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Le soir même, ils se retrouvèrent au studio. Mathieu continuait d'aider son meilleur ami dans la musique. Lisko était de l'autre côté pour enregistrer tandis que le blond était devant l'ordinateur, Madeline à ses côtés. Elle était assise, repliée sur elle même, le menton sur ses genoux tout en regardant l'écran mais surtout elle le scrutait lui, encore pleinement dans sa tête. Elle repensait aux actes du matin puis de la suite. Il n'était pas parti, ne l'avait pas insulté, ni n'avait fui, et même si elle avait conscience que c'était la normalité, celle ci était douce et agréable.


« Tu me déconcentres. » Elle quitta des yeux ses mains sur le clavier pour son visage. Il ne la regardait pas, restant concentré sur son ordinateur, au mieux. Lui aussi y pensait constamment, revoyant Madeline sous lui, la tête en arrière. Il entendait ses gémissements, sentait ses mains suppliantes contre lui. « J'arrive pas à me concentrer avec toi à mes côtés. »

« Je ne fais rien. » Cette fois, il abandonna l'enregistrement pour lui jeter un coup d'œil. « C'est toi, pas moi. »

« Fais pas comme si tu n'y pensais pas non plus. » Elle resta bouche bée et tapa sa cuisse du bout du pied pour se venger. « C'est bien ce que je pensais. » Il attrapa sa cheville en réponse, tirant sur son siège pour la rapprocher. Elle en profita pour entourer son bras du sien. « T'es bien trop douce et mignonne. »


Elle secoua seulement la tête. Il voulut embrasser ses lèvres mais Lisko, de l'autre côté se retourna pour taper contre la vitre, montrant son pouce pour s'assurer que tout était bon. Mathieu lui demanda une autre prise, seulement pour garder ce temps à deux. Madeline ne put qu'en rire lorsque Lisko recommença une énième fois. Le blond lui donna un baiser avant d'attraper sa main et jouer avec ses doigts. Il enregistra sérieusement son ami  malgré l'envie de se concentrer sur celle à ses côtés, de toutes les manières possibles.

Au final, l'enregistrement fut un succès et Lisko sembla s'en satisfaire. Mathieu proposa alors à Madeline de rejoindre son propre studio. Avec les derniers événements, il avait pris beaucoup de retard et même si Antoine le laissait tranquille, il culpabilisait de ne pas lui rendre cette confiance accordée. La jeune femme à ses côtés sentit son besoin de se concentrer alors, elle s'installa derrière lui sur le canapé, s'y allongeant et le laissant se concentrer.

 Une bonne partie de la nuit passa silencieusement, chacun de leur côté, une dormant tandis que l'autre s'affairait à écrire et enregistrer. Lorsqu'il se retourna, pour la première fois depuis des heures, il ne fut pas surpris de la voir complètement endormie, sous son plaid. Il resta immobile, silencieux, la contemplant, incapable de réaliser à quel point tout avait changé depuis qu'il l'avait vue, dans cette cuisine du squat. Et même si d'un point de vue extérieure, tout semblait plus chaotique, en réalité, pour lui, tout était plus calme et merveilleux. S'il n'avait jamais été aimé pendant les premières années de sa vie, ce vide était dorénavant comblé jusqu'au rebord. Parfois, il sentait que ça débordait jusqu'à faire gonfler son cœur. Il avait même l'impression qu'il pouvait éclater. C'était addictif.
La proximité de ce matin avait été une preuve de leur lien mais surtout elle avait été un amuse bouche qui ouvre l'appétit. S'il l'avait interpellé la première fois, c'était bien par attirance et celle-ci semblait augmenter encore et encore comme si aucun pic n'était atteignable.

Comme si elle sentait son regard sur elle, elle se réveilla, ouvrant les yeux difficilement. Elle se réfugia sur ses genoux, à califourchon face à lui, encore endormie. Il la serra contre lui et embrassa sa tempe pour la réveiller.


