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La fin de la journée fut calme. Mathieu et Madeline trainèrent jusque la fin de la journée dans la ville. Ils avaient même pris un granité et grignoté à deux une gaufres. La soirée avait été calme puisque tout le monde était épuisé. La brune tarda un peu plus, profitant du jardin et même si le soleil avait disparu, le reflet de la lune sur la piscine était tout aussi reposant. Mathieu avait alors lutté contre la fatigue pour rester à ses côtés et profiter à ses côtés. Ainsi, assis sur un transat, elle se reposait contre lui , le cœur apaisé et l'envie de rester pour toujours ici. Derrière elle, il s'endormait, la tête reposant contre le transat, enivré par son shampoing et par les arabesques qu'elle dessinait sur son avant-bras. Toutefois, lui non plus ne voulait pas que ce moment s'arrête mais elle sentit son souffle devenir lourd contre sa peau tout comme ses mains ne la tenant plus vraiment.


« Tu t'endors Mat. »

« Pas du tout. » Sa voix était enrouée, étouffé dans sa fatigue. Elle s'installa de profil, son front contre cou, inconfortable mais bien mieux ici que partout où elle avait été, de toute sa vie. « J'suis juste bien, là. »

« Moi aussi. »

« Vraiment ? » Elle hocha la tête, rapprochant ses doigts de sa nuque pour la caresser. « T'es beaucoup trop douce. Je vais m'endormir si tu continues. »

« Tu devrais aller dormir. »

« Je vais dormir à la belle étoile. » Elle secoua la tête avant de se redresser, un sourire plein sur le visage. Lui, plissait les yeux malicieusement, d'une humeur légère alors qu'elle agissait selon son bon vouloir, sans crainte ou apriori. « T'es pas tenté ? »

« Dormir avec toi ? Je suis tentée mais c'est trop tôt. » Elle plissa les lèvres, soudainement timide. « Mais dormir à la belle étoile, non ! » Il pouffa. « Trop de moustiques et c'est moi qui vais me faire manger ! » Elle appuya ses mots en tendant son bras en sa direction. « Regarde, juste ce soir ! » Il suivit les dizaines de piqûres de son index, profitant de cette occasion pour toucher sa peau. Il passa à son second. « Tu vois... »


Le ton de Madeline n'était plus qu'un murmure léger, trop concentrée sur son contact qui provoquait en elle une vague de frissons incontrôlables. Face à lui, il ne put s'empêcher de regarder ses jambes qui elles aussi n'avaient pas été épargnées. Il jaugea Madeline d'un coup d'œil avant de glisser le bout de ses doigts contre son mollet. Son souffle se coupa tandis qu'elle était envahie par son effleurement. Elle était certaine de ne jamais avoir ressenti ça et elle était sereine que ce soit avec lui. Seulement, ce moment de tendre complicité s'éteignit lorsque Mathieu tomba sur un bout de cicatrice près de son short. Il n'y toucha pas, sa main restant bloquée contre le bas de sa cuisse. Il hésita à faire comme s'il n'avait rien vu mais la brune ne lui laissa pas le choix, soulevant l'ourlet pour lui montrer.


« J'en suis pas fière mais autant que tu le vois. » Il acquiesça seulement tout en fixant les plaies. Certaines étaient encore récentes, d'autres épaisses, longues voir anarchiques. Il bouillonnait intérieurement pourtant resta impassible à l'extérieur. « J'suis désolée. »

« J'veux pas que tu sois désolée, j'veux que t'arrêtes. Immédiatement. » Il serra la mâchoire, espérant ravaler sa fureur. Il arrivait à consentir sur la plupart des moyens de compensation, même les pire qu'elle avait, mais ceux ci lui semblaient impossibles à digérer. Il les refusait sur ce sujet. « J'veux que les choses soient claires, Maddy... » Le surnom était si doux que Madeline eut envie de se réfugier dans ses bras. Toutefois, Mathieu était si raide qu'elle préféra se retenir. « Tu dois arrêter de te faire ce genre de truc. Et j'risque d'être le plus gros connard mais je refuse que tu fasses ça. J'accepte pas et si tu continues dans cette lancé, je...on fera beaucoup trop de pas en arrière. »

« Mat... »

« ...Non, tu dois comprendre que j'vais pas te regarder te détruire sans rien dire. » Elle se mordit l'intérieur de la joue mais il l'en empêcha, déposant un baiser sur sa pommette. « Arrête. Je dis pas ça pour te menacer ou te faire du mal mais tu dois comprendre que ta vie ne s'arrête pas là, que t'es encore bien vivante. Julian...son pote... ne t'ont pas tué. T'es là, bien vivante et t'as encore une vie à vivre. Et j'ai envie d'en faire partie, vraiment. » Elle hocha la tête avant de la reposer contre lui. Il l'enlaça tendrement. « Je t'aime. J'refuse que tu t'abîmes comme si tu te punissais, comme si t'étais coupable. Tu l'es pas. » Elle haussa les épaules, ayant du mal à y croire. « Fais moi confiance. »

« Je te fais confiance. » Elle tritura le t-shirt du blond. « Et je...je t'aime aussi...genre vraiment. Et ça me fait peur parce que...parce que j'ai conscience que c'est pas le bon timing, que j'ai beaucoup de choses à réparer et à comprendre sur moi-même...c'est difficile d'être amoureuse après tout ça et même...en même temps que tout ça." »

« Je n'imagine même pas ce que tu ressens...je suis même pas sûr que j'en serai capable. Je suis même sûr que je ne serai gérer tout ce que tu gères, dans ta tête...dans ton cœur...mais je suis là. Tu peux compter sur moi et ça, quoi qu'il m'en coûte. »

« Je sais pas ce que je ferai si t'étais pas là. »

« J'suis certain que tu t'en sortirais. T'es bien plus forte que tu le penses. » Elle haussa une énième fois les épaules.

« Est-ce qu'on peut rester encore un peu ici ? Tant pis pour les moustiques. »

« Avec plaisir. »

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