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Ils sortirent de la salle de sport une petite heure plus tard. Du moins, Mathieu attendit Madeline dans l'accueil pendant tout ce temps, celle-ci essayant de ressembler à quelque chose pour rencontrer sa belle-mère. Néanmoins, elle n'avait pas du tout prévu de la voir ce jour alors sa tenue ressemblait plutôt à celle d'un dimanche au lit plutôt que d'un dimanche en famille. À peine arrivée dans le hall, le blond attrapa sa main et sortit, le besoin immense de fumer rongeant ses nerfs. Il s'alluma une cigarette avant de marcher vers la voiture. Elle le suivit un pas en arrière, ne manquant pas le changement d'humeur du jeune homme. Néanmoins, s'il y a quelques mois, elle n'aurait osé rien dire, cette fois, elle l'empêcha d'entrer dans la voiture.


« Tu veux y aller tout seul ? » Il inspira sur sa clope, expirant vers le haut avant de la regarder. « Si tu as changé d'avis, c'est pas grave. J'avais pas d'autres tenues. Si j'avais su, j'aurai préparé un truc mieux. »

« C'est pas ça. T'es très bien comme ça. » Il attrapa une mèche du bout des doigts pour la mettre derrière son oreille, préférant s'excuser par ce geste que d'y poser des mots. « Pourquoi est-ce qu'elle veut me voir ? Sans doute, son cancer s'est aggravé. »

« Ou elle va mieux et elle veut te le dire. » Il n'y croyait pas. « Tu vas vite le savoir. » Elle monta sur la pointe de ses pieds pour embrasser sa joue.  « Et je serai là. Tu n'es plus seul, quoi qu'il arrive. »

Il hocha la tête, jetant sa cigarette, avant de déposer un baiser sur son front et de murmurer. « Rappelle moi comment je faisais quand t'étais pas là ? »


Ils entrèrent dans le véhicule pour se diriger vers l'appartement de la mère de Mathieu. Jusque devant la porte, ils restèrent silencieux, le blond incapable de discuter de banalités. Madeline passa une main rassurante dans son dos avant que la porte ne s'ouvre. Une femme d'âge mûr ouvrit la porte. Habillée d'une robe fleurie, elle ne portait aucun foulard, montrant un léger duvet sur son crâne. Elle n'attendait personne et son regard surpris en était la preuve. Elle plissa sa tenue nerveusement, geste n'échappant pas à la brune.


« Qu'est-ce que tu fais ici ? »

Madeline serra instinctivement les poings, cachés dans ses manches. « J'ai reçu ton message mais je ne pouvais pas venir avant. » Mathieu regarda la jeune femme à ses côtés, celle-ci soudainement tendue. Sa mère ne lui avait ni dit bonjour, ni sourit, ni invité à entrer. « Je te présente Madeline. C'est ma petite amie. »

« Enchanté ! » La plus âgée hocha la tête, silencieuse, la regardant de haut en bas. « On vous dérange peut-être ? On repassera si vous préférez. »

« Non non, entrez. »


Mathieu entra en premier, comme pour vérifier si aucun mal n'y était avant que Madeline ne rentre. Ils s'installèrent sur la petite table dans la cuisine tandis que l'hôte préparait un café. Le blond voulut se frotter nerveusement la nuque mais elle attrapa sa main pour l'en empêcher. Elle secoua la tête tout en le regardant, espérant être rassurante. Il serra sa poigne avant de se délier, ne voulant être proche physiquement devant sa mère. Cette dernière prit finalement place à leur côté.


« Tu as besoin de quelque chose ? Ton message ne disait rien. »

Elle quitta son café des yeux pour regarder son fils. « Je... » Elle souffla, évacuant sa gêne. Les secondes semblaient dorénavant des heures. « Je..J'au..j'aurais besoin... »

« Combien ? » Le ton de Mathieu fut dur et impatient. Pourtant, il s'y attendait. « Tu as besoin de combien ? »

« Juste...trois cent ? » Madeline ne put cacher sa surprise, elle qui s'attendait à un montant bien moindre. « Tu sais la vie ici coûte cher... » Il sortit son portefeuille, ne l'écoutant plus vraiment. Il sortit une liasse de billets, déjà prête, prouvant qu'il savait. Il la posa sur la table avant d'attraper son téléphone, cherchant une excuse pour souffler quelques minutes.

« Je reviens. » Madeline acquiesça tout en le regardant partir, rêvant de le suivre pour le prendre dans ses bras. Lorsqu'elle se retourna vers l'hôte, elle fut surprise de la voir la fixer, plutôt que ramasser son argent.

« Tu es sa petite amie alors ? » Elle hocha la tête. « Qui aurait cru qu'il trouverait quelqu'un. Tu devrais te méfier. Il détruit tout sur son passage.»

« Mathieu est quelqu'un de bien. Je suis chanceuse de l'avoir. » La plus âgée fit une moue, doutant de ses propos. La jeune femme, elle, en fut blessée. Néanmoins, elle ne prit pas la peine de le défendre, comprenant qu'aucune discussion n'était possible. Alors, à la place, elle se leva, son café encore intact. Elle prit son sac, le serrant contre elle avant de jeter d'un ton sec.  « Vous avez une belle robe. C'est quelle marque ? Elle a l'air coûteuse. » 


Elle reconnaissait le modèle pour l'avoir vu sur les réseaux sociaux. Ainsi, toutes deux savaient que l'argent de Mathieu ne servait qu'à ses plaisirs. Seulement, ce dernier entra alors que la brune lançait cette dernière phrase. L'insulte envers sa propre mère le heurta profondément, lui qui présentait pour la première fois une petite amie, celle qu'il pensait être la bonne, la seule. Il serra la mâchoire avant de s'approcher de Madeline.


« On y va. » Il passa une main dans son dos malgré l'envie de s'éloigner. « Je repasserai maman. » Celle-ci acquiesça sans un mot. Le couple sortit de l'appartement et dès la porte fermée derrière eux, Mathieu rompit le contact pour avancer rapidement.

« Mat. »

« J'ai pas envie de parler. »

« T'as pas écouté toute la conv... »

«...C'est pas la peine. » Il ne s'arrêta pas, rejoignant la voiture. « J'voulais que tu la rencontres parce que...parce que je t'aime et toi tu t'en vas dire ça. »

« J'suis désolée. »

« Laisse tomber. Rentre dans la voiture, j'te ramène. »

« Mat... » Elle le suppliait, ses mains s'accrochant à ses bras pour l'interpeller mais il resta stoïque, le regard au-dessus d'elle. « On peut en parler au moins. »

« S'il te plait, rentre. »

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