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Madeline regarda Mathieu de bas en haut, hébétée, la nausée au creux du ventre. Il frottait ses poings inlassablement, espérant faire passer la douleur et effacer le sang de Julian. Néanmoins, la brune ne s'arrêta pas à ses mains mais bien à son visage. Son arcade était ouverte et malgré la quantité de sang, elle pouvait voir la chaire déchirée. Ainsi, la moitié de son visage était ensanglanté. Il essuya d'une manche sa bouche, marquant son pull beige. Avec l'impact, il s'était mordu la joue et sa bouche était tout autant en sang, rendant le spectacle plus effrayant. Lisko, lui, était souriant, intact.
Antoine se leva subitement pour s'approcher des garçons tandis qu'elle restait immobile, le souffle court, le cerveau dans un brouillard de protection.


« Putain mais qu'est-ce que vous avez foutu ? » Il attrapa la mâchoire du blond avec force pour regarder. Il grimaça. « Qui t'a fait ça ? »

« Ce con de Lisko. » Mathieu ricana comme si de rien était, inconscient de ce qu'il venait de provoquer en Madeline.

« Pourquoi ? »

« Pour l'empêcher de faire un meurtre. »


Lisko haussa les épaules comme s'il racontait une anecdote. Comme ils l'avaient prévu, ils s'étaient battus. Ils avaient retrouvé Julian et quelques uns de ses amis pour les frapper jusqu'à ce qu'ils perdent connaissance. Ils les avaient même filmés tout en se défoulant, souhaitant garder des preuves pour les humilier s'ils tentaient de se venger. L'adrénaline de Mathieu avait été si débordante que son ami avait dû le ramener à la réalité et seul un coup en plein visage avait été efficace pour l'empêcher d'en finir. Antoine ne put cacher sa colère face à son comportement, il lui ordonna de rejoindre la salle de bain pour se nettoyer et changer de vêtements. Mathieu ne chercha pas à comprendre ou a prendre de décision par lui-même. Il se dirigea automatiquement vers le point d'eau. Madeline resta dans le petit studio, à la même place, le regard toujours dans le vide, là où quelques minutes plus tard, il était apparu. Ce fut Antoine qui la sortit de sa torpeur, une main sur son épaule qui ne réussit à la faire sursauter.


« Madeline, ça va ? » Elle releva les yeux vers lui. « Est-ce que tu veux un truc à boire ? » Elle secoua la tête, refusant. Elle était certaine d'en vomir si elle avalait quoi que ce soit. « Tu devrais aller le voir. »

« Non. »

« T'es...sûre ? »

« Apparemment, il a pas besoin de moi, de toute manière. » Elle reprit son souffle, se retenant de pleurer. Elle était bien trop en colère pour lui accorder ce genre d'émotion.

« Tu sais...t'as le droit de lui dire, tout ça, ce que tu ressens. Ce que t'as vécu n'est pas une excuse pour aller se per-ta. »


Revigorée par ses propos, elle se leva pour rejoindre Mathieu.
Torse nu dans la salle de bain, il passait son visage sous l'eau. Le froid descendant son adrénaline. Le coup de sang disparaissait et les répercussions de celui ci arrivaient. En croisant son regard, il se rendit compte de la gravité. Madeline était prostrée, fermée mais surtout, pour la première fois, déçue. Il eut envie de la supplier, de se mettre à genoux pour avoir son pardon. Seulement, il ne voulait aucunement l'avoir par les sentiments, conscient que tout était de sa faute et qu'il allait devoir assumer, sans trouver d'excuses ou de l'avoir par les sentiments.

Il s'appuya contre l'évier, essuyant son visage d'un papier main. La brune grimaça en voyant sa plaie, sa colère s'enfuyant pour laisser place a l'inquiétude. Elle voulait se loger dans ses bras, soigner son arcade et rentrer dans l'appartement pour se retrouver tout deux. Seulement, il l'avait trahie, malgré de nombreuses discussions sur le sujet. Elle croisa ses bras autour d'elle, se protégeant de ses propres sentiments.

« Comment t'as pu faire ça ? » Mathieu baissa le menton, jugeant ses mains pour ne pas croiser son regard. « On en a parlé un million de fois. » Il enfonça ses ongles dans ses plaies, cherchant une douleur physique pour chasser celle de son cœur. Il regrettait seulement d'avoir blessé Madeline mais la jouissance qu'il avait ressenti en frappant Julian était de celle addictive. « Tes amis sont là ce soir, je suis là, pour toi, et toi, tu es parti pour agir selon tes propres envies, sans prendre en compte les autres, sans me prendre en compte. » Alors qu'il avait toujours adoré la manière dont elle s'exprimait, ce soir, il aurait aimé ne pas entendre tout ça. Il n'avait aucun argument.« Depuis quand est-ce que vous avez prévu ça ? »

« On avait pas prévu. »

« Donc vous avez décidé ça en cinq minutes ? Je te crois pas. »

« Non mais...on en avait parlé mais on avait pas prévu de le faire ce soir. Quand je suis rentré dans le studio... » Elle leva sa main pour le faire taire, refusant son excuse.

« Arrête. Je suis déjà ce que tu vas dire... »

« ...Maddie... »

« J'veux pas. S'il porte plainte, qu'est-ce que tu feras ? À cause de toi, je n'aurai sûrement jamais justice. »

Il ria jaune. « Je t'ai donné bien plus justice que ta putain d'avocate, que ces putains de flics ! » Cette fois, il affronta son regard. « Le père de Julian est un flic, Madeline. » Il sortit son portable pour lui montrer les preuves mais elle ne regarda pas. « Tu crois vraiment qu'un gosse de flic finit en taule ? T'as aucune chance. »

« C'était pas à toi d'en décider. » Ils se jaugèrent quelques secondes, ne sachant plus quoi ce dire.

« Tu me détestes maintenant. »

« Bien sûr que non. » Elle fronça les sourcils. Mathieu n'avait connu que des abandons et en cet instant, elle en eut la preuve. Malgré la déception, elle ne l'abandonnerait pas si facilement. « Mais je t'en veux. Je t'en veux tellement. »

« J'suis désolé. » Il serra la mâchoire, les larmes coulant dorénavant. « Je sais pas pourquoi j'ai fait ça. Ça me paraissait être la solution. »

« Je t'avais dit que ça ne l'était pas. » Elle n'approcha pas malgré l'envie sécher ses pleurs et de le réconforter. « Qu'est-ce que tu croyais ? Je n'allais pas t'accueillir les bras ouverts. Et t'aurais jamais pu me le cacher. Putain, Mathieu, on avançait...on...tout semblait s'arranger... »

« ...mais ça ne change rien à ça. » Ses yeux la suppliaient de dire oui. « Madeline, ça ne change rien à ça. »

Elle haussa les épaules, incertaine. « J'en sais rien. J'ai juste envie de rentrer, là, tout de suite. »

« Je te ramène. » Elle essaya d'argumenter mais il refusa. « Laisse-moi au moins faire ça, s'il te plaît. »

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