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Thomas attendit environ deux jours avant de repartir au squat. Il demanda à Madeline au préalable mais qui n'osa se plaindre alors il était sorti pour rejoindre ses amis, comme à son habitude. Il fut rapidement interpellé par Julian qui cherchait la jeune femme depuis la dernière soirée. Il lui attrapa l'épaule pour l'arrêter pendant qu'il dansait. Sa colère était visible mais il s'en moqua, bien trop dans un état second pour se préoccuper de son humeur.

« Où elle est ? »

« A la maison. » Il haussa les épaules avec nonchalance ce qui ne plut aucunement à Julian qui lui attrapa le bras pour le sortir dehors. « Mais t'es dingue ! »

« Donne-moi ton téléphone. » Il ne lui laissa pas le choix, l'attrapant de sa main. « Pourquoi elle ne vient plus ? »

« J'sais pas moi.. elle est fatiguée en ce moment. Va la voir, toi au lieu de m'attraper comme ça ! C'est ta meuf pas la mienne. »

Il s'éloigna de lui, portable en main. Madeline hésita avant de répondre. Elle n'avait aucune idée que c'était lui mais elle savait que de toute manière, si Thomas appelait, c'était parce qu'il voulait qu'elle vienne ou pire qu'il avait besoin d'elle. Pour une fois, elle rêvait qu'on l'oublie, que personne n'ait besoin d'elle. Néanmoins, c'était son meilleur ami et elle l'adorait depuis tant d'années qu'elle ne put s'y résoudre. Elle prit son portable sur sa table de chevet et inspira profondément avant de répondre. En entendant la voix de Julian, elle se redressa, son cœur sortant presque de sa poitrine.

« T'es où ? » Elle préféra ne pas répondre. Il le savait déjà, sans aucun doute puisque Thomas était avec lui. « Viens. »

« Je n'ai pas envie. » Sa voix était tremblante, trahissant son état.

« Sois tu viens par toi-même, sois je viens te chercher Madeline. Et autant pour toi que pour moi, c'est mieux que ça soit toi. »

Elle resta silencieuse, attendant de voir sa réaction. Elle fut servit par une vague de colère sans nom. Tout le monde regarda Julian comme s'il était complètement fou. Toutefois, ils l'adoraient tous alors ils tournèrent la tête, laissant le jeune homme déverser sa rage.
Mathieu était installé sur la terrasse du fond et était devenu soudainement silencieux pour écouter ce qu'il se passait. Il n'arrivait à entendre à qui il parlait, ni ce qu'il disait. Toutefois, il pouvait sentir sa folie à des mètres de lui. Il n'eut le choix d'arrêter son espionnage quand un de ses amis s'approcha, lui tendant une roulée. Il la prit volontiers avant de se retourner vers lui.

« Ça va ? » Il hocha la tête. En réalité, il était complètement épuisé parce que balancer entre le travail, le début du rap, les soirées à faire l'argent et la famille était devenu un challenge quotidien. Néanmoins, il ne s'en plaignait pas, faisant au mieux pour ses proches. « Quand est-ce que tu pars avec le Panama ? »

Il regarda son portable. « Je dois être chez moi dans une bonne heure. » Il regarda sa sacoche. Dans le squat, il était très rapide de vendre et faire son chiffre tant les étudiants souhaitaient s'aérer l'esprit par la fumée. « Mais je crois que je vais pouvoir partir plus tôt car j'ai plus rien. »

« Tant mieux parce que j'ai une dalle de fou. »

Mathieu secoua la tête tout en riant légèrement. Il accepta, lui-même envieux d'un grec. Ils prirent le chemin vers la sortie, attrapant au vol une bouteille d'alcool pour le trajet avec le groupe ce soir. Sur les pavés de devant la maison, comme si le destin continuait son travail, il rencontra Madeline qui marchait, tête baissée. Il demanda à son ami de partir devant alors qu'il se positionnait face à elle. Elle n'eut que le choix de s'arrêter et relever la tête. Toutefois, elle fut soulagée que ce soit lui et une commissure de ses lèvres se releva légèrement.

« Salut. » Il la vit incliner légèrement la tête. Elle avait l'air ailleurs. « T'arrives tard ? » Elle acquiesça tout en tirant les manches de son pull, mal à l'aise. Il remarqua qu'elle ne portait aucun maquillage, ni de talons. Elle était dans de simples baskets, un jeans et un haut oversize. C'était complètement différent de ses robes. Seulement, il arrêta sa contemplation en repensant aux cris de Julian quelques minutes plus tôt. Elle venait pour lui, à contre cœur et toute son attitude en était la preuve.

« Tu pars tôt. » Face à son visage pincé, Madeline tenta d'adoucir l'atmosphère. « Je vais pas pouvoir profiter de tes supers cocktails. »

Il ria dans sa barbe pendant qu'elle passait d'un pied à l'autre, incapable de rester en place. « Et je vais être absent quelques jours. J'espère que tu t'en sortiras sans mes talents. »

« Tu fermes boutique ? » Il cacha son sourire en baissant le menton et frappant dans un caillou. « Les étudiants vont être désespérés sans toi. » Il ne sût quoi répondre comme si elle avait aspiré toutes ses pensées. « Eh bien, bonne continuation. » Elle haussa les épaules et se décala d'un pas sur le côté, prête à rentrer. « Julian m'attend. »

Encore une fois, il resta immobile, silencieux. Du moins, jusqu'à ce qu'elle disparaisse de son champs de vision. Il se retourna brusquement, son cœur explosant à chaque battement dans ses tempes. Il tenta de l'appeler parce qu'il voulait lui dire que Julian n'était pas un gars pour elle, qu'il était dangereux et que même si il ne la connaissait pas, il savait déjà qu'elle méritait bien mieux et qu'il valait mieux être seule que mal accompagné. Seulement, c'était ça le problème, il n'avait aucune idée de qui elle était. Alors il la regarda rentrer dans la maison, priant inutilement que son manque d'action n'aurait aucune conséquence.

Il rejoignit son ami tandis que Madeline rejoignit Julian. Il ne fit pas de politesse et attrapa son bras avec force pour parler tout deux dans une pièce.

« Pourquoi t'es pas venue ? » Il la serrait si fort qu'elle n'avait que d'autres choix que de mentir.

« J'étais fatiguée, désolée. »

« Ne refais pas ça. Je veux que tu sois là, à chaque soirée. » Il la regarda de bas en haut, jugeant sa tenue décontractée. « Et mieux habillée. » Elle baissa la tête pour cacher ses larmes. Ça le fit la relâcher. « Tu vas quand même pas chialer, c'est bon. » Il ouvrit la porte et reposa sa main dans sa nuque fermement, pour la guider jusque dans la cuisine. « Tu bois quoi ? »

« Je ne veux pas boire. » Elle le vit serrer la mâchoire, agacé par son comportement. Il se retenait d'agir, seulement parce qu'il y avait encore beaucoup de monde.

« Mange au moins un truc, histoire d'avoir l'air de t'amuser un minimum. »

Elle hocha la tête, acceptant pour le temporiser, mais ce qu'elle ne savait pas, c'était que la drogue pouvait aussi se mettre sur un simple cupcake.
Une vingtaine de minutes plus tard, Madeline sentit sa tête tourner et son ventre la tirailler. Elle chercha désespérément Thomas mais celui-ci était déjà parti. Épris d'un jeune homme pendant la soirée, ils étaient partis tout deux, l'oubliant complètement, rompant sa promesse.

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