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Madeline se réveilla le matin suivant, incapable de bouger tant son corps semblait en milles morceaux. Un sanglot s'échappa de ses lèvres en réalisant ce qu'il venait de se passer. Julian avait accédé à une toute autre étape de sa violence et la jeune femme n'était pas certaine d'en survivre. La police n'y avait rien fait la première fois et Thomas, son meilleur ami, ne la croyait pas non plus. Elle essaya de se lever mais elle laissa un geignement s'échapper tout en retombant contre le matelas. Elle ne pouvait même s'enfuir et ce fut un tel coup de massue qu'elle se recroquevilla dans les draps, en larmes. Lorsqu'elle rouvrit les paupières, quelques heures plus tard, elle se décida à prendre son téléphone. Elle n'avait le numéro de Mathieu mais le rechercha sur les réseaux pour lui envoyer un message, le suppliant de venir la chercher parce qu'elle était certaine que si elle restait plus longtemps, elle finirait par mourrir.

Il ne fallut au jeune homme qu'une vingtaine de minutes pour venir, accompagné de deux de ses amis. Ils entrèrent dans le squat sans préavis et Mathieu fila à l'étage tandis que les autres s'assuraient qu'il ne serait pas déranger. Comme prévu, Julian fut le premier à s'interposer. Il se positionna en haut des escaliers, l'attendant, prêt à se battre. Il savait déjà pourquoi il était là, à cette heure-ci. Il avait remarqué plusieurs fois les regards insistants, les sourires bienveillants. Il aurait même été heureux de le voir partir et ne plus revenir, seulement parce qu'il savait qu'il ramènerait des problèmes.
Mathieu se positionna face à lui, aucunement effrayé par lui, ni par la chute d'escaliers derrière lui.

« Je te conseille de me laisser passer. »

« Tu es chez moi. » Julian avança, profitant des marches pour assurer une supériorité de taille. « Alors c'est à toi de dégager. »

Mathieu fronça les sourcils, un léger rictus sur les lèvres, agacé mais trouve'ant amusant que cet homme si peu effrayant tente de lui faire peur. Il avança d'une marche. « Soit tu te décales, soit c'est moi qui te bouges. Je te conseille de me laisser passer. » Bien entendu, il ne le fit pas. « Tu l'auras voulu. »

Son poing vola dans les airs pour atterrir contre sa mâchoire. Julian recula tout en l'insultant mais il s'en moqua, continuant jusqu'à retrouver Madeline. Il put entendre ses amis monter les marches pour maîtriser le propriétaire. Mathieu se dirigea directement vers la chambre, la connaissant dorénavant. Il ne put retenir un hoquet de surprise en  la voyant, blottie, essayant de se protéger. Il s'approcha, plus lentement qu'il n'était arrivé, pour ne pas l'effrayer plus qu'elle ne l'était. Son visage était marqué par les coups mais ce qui le choqua un peu plus était ce vide dans son regard comme dans son attitude. Elle sursauta et ferma ses paupières en entendant Julian piquer une colère de l'autre côté.

« Hey, hey, hey. » Il se précipita à son chevet, s'accroupît à sa hauteur. Il n'osait pas la toucher, attendant qu'elle ouvre les yeux. « C'est moi, regarde-moi. » Elle ne le fit pas, trop effrayée par les cris de l'autre côté. Mathieu en perdit une énième fois son calme et retourna vers les autres. « Faites le sortir de cette putain de maison avant que je le bute. » Ils acquiescèrent et l'attrapèrent pour l'emmener loin de Madeline. Il attendit le silence complet avant de  la rejoindre. Elle était dans la même position qu'il l'avait laissée mais lorsqu'elle entendit ses pas, elle le dévisagea, le suppliant par ce seul regard, de la sortir pour toujours d'ici. Il s'approcha de nouveau. « Hey. » Il tendit sa main qu'elle ne prit pas, n'étant pas certaine d'être capable de dresser le bras sans gémir de douleur. « Tu peux te lever ? »

« Non. » Sa voix n'était qu'un murmure, presque éteinte tant ses cordes vocales avaient été écrasées durant la nuit.

« Je vais te porter, tu veux bien ? »

« Je suis toute nue. » Elle piqua un fard mais il n'en parla pas, cherchant seulement des vêtements dans la pièce. Il analysa les alentours mais les vêtements de Madeline était dans un mauvais état. Il se gratta le crâne, réfléchissant à une solution mais tout ce qu'il voyait était les habits de Julian. Alors, il fouilla dans les placards mais elle l'interpella. « J'veux pas porter ses vêtements. »

Il retourna la voir, un sweater et un jogging en main. « Je sais mais on va pas avoir le choix. Dès qu'on peut, tu te changeras. Ok ? » Elle refusa d'un mouvement de tête, le menton tremblant. Elle en était incapable, l'idée d'avoir son odeur sur elle la rendait complètement malade. « Ok, ok, Madeline, ne pleure pas. Je.. vais trouver une solution. » Il regarde ceux de la jeune femme, espérant y trouver quelque chose de potable. Son pantalon était complètement déchiré tant il lui avait retiré avec violence. Il trouva son sous-vêtement encore portable et lui donna. « T'as ça et... » Il retira son propre sweater. « Et mon pull. »

Elle fut rassurée par cette attention et attrapa les habits alors qu'il se retournait. Il l'entendît maronner de douleur mais se refusa de l'aider, certain de déclencher une autre vague d'angoisse s'il le faisait. Il attendit qu'elle l'interpelle pour lui faire face de nouveau. Elle se tenait assise au bord du lit et il comprit la gravité des faits. Ses jambes étaient parsemées d'hématomes noirs et de taches de sang séchées. Il eut envie de descendre voir Julian pour le torturer, jusqu'à ce qu'il le supplie, qu'il demande le pardon de Madeline, à genoux. Toutefois, la brune avait besoin de lui donc il se refusait de partir.

Il s'approcha avec hésitation. « Tu te tiens à moi. » Elle hocha la tête. Il l'aida à lever ses bras et les entourer autour de sa nuque. Des larmes s'échappèrent de douleur. « Tu me dis si je te fais mal. » Il passa un bras dans son dos et l'autre sous ses jambes. Elle dut retenir un geignement entre ses dents. « Désolé. »

« Ça va, t'inquiète pas. » Elle reposa sa tête contre son épaule, inspirant profondément. « Merci d'être venu. »

« Je n'ai pas hésité une seule seconde. » Il passa le rez-de-chaussée et vérifia la localisation de Julian avant de sortir. « Plus jamais il te touchera, c'est promis. » Elle hocha la tête, incapable d'y croire. « Je crois qu'il serait bien qu'on aille aux urgences. On sait jamais. »

« Non, je vais bien, s'il te plaît. J'veux pas. » Il ouvrit la portière arrière de la voiture. « Installe-toi. » Elle eut dû mal à le lâcher, comme si perdre le contact physique ressemblerait à revenir en arrière. Il la sentit se raidir, ses bras le serrant un peu plus contre sa nuque. « Madeline, je vais m'asseoir à côté de toi. Je reste, t'inquiète. » Il la força légèrement et se détacha. « Est-ce que tu veux que j'appelle quelqu'un au moins ? Thomas ? Ta famille, même ? » Elle secoua la tête, se rappelant de l'ignorance complète de son meilleur ami alors que Julian l'emmenait à l'étage. « Je vais demander aux gars de nous déposer à ton appartement. »

« Julian sait où je vis. »

« Crois-moi, il ne viendra pas si je suis là. »

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