Ils prirent tous deux places sur le canapé, abandonnant le fauteuil, préférant être tout deux côte à côte. Mathieu avait le crâne contre le dossier, les yeux fixant le plafond alors qu'il y voyait des étoiles. Il n'arrivait à dire si c'était les antidouleurs ou l'irritation mais cet effet et surtout cette absence de contrôle le rendaient nauséeux. Il préféra fermer les paupières un instant. Il sentit le mouvement de Madeline partir mais n'en prit pas mesure, espérant seulement qu'elle revienne pour qu'il n'ait à faire aucun effort physique. Elle revint quelques secondes plus tard et déposa un gant frais sur son visage.
« Ca devrait te faire du bien. »
« Merci. » Elle laissa sa main glisser sur sa joue avant de se rasseoir à ses côtés. « Quel connard putain. »
« Est-ce que tu veux bien me raconter ? » Elle se mordilla la lèvre, espérant ne pas abuser. « T'es pas obligé. Je sais juste que c'est ton meilleur ami et vous vous disputez souvent. »
« C'est.. récent. »
« Par ma faute ? »
« Non, par la faute de Lisko parce que c'est un imbécile qui pense tout savoir. »
« Pourquoi tu tournes autour du pot ? »
« Parce que Lisko te juge sans te connaître. Si il prenait juste une seconde pour apprendre à te connaître, il arrêterait de.. faire ses putains de discours et à la place, il dirait que c'est moi qui te mérite pas. » Madeline put sentir ses ressentiments malgré son ton calme. Il retenait sa colère pour ne pas l'effrayer et elle en fut si perturbée qu'elle ne pensait pas à ses propos ni à la violence du jugement de son ami. « En plus, il croit que je peux pas...tomber amoureux. Il m'a dit.. » Cette fois il prit une voix idiote pour montrer l'absurdité de ses propos. « T'as qu'à b.. coucher avec une meuf et tu l'oublieras...comme si ça marchait comme ça. » Il avait essayé, après tout, pendant la promotion de son EP et ça avait été un honteux échec qu'il voulait à tout prix de ne plus jamais penser. « Il n'y comprend rien... »
« C'est la première fois que tu dis vraiment tu es amoureux de moi. »
Il retira le gant et tourna la tête en sa direction. Madeline avait son coude sur le dossier, la tête contre sa main et les joues tellement rouges qu'il en était obnubilé. « Je te l'ai dis un million de manières différentes, Madeline. » Elle baissa les yeux et attrapa sa main.
« C'est le pire moment pour tomber amoureux de moi, tu le sais ? » Il entrelaça leurs doigts et y déposa ses lèvres. « Je t'adore...profondément. Et ta présence me...conforte, me fait vivre...»
« ...J'demande rien de plus que ce qu'on a maintenant. » Elle reposa sa tête contre son épaule et il la souleva pour l'asseoir sur ses cuisses. Il l'enlaça entièrement tandis qu'ils n'avaient jamais été aussi proche. « T'es tout ce que j'ai besoin là, tout ce que je veux. Ca me suffit, ok ? »
Elle eut envie de lui dire que c'était pour le moment. Selon elle, il allait forcément se lasser lorsqu'elle ne lui donnerait ce dont il a besoin, ce dont tous les hommes avaient besoin. Puis, de toute manière, elle sentait qu'elle avait tous les vices depuis Julian, les médicaments, l'alimentation, le sommeil et ce soir, elle s'était même coupée la peau et y avait trouvé un plaisir malsain. Mathieu n'en connaissait que la moitié et la brune était certaine qu'il ne pourrait qu'être d'accord avec Lisko. Il dégagea ses cheveux vers l'arrière pour l'interpeller, la sentant dériver non pas vers un sommeil mais vers un de ses épisodes.
« Hey, à quoi tu penses ? Te prends pas la tête, Madeline. Est-ce que tu te sens bien, là tout de suite avec moi ? » Elle ne répondit pas. Si elle ne comptait pas les millions de pensées dans sa tête, tout allait bien. Il embrassa tendrement sa tempe comme s'il pouvait y aspirer toute idée noire. « Est-ce que je te fais peur ? Est-ce que je t'emmène quelque chose de négatif ? »
« Non, non, jamais. »
« Si un jour ça arrive, alors.. tu me le diras et on en parlera et s'il faut, on arrêtera de se voir, si c'est ce que tu veux. » Elle acquiesça, gardant une pointe d'inquiétude au creux de son ventre. « Va te reposer dans ta chambre, je reste là, ok ? » Cette fois, ce fut Madeline qui déposa un baiser sur sa joue avant de se lever. « Bonne nuit. »
« Bonne nuit. » Elle partit dans sa chambre mais revint quelques minutes plus tard, une couverture et un oreiller. "Pour toi." Il s'installa confortablement. « Bonne nuit, cette fois. »
En repartant, elle ne put louper le sachet sur la table basse. Elle avait envie de craquer, de tout envoyer en l'air, toute leur relation pour prendre ce sachet. Néanmoins, elle n'eut le temps d'hésiter que son cœur la dirigea dans sa chambre. Elle ferma la porte derrière elle et s'y effondra, se laissant glisser jusqu'au sol alors que ses démons l'envahissaient.
Tout semblait un mauvais timing et la frustration et la colère la rendaient folle. Si elle avait eu la force de sa battre plus fort contre Julian, si elle n'avait pas bu cette bière, Mathieu et elle seraient tombés amoureux. Il aurait été son premier amour, son premier baiser, sa première fois. A la place, elle crevait d'envie de lui voler ses médicaments dont il avait besoin, rien que pour s'éteindre, rien que pour ne plus être. Elle étouffa son sanglot dans son poing, se mordant jusqu'à y laisser des traces. Elle n'appela pas Mathieu et tomba dans un sommeil profond, épuisée par ses propres larmes.
Mathieu lui, fut incapable de dormir, tout autant torturé, refaisant lui aussi le monde avec des si. Il repensait à cette fois là, dans la cuisine, Madeline essayant d'ouvrir sa bière. Il était parti en voyant Julian, pensant que ses mains baladeuses n'étaient que la raison d'une relation amoureuse. Lorsqu'elle l'avait percutée, quelques jours plus tard, il avait sentit que quelque bise était étrange, dans son attitude, mais encore une fois, il n'arrivait à y croire. Il avait été aveugle de bout en bout, préférant se rassurer qu'il n'était pas un témoin, qu'il n'avait pas fui dès leur premier conflit tandis qu'elle suppliait secrètement son aide.
Seulement, c'était trop tard et les Si n'étaient que des traces de regrets et de peines qu'ils avaient besoin de pardonner.
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Check on me
FanfictionJe raconte mon histoire, sans en rajouter, sans drama. PLK est un personnage fictif. Sujets traumatiques tout au long de l'histoire. TW non indiqué, à prendre en compte pour chaque lecteur et sa sensibilité. EXTRAIT « Le futur blond ne perdit pas u...