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Malgré sa promesse, Mathieu ne put repousser éternellement les policiers. Ils terminèrent pas forcer le passage et arriver directement dans la chambre, sans préavis. Le blond se leva de son fauteuil brusquement pour les intercepter mais ils le regardèrent comme s'il n'était personne, comme s'il n'avait aucune influence sur eux. Néanmoins, il ne se laissa pas intimider et resta sur ses positions, mâchoire serrée et des poings prêts à le mettre en prison. De son côté, Madeline s'était redressée brusquement. Elle avait dormi une bonne partie de la matinée après ses séances avec le kinésithérapeute. Elle avait fait quelques pas dans le couloir et, malgré la douleur dans son abdomen et ses parties intimes, elle avait tout donné, en particulier pour rendre fier le jeune homme à ses côtés qui la soutenait, toujours souriant et source de motivation, surtout lorsqu'il négociait un câlin à l'arrivée du parcours.

« Je vous ai dit qu'elle avait besoin de plus de temps. »

« On a besoin de sa version. » Un des hommes en uniforme s'avança. Mathieu le connaissait pour avoir déjà eu à faire avec lui et leur relation n'avait rien d'amicale ou même de cordiale.

« Tu nous disais qu'elle était incapable de parler et de ce que je vois, elle a l'air en forme. » Ils la regardèrent si de manière si dédaigneuse qu'elle voulut disparaître. Ils n'étaient pas ceux qu'elle avait vu le jour de son agression et ceux là ne lui donnaient aucune confiance. Mathieu put le voir à son attitude, elle s'était recroquevillée à la tête de son lit, les bras entrelacés autour de son ventre. « Et on a quelques incohérences qu'on aimerait éclairer. »

« Incohérences ? » Cette fois, le ton de Mathieu fut cinglant. « Il n'y a aucune putain d'incohérences, ça me parait plutôt claire comme situation. Les preuves sont là. Il y a même pas de débats à avoir. »

« C'est le juge qui décidera. En attendant, tu dois nous laisser discuter avec elle. »

« Elle a le droit d'avoir quelqu'un avec elle. Est-ce que je dois rappeler que c'est elle, la victime ? »

Une infirmière fut interpellée par la colère du blond et se précipita vers la chambre. Ici, elle ne le connaissait pas ainsi mais plutôt calme, bienveillant et très présent au point que le médecin avait dû intervenir pour qu'il rentre seulement une heure pour souffler. Il l'avait fait, seulement une vingtaine de minutes pour fumer une cigarette sur le parking avec Lisko. Il lui avait expliqué les derniers événements et avait, enfin, eu des vêtements propres. Il était ensuite rentré rapidement auprès de Madeline et avait pris sa douche.
Les professionnels avaient convenu qu'il pouvait rester, sa présence étant favorable à la guérison de Madeline. Toutefois, ils restaient en pleine observation, prêts à agir si la tendance s'inversait.

« Mathieu ? » Il se retourna en direction de la jeune femme qui se sentait bien trop le centre de toutes les attentions sans pour autant être considérée dans leur conversation comme présente. Elle avait toujours détestée ça mais en l'instant, c'était sans aucun doute un des pires. « Ça va aller, je t'assure. Profites-en pour gérer quelques trucs...du vrai monde. » Il aurait aimé pouvoir lui dire que son monde tournait autour d'elle, que le reste ne comptait plus dorénavant. Néanmoins, ils avaient du public et n'avaient besoin d'étaler plus leur relation. « Ici rien ne m'arrivera pas. Pas vrai Anne ? » L'infirmière hocha la tête, les lèvres pincées, gênée. Elle était certaine que rien n'arriverait à la brune. Néanmoins, elle avait vu d'autres situations du genre et l'attitude des enquêteurs n'annonçait rien de bon. « Tout ira bien. »

« La dernière fois que tu as dit ça... » Il ne termina pas sa phrase et se rapprocha d'elle. « Je...tu fais attention, ok ? Je vais voir pour un avocat. Dis simplement la vérité et tout ira bien. » Elle tendit sa joue pour avoir un baiser. Il en déposa un tendrement, y laissant une prière au passage. Il s'éloigna pour partager sa dernière information, presque une menace. « Je suis là dans vingt minutes, pas plus. »

Il regarda une dernière fois la brune avant de partir, ayant l'impression de faire un énième faux pas. Il chercha dans sa sacoche une cigarette qu'il alluma dès son passage aux portes. Il prit le volant en direction de son repère, celui enfin libre. Il n'avait aucunement hésité sur sa destination, n'ayant de toute manière aucune maison mais de simples lieux d'hébergement comme chez sa grand-mère. Avant l'agression de Madeline, il s'était mis à trainer dans l'appartement de celle-ci, s'y sentant chez lui, comme au studio, en bonus sans la nécessité d'enregistrer. Il resta un instant immobile dans sa voiture, face au bâtiment, revoyant les sirènes des véhicules, réentendant son propre cœur souffrir dans sa poitrine. Envahi par les souvenirs, il rentra, espérant les abandonner derrière lui. Seulement, en voyant les tâches de sang grandirent au fur et à mesure qu'il avançait, il perdit toute maîtrise. Finalement, il tomba sur la plus important, celle où elle s'était effondrée une dernière fois. Ce n'était plus qu'une flaque séchée, pourtant, elle était encore pleine de larmes et de désespoirs et il avait l'impression d'y voir toute l'âme de Madeline. Il s'effondra au sol, sur ses genoux, trop épuisé pour retenir ses propres émotions. Ses larmes coulèrent sans préavis, éclatant parfois dans un horrible sanglot lorsqu'un ouragan de peine l'envahissait.
Depuis petit, on lui avait toujours demandé de serrer la mâchoire et de ne pas pleurer. Il avait appris à gérer toutes émotions par la colère et l'agressivité. Son père lui avait montrer comment fermer les poings. Il se redressa directement, prit une milliseconde avant de terminer par virer tout son matériel de son bureau. Certains objets coûteux se cassèrent au sol mais il n'en prit pas compte, continuant de se défouler, priant pour annihiler toute tristesse. Heureusement pour lui, alors que la sombre solitude attaquait sa chaire, Antoine arriva. Inquiet de son absence, il avait contacté la police pour comprendre cette scellée. Il n'avait eu le droit à avoir aucune information mais était passé matin, après-midi et soir pour le voir. Il ne perdit pas une seconde pour le prendre dans ses bras et l'empêcher de tout faire voler. À ce contact, il essaya une première fois de se libérer, refusant de s'adoucir mais Antoine ne le lâcha pas.

« Ça va, ça va, calme-toi. Tout va bien. » Il secoua la tête n'y croyant pas une seconde. « T'es pas tout seul, même si tu t'entête à le penser. Parle-moi. Je suis là. »

« J'peux pas...j'peux pas... »

Son ami n'insista mais resta à ses côtés, silencieux, espérant lui prouver sa présence et son soutien mais Mathieu se sentait plus seul et dépourvu que jamais. Ses larmes étaient maintenant silencieuses mais il était incapable plein de rage et d'un besoin certain de vengeance.


Chapitre pour lui et pour les soutiens en première ligne des victimes. Vous êtes indispensables et méritez le monde.

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