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Mathieu raccompagna Madeline jusque devant son bâtiment. Toutefois, lorsqu'il arrêta le moteur, celle-ci s'excusa, prétextant vouloir dormir immédiatement. Ainsi, elle refusait qu'il monte pour s'enfermer dans son appartement. Elle verrouilla derrière et ferma les volets, effrayée d'avoir de la visite malgré être à l'étage, dans une résidence sécurisée. Elle changea seulement de vêtements, effrayée qu'une douche l'incite à se blesser par l'eau chaude, la lame de rasoir à côté de son shampoing, la serviette rêche de son placard. A la place, elle se recroquevilla sur elle-même, le ventre vide et l'envie de s'endormir. Elle ferma les paupières, luttant contre ses propres pensées et ses propres faiblesses.

Néanmoins, elle était épuisée et triste. Elle avait oublié cette belle matinée pour ne voir que les malaises avec Jelila, la rencontre avec l'ami de Julian, la colère de Mathieu. Elle semblait s'étouffer comme si sa cage thoracique ne pouvait plus se développer tant elle s'était barricadée. En conséquence, son esprit divagua jusqu'à devenir brumeux, ne lui laissant presque plus être maître d'elle-même. C'est alors qu'elle se leva brusquement pour ouvrir les placards de sa cuisine à la recherche de nourriture. Elle trouva des gâteaux qu'elle engouffra rapidement. Toutefois, son estomac avait été vide pendant si longtemps qu'il s'en plaignit et une douleur immense traversa le ventre de Madeline qui se plia en deux dans sa cuisine, un grognement s'échappant. Elle ne tarda pas à courir vers ses toilettes pour vider ce qu'elle venait de manger. La panique la prit à la gorge pendant qu'elle s'étouffait, seule dans cet appartement trop vide. Elle se mit à chercher un reste de cachet, espérant pouvoir arrêter cette folie qui l'envahissait mais elle avait tout consommé.

Il ne luit fallut que quelques minutes pour s'enfoncer un peu plus. Elle attrapa son portable avant d'appeler son ancien meilleur ami. Il répondit immédiatement.


« Thomas ? »

« C'est moi...je m'attendais pas à ce que t'appelles un jour. »

« J'aimerais qu'on discute. Est-ce que tu veux bien venir ? »

« Oui, bien sûr. Je me prépare tout de suite. A toute. »


Et il raccrocha. Madeline attendit, impatiemment, espérant qu'il ramène une consommation, comme il le faisait toujours. Il arriva une bonne demi-heure plus tard et elle lui ouvrit immédiatement, déjà prête devant sa porte. Elle l'invita à s'asseoir sur le canapé. Il avait rasé sa tête mais n'avait rien dans les mains si ce n'était son téléphone. Elle eut presque envie de le renvoyer chez lui à coup de pied. Après tout, elle avait commencé lorsqu'il avait testé avec des amis. Il lui en avait ramené, lui expliquant que c'était génial. Ca l'avait été mais ça ne les avait qu'éloigner, rendant leur relation superficielle. Elle s'en rendait compte, en l'instant, alors qu'elle l'avait appelé seulement pour cette raison.


« De quoi est-ce que tu voulais qu'on parle ? » Il sortit un flash de sa veste et elle souffla presque de soulagement. « Je suis toujours ami avec le sq... »

« ...Je n'ai pas envie de parler d'eux. » Il voulut rétorquer mais elle ne lui laissa pas le choix. « J'veux parler de...nous deux. » Il tendit sa flasque qu'elle prit sans hésitation. « On se connait depuis des années, bien avant tout ça, bien avant...ici. On est passé par des hauts et des bas mais on s'est toujours retrouvé. »

« Tu me manques, tu sais ? » Elle prit plusieurs gorgées, l'alcool brûlant sa gorge. « J'pense à tous nos moments ensemble, souvent. » Il pensait aussi à quel point les conseils et toute l'attention qu'elle lui apportait constamment lui manquaient. « Mais je n'arrive à croire que Julian ait pu...faire ça. J'suis désolé. Il est...sympa et il peut se faire toutes les filles qui veut. Je dis pas que t'es moins bien que les autres mais...franchement Madeline, il peut vraiment avoir qui il veut. Il avait juste à en choisir une autre si tu refusais. »


Elle se rendit compte de l'absurdité de l'avoir invité. Il s'était intéressé à elle mais lorsqu'elle avait refusé ses avances, il avait adoré, la prenant comme une sorte de challenge à conquérir. Ce qu'il voulait avec elle, ce n'était pas seulement la partie sexe mais bien la violence et la dominance. Néanmoins, la raison intérieure de la brune disparut dès qu'il sortit sa pochette. Elle la connaissait par cœur pour l'avoir ouverte elle-même de nombreuses fois. Il ne lui proposa pas de cachet, lui en tendant un qu'elle prit sans hésitation. Après tout, elle ne l'avait invité que pour cette raison. Elle se reposa contre le dossier de son fauteuil, impatiente de sentir les premiers effets. Elle savait que dans quelques instants, plus rien ne compterait, ni Thomas, ni son passé, encore moins son futur.


« Peu importe. N'en parlons plus. »

« Vraiment ? »

« Oui, j'ai plus envie d'y penser. » Elle attrapa son plaid pour se recouvrir et se recroqueviller dans son fauteuil. Elle ferma les paupières, espérant presque que Thomas s'en aille dorénavant. Néanmoins, lui aussi pris une pilule et s'allongea sur le canapé, la tête à son opposé pour la voir.

« Alors, amis ? » Elle hocha la tête, ne prenant pas la peine d'user sa voix ou même de le regarder. « Je suis le bienvenue ici, comme avant ? Avant que tout ça n'arrive ? »

Elle aurait aimé que ça soit possible, faire comment avant, oublier tout ce qui lui était arrivé mais elle avait beau tout essayer rien n'y faisait. Pourtant, elle accepta. « Oui, amis. »

« J'en suis soulagé. »

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