdique. »

« Pourquoi ? » Il secoua la tête, refusant d'en parler maintenant. Elle déposa un baiser sur ses lèvres. « J'préfère que tu m'en parles plutôt que tu fumes. » Il le savait mais il ne voulait pas rajouter de problèmes. Il l'enlaça par l'arrière tout en la suivant vers la plaque de cuisson où un plat cuisait doucement.

« Ça sent super bon. » Il déposa un baiser contre sa tempe, restant collé à elle. « C'est adorable. On m'a jamais fait ça. »

« J'voulais te faire plaisir et... en cuisinant... je sais ce qu'il y a dedans. Ça me rassure. »

« T'es la meilleure. » Elle se retourna, un léger sourire sur les lèvres. « Vraiment la meilleure. »

Quelques informations importantes : Polak est seulement « utilisé » pour une image. C'est pourquoi ça ne correspond pas toujours à sa propre histoire de vie. Je ne connais pas l'histoire personnelle de Plk et toute ressemblance avec la sienne est seulement pour favoriser l'immersion ou une coïncidence.
En réalité, c'est l'histoire du vrai mec de cette histoire. Celui qui mériterait toute l'attention. Le vrai garçon de cette histoire a été mis à la rue par sa mère alors qu'il avait treize ans, à cause de ses échecs scolaires et de ses bêtises à l'extérieur. Son père est inconnu. Ce n'est pas sa grand-mère qui l'a accueilli mais une femme du quartier qui l'a vu dormir dans les cages d'escalier pendant des semaines. Elle le considère comme son propre fils, celui qu'elle n'a jamais pu avoir. Malgré l'abandon, il a tout donné pour sa génitrice, tout l'argent qu'il pouvait avoir légalement comme illégalement rien que pour avoir son attention. Ce n'est pas un rappeur et ses moyens étaient à l'époque beaucoup moindre. Pourtant, il n'a jamais hésité à faire passer ces deux femmes avant lui-même.
Je ne sais pas si vous avez des questions mais n'hésitez pas.

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