« J'ai terminé. » Elle hocha la tête mais resta contre lui. « On rentre ? » Elle se renfrogna un peu plus, refusant de bouger maintenant, bien trop confortable. Mathieu attrapa ses hanches, la retenant de se frotter une nouvelle fois. « Maddie. »

« Mhm... » Elle se retira de son cou pour le regarder, un sourire taquin sur les lèvres. Elle releva le menton, le regardant de haut.  « A quoi tu pensais quand je dormais ? »

« Tu sais ce que tu fais...me fais. »

« Pas du tout. » Il frôla son visage de ses lèvres sans y déposer un baiser.

 « Tu sais que je te connais maintenant. »

 « Et ça te dérange ? » Elle baissa le menton.  « Que je sois comme ça avec toi ? Tu sais...on m'a déjà dit que j'étais une allumeuse. »

 « Qui a pu dire des conneries pareilles ? »

 « L'ex de Thomas, Thomas...Julian, ses amis... »

 « Que des connards. Tu l'es pas. »  Il dégagea ses cheveux bruns pour avoir son cou à vue. « Et même si tu m'allumais, j'adorerais, parce que c'est toi et moi. Je les emmerde. Ils sont juste jaloux de toi parce que tu leur étais inatteignable. » 

 « Mouais. » Elle fit la moue qu'il dérida d'un baiser.  « Je ne sais pas. Je suis comme ça parce que j'en ai envie, avec toi. Je n'étais pas...tactile avant. » Il hocha la tête, l'écoutant activement sans l'interrompre. Elle joua avec les galons de son pull, préférant se concentrer sur autre chose que lui, sentant son regard sur elle.  « Et j'en ressentais pas non plus le besoin...même avant Julian. Je voulais prendre mon temps, trouver le bon, tout ça. » Elle se mordit l'intérieur de la joue avant de reprendre.  « Et je crois bien que t'es ma personne...avec toi, c'est si simple. J'en oublie tout. J'ai confiance, complètement. » 


Face à ses mots, il reste muet, incapable de trouver les mots. Il préféra alors l'embrasser fougueusement, envenimant la situation rapidement. Madeline eut besoin d'une seconde pour s'adapter mais y répondit favorablement. Elle passa sa main dans cheveux avant de s'accrocher à sa nuque. Celles de Mathieu glissèrent dans son dos, sous son pull, une vague de frisson apparaissant le long de sa colonne vertébrale. Elle se colla un peu plus à lui, son bassin roulant contre Mathieu qui ne put retenir un sifflement.
Elle s'arrêta un instant, surprise. C'était la première fois qu'il perdait constance. Elle se laissa aller à passer une main sous son haut, le repoussant pour voir sa peau et y caresser sa peau. Il la regarda faire. Ce n'était pas la première fois qu'elle le faisait. Et comme toujours, il la laissa faire, silencieux, la regardant seulement alors qu'elle prenait confiance. Néanmoins, cette fois, elle fixa l'élastique de son jogging, incertaine. 


 « Madeline. » Il la prévenait. C'était trop tôt, il le sentait. Il voulait qu'elle passe avant, qu'elle reprenne confiance en son corps avant de s'aventurer sur le sien.

 « J'ai envie. »

 « Envie ou tu veux me redonner ce que je t'ai donné ? » Elle remonta vers ses yeux, se rendant compte qu'il avait peut-être raison.  « J'attends rien de toi, tu devrais le savoir. Et, au vue de tes mains tremblantes, t'en as pas envie. »

 « Si, j'en ai envie. Je t'assure. » Elle fit la moue.

 « Envie mais pas prête ? » Il caressa sa joue pour la rassurer.  « Madeline, on a toute notre vie. J'veux pas que tu regrettes. » Elle acquiesça.  « Mais moi, j'peux te donner de quoi prendre un peu de plaisir. »

 « Mat ! » Elle se cacha dans son cou.  « Pas ici. »

 « Alors on rentre... »

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