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Madeline se débattit de toutes ses forces. Elle tenta de le griffer, de le mordre et de le frapper mais Julian connaissait ses points faibles. Il ne tarda pas à lui donner un coup suffisamment fort dans son ventre pour la faire se plier en deux, son souffle coupé. Il posa sa main sur sa bouche tout en continuant de marcher. Ici, après des jours d'errance, il avait trouvé des recoins, des planques abandonnés, des passages discrets vers l'appartement de son ami. Seulement, cette fois, il ne souhaitait pas la partager et l'emmena dans une ruelle sans issue où un retour de garage abandonné permettait d'avoir un moment privé parfait.  Il la plaqua dans le coin violemment, les poumons de Madeline se vidant brutalement, la laissant s'effondrer. Néanmoins, elle ne se laissa pas aller et tenta de prendre une énième fois la fuite, accroupie, espérant lui filer entre les jambes mais la différence de force était bien présente et il n'eut qu'à lui donner un coup de genou dans le visage pour l'étourdir.

À cet instant même, Mathieu lui vint en tête.
Son sourire charmeur.
Ses yeux réconfortants.
Ses mains doucereuses.
Ses mots d'amour.
Elle en voulait encore. Elle ne voulait pas mourir. Elle voulait encore s'endormir dans ses bras, rire de ses blagues jusqu'à en avoir mal au ventre et l'aimer.
Surtout, l'aimer.
Peur pour sa vie, la fuite, la défense ou l'attaque n'étant que des échecs, elle s'en alla dans sa propre tête.
Elle ne ressentit plus les doigts de Julian dans sa bouche ni son autre main empoignant son sein.
Elle ne ressentit plus son propre visage se frottant à répétition contre le crépit du mur.
Elle ne ressentit plus le froid attaquant ses jambes nues, ni même son sexe à l'intérieur d'elle.
Elle n'était plus là.

Julian ne tarda pas à jouir de cette violence. Il se rhabilla tout en regardant les alentours, Madeline s'effondrant pour la dernière fois au sol. Il était à quelques mètres de sa voiture et hésita à prendre le risque de la ramener au squat, rien que pour faire perdurer cet instant. Seulement, il était encore le milieu d'après-midi et l'état de la brune le ferait remarquer. Ainsi, à contre coeur, il l'abandonna dans ce coin de mur, seule, souillée et encore déshabillée. Elle attendit qu'il s'en aille pour utiliser le reste de ses forces. Elle remonta son pantalon avant de courir jusqu'au studio et s'y enfermer. Elle se laissa tomber au sol, l'adrénaline retombant tandis que la douleur augmentait. Elle passa ses doigts sur son visage, se rendant compte de la quantité de sang puis de son incapacité à bouger sa mâchoire inférieure. La panique ne put qu'envahir son ventre ce qui augmenta la douleur de celui-ci. Effrayée de se vider de son sang, de mourir ici et d'être retrouvée, quelques heures plus tard, par Mathieu, elle appela les secours, criant et pleurant seulement à l'aide.

Mathieu de son côté essaya encore et encore de l'appeler, sans succès. Il prit sa voiture, abandonnant ses amis sans prévenir, trop inquiet pour tenir ses propres promesses habituelles. Il fit la route tout en la cherchant dans les rues. Elle ne l'avait pas trahi, il en était certain. Ainsi, il s'imaginait le pire et malgré tout, son imagination restait bien loin de la réalité. Il arriva enfin devant son studio et crut perdre une part de lui-même à jamais en voyant les véhicules de la police, celui des sapeurs pompiers puis le samu. Il se précipita à l'intérieur sans même y penser à deux fois. Néanmoins, il fut immédiatement arrêter par un agent dans l'entrée.

« Laissez-moi ! Laissez-moi ! Madeline ! » Il essaya de passer outre mais un second policier arriva. Son sang battait dans ses tempes tandis que son cœur semblait s'être éteint face au choc. Peut-être avait-elle mis fin à ses jours. Peut-être avait-elle croisé Julian ou son ami. « Elle est là ? Je veux la voir ! »

« Vous ne pouvez pas avancer. Qui êtes vous ? Vous êtes le propriétaire ? » Le policier serra son bras un peu plus pour l'interpeller. « Monsieur ? »

« Comment est-ce qu'elle va ? » Il détourna enfin son regard de l'horizon pour le regarder. Ils ne lui donneraient rien. « Mathieu Pruski. Je m'appelle Mathieu. Je loue ce studio. Et c'est Madeline qui est là, c'est ma petite amie. J'essaye...j'essaye de la joindre depuis une demi-heure maintenant, elle devait être là depuis...j'en sais rien. Elle devait être arrivée. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Laissez moi la voir, je vous en supplie. J'veux juste la voir. »

« On sait pas ce qui est arrivé. Elle a retrouvé conscience il y a quelques minutes mais elle ne...peut pas parler. Sa...mâchoire est....luxée, peut-être fracturée. » Il l'avait laissé seule, rentrer alors qu'il savait pertinemment qu'elle n'allait pas bien. Néanmoins, il n'eut le temps de se morfondre plus que l'homme reprit, touché par l'émotion de Mathieu. « On pense qu'elle s'est faite agressée. Vous pouvez venir la voir mais vous n'avez pas le droit de la toucher. Nous devons garder intacts toutes les preuves. Nous prendrons votre adn et vos empreintes. »

« Tout ce que vous voulez, je veux juste pouvoir la voir. » Ils le guidèrent jusqu'au studio de Mathieu où Madeline était allongée au sol, le regard dans le vide, épuisée mais surtout sous médicaments pour calmer ses douleurs et ses angoisses. Le blond sentit ses jambes trembler tandis qu'une boule se formait dans sa gorge. « Maddy... » Il s'agenouilla, priant pour qu'ils le laissent avancer mais les professionnels étaient tous autour d'elle, essayant de la stabiliser afin de la déplacer jusqu'à l'hôpital le plus proche. Néanmoins, comme un signe d'espoir, elle sentit sa présence et tourna la tête en sa direction. Elle vit ses larmes aux yeux ainsi que son attitude si vulnérable. « Hey. »

Elle n'eut la force de répondre mais continua de le fixer, puisant ses forces en lui.
Dans son regard rempli d'amour et de tendresse.
Elle ne pensait qu'à une chose, vivre.

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