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Madeline et Mathieu rentrèrent dans le studio suite à cette matinée mouvementée. La brune s'allongea dans la petite pièce, comme à son habitude pour se reposer. Il la laissa faire, ne quittant pas les lieux, réorientant ses rendez-vous professionnels ici. Lorsqu'Antoine lui demanda la raison, se plaignant du déplacement, il s'excusa tout en expliquant qu'il voulait travailler plus, enregistrer plus. Ainsi, il n'eut aucune plainte et fut rassurer qu'elle soit à proximité.
Toutefois, malgré sa gentillesse, elle n'hésita pas une seule seconde pour le trahir une nouvelle fois. Pour s'endormir et passer l'après-midi, elle avait pris un comprimé, refusant de sentir le souffle de Julian contre sa peau. Elle était tombée comme une masse jusqu'à ce que l'absence de morphine dans son sang ne la réveille. Elle quitta le sofa, en transe, reprit un cachet avant de rejoindre le blond qui était assis devant la télé du salon principal, jouant sur la console en ligne avec ses amis.

Il ne put cacher son sourire en la voyant tandis qu'elle sentait ses muscles se raidir et son cerveau s'embrouiller. Elle tira sur ses manches pour cacher ses mains avant de le rejoindre, prenant place à ses côtés, cachant ses jambes dans son sweater cachant si bien son mal qu'il semblait inexistant. Il la trouva adorable ainsi et aurait aimé le lui montrer. A la place, il se retourna vers l'écran, les lèvres pincées et les muscles de sa mâchoire tressautant.

« T'as bien dormi ? » Elle acquiesça, s'installant confortablement à ses côtés. Il loupa son but, s'en moquant tout en entendant un de ses amis l'insulter dans son casque, parce qu'il cherchait le plaid de Madeline. Il se leva seulement pour aller lui prendre tandis que le jeu continuait sans lui un instant.

« Merci. » Elle en profita pour se mettre un peu plus à son aise, ses jambes dorénavant tendues, ses pieds cherchant à joindre la table basse. Sans y réfléchir, il attrapa ses membres pour les poser sur ses cuisses et elle même n'eut aucune réaction, s'installant seulement de profil pour regarder l'écran, la tête sur l'accoudoir. Le plaid faisait office de protection et Mathieu posait seulement ses avant-bras, continuant de jouer, naturellement alors que ses joues rosaient. « Du monde est passé ? »

« Flav', avec des gars bien sapés pour parler argent. » Il haussa les épaules, se moquant de tout ça. Tout ce qu'il voulait c'était faire de la musique, en vivre, payer les factures de sa famille. « C'est un délire de contrat, de fric, d'image. Ca m'intéresse pas. »

« Tout ce qui t'intéresse, c'est rapper. » Il acquiesça. « Tu sais que je n'ai pas de passion ? J'ai toujours détesté cette question. »

« Tu sais que j'ai pas le brevet ? » Il haussa les épaules, envoya un message à ses amis pour arrêter le jeu. Il reposa sa manette sur la table mais garda les jambes de Madeline sur lui sans pour autant y toucher. Elle, elle se retourna sur le dos pour le regarder. « C'est pas très grave mais c'est bien de se plaire dans quelque chose. Tes études ? »

« Elles me plaisaient. Je reprendrai en septembre. J'ai pris trop de retard. » Il hocha la tête, reposant son avant-bras sur le dossier du canapé, l'observant pleinement dorénavant. « Et j'suis clairement pas en état d'étudier. »

« J'pense que t'as besoin de prendre ton temps, prendre soin de toi. » Il tira sur le plaid jusqu'à ses pieds nus pour les recouvrir puis joua avec l'étiquette pour libérer un peu de sa nervosité. « J'ai vraiment flippé ce matin, tu sais... » Il se rendit compte de la formulation de ses propos et se rattrapa immédiatement. « J'veux dire que je ne savais pas ce qu'il se passait. Est-ce que tu veux bien me dire ? J'ai cru que tu faisais un malaise. Je savais pas quoi faire et j'veux pouvoir faire mieux la prochaine fois, pour toi. Tu regardais dans le vide et j'avais beau t'appeler ou te secouer, tu répondais pas. C'était... effrayant. »

Elle trifouilla la manche de son pull mais il l'en empêcha, tirant sur ses doigts pour prendre sa main. Le contact était simple, chaste mais rassurant. Leurs gestes affectueux devenaient de plus en plus nombreux, progressivement, prouvant seulement ce besoin de l'un et de l'autre. C'était inconscient et naturel. Et, même lorsqu'ils en devenaient lucides, ils en étaient seulement tranquillisés.

« Le coach... m'a effrayée par ce geste. » Mathieu se pinça ses lèvres pour se retenir de la couper, voulant exprimer la colère qui l'avait rongé à ce moment. Ce geste l'avait rendu fou. « J'ai fait.. comme un Blackout. Je me suis retrouvée dans la chambre de Julian. »

« T'as revécu ton agression ? »

« Une des agressions. » Elle le vit déglutir difficilement. S'il avait été courageux, il lui aurait demandé d'arrêter là, d'en parler un autre jour selon ce qu'elle préférait. A la place, il resta muet, certain que sa voix s'enraillerait d'émotion. « Ca n'a pas été qu'une seule fois, tu sais ? » Madeline se recroquevilla sur elle-même quittant tout contact avec lui. Tout deux se sentir soudainement frigorifiés mais n'en firent aucune mention. « Je croyais que j'y étais, encore. Je t'entendais pas. Tout était là comme avant. Julian, son ami... »

« Tu avais oublié où t'étais ? »

Elle hocha la tête. C'était bien pire que ça. Elle avait eu la sensation de n'être jamais sortie de cet enfer. « Il.. » Elle baissa la tête, le menton tremblant.

« Tu peux tout me dire, j'te promets. »

TW « Il est ma première fois. » Cette fois, elle ne put retenir ses pleurs. « Mon premier baiser... mon premier... tout. Il m'a tout volé. Il s'est ancré dans ma peau jusqu'au plus profond de mon être. » Mathieu dut reprendre son souffle, la nausée triturant ses tripes tandis qu'il se débattait contre ses propres larmes. « J'entends ses insultes, ses mots.. salaces. Je sens son corps contre le mien, ses mains, mon corps se déchirant alors qu'il entre de force. Je sens son odeur, celle qu'il a en soirée puis celle après qu'il ait terminé. J'ai encore son goût sur ma langue. » Elle le vit fermer les paupières et serrer les poings. Il rêvait de la venger de la pire des manières, bien plus que de se battre devant un bar. « Désolée, de te dire tout ça, c'est cru, dégoûtant. »

« T'excuse pas. N'aies jamais honte. » Il rouvrit brusquement les yeux pour la regarder et elle n'en vit que de l'inquiétude d'avoir fait un mauvais pas. « Je n'avais pas l'ampleur et je crois que je n'arriverai jamais vraiment à comprendre, tellement, c'est... cruel. Et il n'est pas le seul coupable. D'un autre degrés, ses amis le sont, tout ceux du squat, tous les spectateurs, Thomas, même moi. » Il essuya du bout des doigts une larme de Madeline, échouée au bord de sa mâchoire. « Je sais que ça ne vaut rien, mais je suis là, pour en parler ou non. J'ferai n'importe quoi... n'importe quoi pour toi. »

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