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Madeline rentra à l'appartement, accompagné de Mathieu qui dut repartir terminer ses obligations. L'adrénaline partit, il ne lui restait plus que les regrets et les questions. Néanmoins, il fit la soirée comme si tout allait bien.
Du côté de la brune, ce fut plus calme. Allongée dans le lit, elle attendait que le sommeil arrive. Seulement, à chaque fois qu'elle fermait les yeux, le visage en sang de Mathieu réapparaissait.

Elle ne s'endormit pas avant son arrivée. Elle attendit quelques minutes avant de céder à la tentation et de le rejoindre. Il était dans le salon, sur le canapé, un joint entre les lèvres. Dorénavant seul, la douleur se réveillait dans son arcade. Pourtant, d'un point de vue extérieur, il semblait calme, comme si rien ne s'était passé, cherchent à ne rien montrer. Madeline en fut irritée et préféra aller prendre dans le congélateur de la glace. C'était un pot de leur dernière course, après leur rendez-vous. Une vague de colère fit bouillir son sang en repensant aux derniers événements. Elle attrapa une cuillère et s'installa à ses côtés.


« C'est pour mon œil ? »

« Ca devait l'être mais je suis trop en colère pour te la donner. »

Il pouffa avant de lui voler le pot et le poser contre son arcade. « T'es censée dormir depuis plusieurs heures. »

« J'ai pas sommeil à cause de toi. » Elle se recroquevilla sur elle-même, piochant dans le pot. « Comment était la soirée ? »


Il haussa les épaules. Il avait été distrait tout le long, souhaitant seulement rentrer.
Il se tourna vers elle pour la regarder. Il avait envie d'attraper ses jambes, de caresser sa peau comme à leur habitude mais il appréhendait un refus. Alors, il la regarda seulement, si amoureusement que Madeline abandonna une nouvelle fois la guerre. Elle s'installa confortablement à ses côtés, la tête contre son épaule. Il abandonna l'idée de dégonfler son arcade pour la laisser grignoter à la glace. Il embrassa le dessus de son crâne avant d'attraper ses cuisses pour les poser sur les siennes. Il les toucha tendrement, du bout des doigts, laissant des frissons derrière son passage.


« Je t'en veux toujours. »

« Je sais. »

« Regarde tes mains. » Elle secoua la tête, reposant sa glace. Il ne lui laissa le choix de se réinstaller contre lui. Elle attrapa sa main pour toucher les égratignures. « T'es vraiment stupide, tu m'énerves. » Il ne répondit pas, conscient que quoi qu'il dise, ça ne serait suffisant. « J'arrive même pas à y croire. »

« C'est la seule punition qu'il aura, après tout ce qu'il a fait. Tu t'en rends compte ? C'était pas cher payé. Si j'avais pu... » Une nouvelle vague de rage prit ses muscles.

« Mathieu... »

Il inspira profondément. « Désolé. J'y arrive pas, ça me rend malade. J'étais hors de moi, littéralement. J'ai appelé Lisko un soir. » Il l'arrêta dans la contemplation de ses phalanges pour jouer avec ses doigts. « J'arrivais pas à dormir, ça tournait dans ma tête. Je pensais pas qu'on le ferait, je te le jure mais il m'a dit qu'il l'avait croisé en arrivant. » Madeline sentit une boule d'angoisse se créer dans son ventre. Malgré son interpellation, sa détention provisoire, Julian n'avait aucune peur et continuer d'errer dans leur quartier comme si de rien était. « Ça m'a rendu dingue, si tu savais. Je t'aime trop et j'ferais tout, absolument tout pour toi, pour te défendre. C'est pas une excuse, je le sais, mais j'voulais que tu le saches. »

« Mais là tu l'as fait pour toi, surtout. »

« Je...J'voulais...réparer ce que j'avais pas pu faire avant. » Il reposa sa joue contre son crâne, les paupières closes tout en la serrant un peu plus. « C'était égoïste de ma part. J'ai géré à ma manière, sans prendre en considération ce que toi, tu voulais. T'es tout pour moi. J'veux pas te perdre. Ça serait vraiment la pire chose, de toute ma vie. »

« Tu me perdras pas si facilement. » Il hocha la tête, gardant au fond de lui cette peur. Il n'avait jamais vu cette déception dans le regard de Madeline et pour sûr, il ne voulait plus jamais en être la cause. Elle sentit son inquiétude contre sa peau et elle ne put se retenir, oubliant l'amertume et la colère. Elle monta sur ses cuisses, à califourchon face à lui. Elle posa ses bras sur ses épaules, caressant sa nuque. Elle pouvait y sentir la trace de ses ongles. Il s'était  torturé toute la soirée. « Arrête de te faire mal comme ça. J'aime pas quand tu fais ça. »

« Je le fais depuis des années. » Il dégagea son visage de ses cheveux.

« En plus, parfois, je le fais par ta faute. » Il ne répondit pas, obnubilé par ses traits. Il voulait l'embrasser, être proche d'elle après ce conflit, le premier. Il comprenait dorénavant le besoin de contact de Madeline pour oublier. « Me regarde pas comme ça. » Il abandonna un baiser sur sa joue avant de se loger dans son cou, ses mains glissant sous son pull pour la rapprocher.

« J'veux pas te perdre. » Elle put entendre toute sa détresse dans sa voix et le serra un peu plus fort. « J'peux pas. Dis-moi ce que je peux faire pour me faire pardonner. » Elle secoua seulement la tête, refusant que leur relation se base sur de simples supplications. « Dis-moi. »

« J'compte pas partir. T'as pas besoin de te faire pardonner parce que...de toute manière c'est pas...réparable. » Elle se recula pour le regarder. « Mais...mais si tu refais un truc aussi stupide, je te jure que... »

« ...ça n'arrivera pas. Ça n'arrivera pas. »

« Je te fais confiance. » Elle embrassa la commissure de ses lèvres. « Et si on allait se coucher maintenant ? »

Il accepta volontiers, se levant tout en la gardant contre lui. Il la déposa dans le lit avant de retirer ses propres vêtements, restant en caleçon. Il lui jeta un coup d'œil, vérifiant qu'elle soit en accord avec sa tenue avant de filer vers la salle de bain. Depuis quelques jours, avec leur rapprochement, il avait enfin abandonné le jogging au lit et il en était soulagé. Madeline en avait ri, les joues plus roses que jamais, la première fois alors qu'il s'était allongé tout en soufflant, à l'aise.

Lorsqu'il revint, la brune avait les yeux grands ouverts en sa direction, le regardant de haut en bas sans retenu. Il en baissa le menton, soudainement trop conscient de son propre corps. Il voulait être attirant pour elle, malgré son histoire. Finalement, il s'allongea à ses côtés et ne tarda pas à l'attraper pour l'avoir contre lui. Madeline caressa son dos et sa nuque jusqu'à ce qu'il s'endorme, contemplant la soirée.
Elle avait été catastrophique et malgré l'envie de lui en vouloir, elle comprenait. Il l'aimait et ses sentiments en lien avec les traumatismes de Madeline avaient créé un melting-pot des plus dangereux. La propre enfance de Mathieu l'avait fait réagir de la manière la plus primaire possible. C'est en voyant le regard de déception de la brune qu'il avait compris son erreur mais l'acte avait été déjà fait. Néanmoins, elle n'eut la réaction qu'il attendait. A la place, elle resta à ses côtés. Et ce fut une des plus belle preuve d'amour, lui qui n'avait vécu que des abandons.

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