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Madeline passa de nombreux concours pour rentrer dans une école correspondant à ses désirs. Le jour des résultats étaient quelques mois après et l'attente fut insoutenable. Elle se retenait de tout envoyer balader, par simple peur d'échouer. Néanmoins, Mathieu continuait de la soutenir, sans relâche jusqu'au dernier moment. Ils se retrouvèrent en fin de journée, la brune assis par terre et lui sur le canapé derrière elle. Il rafraîchissait la page internet tandis qu'elle se recroquevillait sur elle-même, le cœur palpitant désagréablement, se berçant légèrement d'avant en arrière. Elle avait travaillé dur mais les quelques cours pris en ligne ne valait pas une année préparatoire en école. De plus, elle continuait d'avoir ses difficultés à se concentrer et à mémoriser, comme si sa mémoire avait décidé de ne plus prendre le risque d'enregistrer, juste au cas où.

« Aies confiance en toi. » Il passa sa main dans son cou pour lever sa tête et la regarder. « J'arrive à t'entendre penser d'ici. »

Il embrassa son front tendrement alors qu'elle se perdait dans ses yeux, y trouvant un réconfortant certain. Il réactualisa la page et cette fois, une liste s'afficha. Madeline quitta sa contemplation, voyant dans son expression une certaine appréhension.
Et si...
Il chercha son nom mais comme si le destin continuait d'être contre elle, la liste était dans l'ordre alphabétique, ainsi, il dut passer plusieurs pages.

« Putain mais t'es où ? » 

« Là ! » Elle pointa de son doigt son prénom. Celui-ci suivit sa ligne. « Qu...Quarante sept. »

Même si elle lui avait expliqué plusieurs fois, les concours étant tous différents, il ne savait si pour celui-ci, c'était une bonne nouvelle. « C'est bien ? Pas bien ? » Madeline qui pleurait n'était pas non plus aidant.

« Il y avait mille cinq cent personnes ce jour là.. quatre vingt dix places. » Cette fois, il comprit et attrapa ses mains pour l'inciter à se redresser. Elle le fit et il prit sa hanche pour qu'elle s'assoit sur ses genoux. Elle ne tarda pas à se loger contre lui, le visage dans son cou pour y cacher le trop plein d'émotion. Il caressa sa nuque amoureusement.

« J'suis fier de toi, Maddie. Si tu savais comment je suis fier. » Il embrassa son crâne avant de relire l'écran. Il n'avait pas eu beaucoup de doute quant à sa réussite. Néanmoins, elle lui avait suffisamment expliqué le peu de chance d'y arriver qu'il en avait compris les enjeux. « Ça va être génial.. »

« ...et difficile. »

« Je sais mais... » Il susurrait dorénavant, la serrant un peu plus. « Mais je crois que plus rien ne peut t'arrêter si ce n'est toi même et tes propres peurs. »

Il n'avait pas tort. Ils avaient changé de quartiers loin des souvenirs mais surtout loin de la bande du squat. Les risques de revoir ses agresseurs étaient minimes, voire nuls. Le futur semblait beau, magnifique, à deux tandis que le présent était dès plus resplendissant.
Néanmoins, Madeline savait aussi être sa propre et principale limite. Et malgré les efforts réalisés, malgré l'envie de faire mieux, elle continuait de se réfréner. Notamment, elle gardait cette pudeur avec Mathieu. Plus le temps passait, plus elle se demandait combien de temps il pouvait attendre.
Le blond n'eut besoin de super pouvoir pour comprendre qu'elle divaguait dans sa tête. Il repassa sa main dans son cou pour la forcer à se décoller de lui et le regarder.

« Arrête de t'inquiéter. Tu vas réussir. Et même si c'est pas le cas, si finalement ça ne marche pas ou même que ça ne te plaît pas alors...tu trouveras un autre truc.. t'as le temps Maddie de trouver ce qui te correspond. »

« Arrête de dire que j'ai le temps. » Il put voir son menton trembler et ses yeux se remplir de larmes.

« Tu parles pas de tes études, là. » Il fronça les sourcils, comme si en se concentrant sur son regard, il pourrait entendre ses pensées. Mais tout ce qu'il voyait était de l'angoisse, celle de ne pas être à la hauteur. « Madeline ? Tu parles de quoi ? » Elle haussa les épaules, refusant d'avouer que ce sujet était encore dans sa tête. Elle était obsédée par cette normalité créée par ses propres traumatismes. « Merde, pourquoi tu penses à ça maintenant ? » Il n'avait besoin de plus pour comprendre. Ils en avaient discuté encore et encore et malgré ses mots réconfortants, elle restait enfermée dans ses idées. « Parle-moi. Dis-moi. »

« A quoi ça va servir ? Tu sais déjà. »

« Pourquoi tu t'obstines avec ça ? Je t'ai déjà dis que je m'en foutais, que j'avais pas besoin de tout ça. Je t'ai dis qu'on avait le t.. »

« Le temps. » Elle tenta de s'éloigner, de prendre de la distance mais il refusa et s'agrippa à sa hanche.

« Arrête de courir après une vie..soit disant normale Maddie. T'es en train de gâcher une belle victoire là. » Cette fois elle attrapa sa main pour la retirer. Elle se leva et il ne la retint pas, conscient qu'il ne pouvait la restreindre. « Qu'est-ce que t'es entrain de faire ? » L'anxiété était telle que Madeline n'arrivait à voir clair. La montagne d'émotion la rendait toujours négative et ce soir n'en était qu'une preuve de plus. Elle commença à faire les cent pas, espérant se calmer. « Étape par étape, tu te rappelles ? Je sais que t'attendais ton école avec impatience et que ça fait remonter plein de trucs mais là, il faut vraiment que tu vois tout ce qu'on a. »

« Tu le dis comme si c'était un reproche. » Il fut surpris de sa réponse. Ça n'avait jamais été son intention, au contraire.

« C'est pas le cas. Tu le sais. »

Elle se pinça les lèvres et baissa le menton. Elle le savait. Elle cherchait seulement le conflit pour exploser. « On verra bien quand tu me quitteras parce que t'en auras marre de moi parce que je serai pas comme toutes les autres. C'est sympa de vouloir me sauver mais ça finira par être lassant. Tu voudras une fille qui n'aura pas simplement peur de te toucher. » Il secoua la tête, durement mais elle le fuyait, regardant le mur opposé à lui. « C'est facile. »

Il se mit debout et s'approcha, sans la toucher pour autant. « Non, ça l'est pas. Et je vais même pas rebondir sur ce que tu viens de dire. Tu le penses même pas. Tu connais déjà mes intentions envers toi, les met pas en doute. » Comme tous les autres l'avaient fait, sauf elle. « Tu peux douter de tout, sauf de moi. »

« Je suis désolée. » Elle baissa la garde et il en profite pour l'attraper et la serrer contre lui. « J'vais jamais y arriver. J'arrive à rien. Et j'suis même horrible avec toi...exprès. »

« C'est ce qu'on fait quand on a quelque chose à perdre. » Il embrassa sa tempe tendrement. « Mais tu risques rien avec moi, même quand tu fais ta tête de cochon. Alors, s'il te plait, fêtons ta victoire. Une énième et magnifique victoire. Et on en aura d'autres, crois-moi, mais tu dois apprendre à accepter qui tu es. »

« C'est impossible...pas après tout ça. » Pas après qu'on lui ai volé son corps, son intégrité puis son esprit. « J'peux pas. »

« Alors laisse-moi t'accepter comme tu es parce que tout ce que je veux c'est toi. Et tu finiras par y croire parce que je ferai tout pour que ça soit le cas. »

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