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Il déposa un dernier baiser sur son front avant de s'éloigner. Madeline avait retrouvé son calme. Elle avait alors exprimé son besoin d'être chez elle, sans donner de raisons parce que celles-ci étaient toutes honteuses. Elle voulait se retrouver seule pour s'endormir, par tous les moyens, se mettre en veille. Mathieu pensait seulement à ce qu'elle souhaitait, lui proposant de la déposer et même de lui prendre un repas à emporter quelque part. Elle refusa la dernière proposition, prétextant avoir un repas dans son frigo. C'était complètement faux mais il n'osa la contredire après ses pleurs. Ils sortirent tout deux mais Mathieu lui donna les clés de la voiture.


« Je te rejoins dans cinq minutes. Je les préviens. » Elle fronça les sourcils, espérant le faire céder mais c'était une règle qu'il respectait depuis toujours avec ses amis. Il leva néanmoins sa main qu'elle refusa de prendre, boudant, une moue exagérée sur son visage. « Viens avec moi, je préviens où je vais et on y va. » Elle secoua la tête, non pas qu'elle refusait de le suivre, de respecter ses habitudes ou même de voir ses amis. Tout ce qu'elle voulait, c'était de ne pas voir Jelila parce que dans un simple regard, elle saurait qu'elle n'avait rien dit.

« Je t'attends dans la voiture. »

« Je m'en doutais. »


Pour se faire pardonner de son caprice, Madeline tendit sa joue pour qu'il y dépose un baiser. Il céda sans hésitation. Il attendit qu'elle parte avant de rejoindre ses amis. Il les informa de son absence temporaire, ne prenant pas la peine de s'expliquer alors qu'ils avaient dorénavant l'habitude de ses allers retours pour ramener la brune. Ils avaient essayé d'en faire un commentaire, la dernière fois mais il les avait fait taire rapidement, ne supportant plus aucune remarque. Il prit le temps de voir Walid afin de le rassurer mais alors qu'il s'en allait Jelila l'interpella brusquement, attrapant son bras pour l'arrêter.


« Mathieu, attends. » Il se retourna. « Elle t'a dit ?" »

« Jelila... »

« Elle devait te le dire ! » La jeune femme ne put cacher sa frustration. « Je ne mentirai pas pour elle... »

« ...Personne te demande de mentir mais d'au moins respecter sa vie privée. Elle m'en parlera quand elle voudra. »

« Jamais, donc. Alors que c'est super important. » Il haussa les épaules avant de repartir pour rejoindre Madeline qui devait l'attendre. Toutefois, elle l'interpella une nouvelle fois, refusant de laisser passer la situation. « Un mec l'a interpellé. Il parlé d'un...squat. Madeline a pleuré. Elle avait l'air effrayé. Elle en a même vomi. C'était... »


Mathieu ne prit pas la peine de l'entendre plus avant de partir. Son coeur cognait dans sa cage thoracique, les pulsations remontants jusqu'à son crâne. Il était en rage et plus rien ne semblait passer dans son cerveau à part ce besoin de clôturer cette histoire pour Madeline. Lui n'avait pas comprit que c'était le meilleur ami et non Julian mais de toute manière, les deux étaient fautifs. Il passa devant sa voiture mais ne put s'arrêter. Peut-être que s'il avait vu la brune, il aurait changé d'avis mais il faisait nuit et ses yeux étaient bien trop concentrés sur son objectif.

Néanmoins, elle, ne loupa pas la furie qui passa devant elle. Elle jura entre ses dents, comprenant que Jelila lui avait tout raconté et qu'il partait de colère. Toutefois, au lieu de penser qu'il était fou à cause de la rencontre, elle pensa immédiatement que c'était par sa faute et qu'il la fuyait pour ne pas s'énerver contre elle. Pourtant, malgré tout, elle le suivit, espérant pouvoir se justifier.


« Mathieu ! » Elle dut courir pour le rejoindre mais il ne s'arrêta pas, continuant dans la rue. Dorénavant, ils n'étaient plus seuls, les amis du blond inquiets de sa réaction suite à la déclaration de Jelila. « Arrête-toi, s'il te plait, j'suis désolée. »


Elle ne put empêcher ses larmes de couler alors qu'elle continuait de le suivre, s'étant arrêter de courir pour seulement marcher, son souffle trop coupé. Walid passa devant à pas de course, connaissant Mathieu et ses capacités à mettre à mal par ses simples poings. Il tenta de l'arrêter au mieux mais il savait qu'en le bloquant physiquement, il n'aggraverait que la situation. Ainsi, il fit le pire, jouer sur ses sentiments.


« Madeline est en train de chialer sur le parking. » Le blond s'arrêta brusquement comme si sa conscience revenait en première place. « Si tu te barres, égoïstement, les frapper, tu vas la perdre. C'est pas ce dont elle a besoin. »

« Et moi, putain ? »

« C'est pas une question de toi. »

Mathieu souffla, en rage. « Et moi ? J'ai rien le droit te ressentir ? Mais merde ! » Il donna un coup dans une poubelle de la rue. « J'dois rien faire quand elle souffre ? J'ai suffisamment rien fait ! J'veux plus ! Qu'est-ce que tu ferai à ma place, hein ? Tu resterais bien sage à supporter toutes leurs conneries ? »

« Polak... »

« ...Non, c'est facile de me dire quoi faire quand on est pas à ma place ! » Il passa une main sur son visage, séchant ses pleurs avant qu'il ne les voit. « Je l'aime, ok ? Et il est hors de questions que je les laisse la martyriser ! »

« Ok, mais pas maintenant, s'il te plait. Gâche pas tout. »

Cette fois, une larme s'échappa avant qu'il ne l'essuie, brillant honteusement à la lumière des réverbères. Walid n'en fit aucun commentaire mais comprit la gravité de la situation mais aussi des blessures de Mathieu. Certes, il n'était pas la principale victime mais son amour pour Madeline avait réalisé un transfert de douleur immense sur le blond qui prenait à cœur chaque geste, chaque mot, chaque pensée contre elle.


« Va la voir, va la rassurer. Et, quand tu l'auras ramenée, on réfléchira à quoi faire pour qu'ils la laissent tranquille. »

« J'vais les buter. »

« On verra mais pour le moment, il y a des priorités. » Walid se retourna pour voir si Madeline était derrière. Elle l'était, les regardant de loin, hébétée, entendant leur conversation mais surtout la peine de Mathieu qu'elle pensait créée par sa faute. « Tu veux t'en occuper maintenant et prendre le risque de perdre la meilleure histoire que tu vis ou tu veux aller la voir, la rassurer et la ramener chez elle pour continuer avec elle ? »

« Bien sûr que je la choisi mais ça n'empêche pas la réalité, ça n'empêche pas que je suis en rage parce qu'il se passe. »

« Je sais, t'as le droit. Je serai surement bien plus con que toi mais là, t'as une chance de pas faire de la merde. »


Cette fois, il acquiesça et avança en direction de Madeline. Lorsqu'il approcha, il put voir ses yeux pleins de larmes. Il tendit ses bras en sa direction mais elle n'avança pas, croisant les siens tout en baissant le menton pour regarder le bitume. Elle se sentait lésée, non pas parce qu'il était parti à toute vitesse mais parce qu'elle pensait qu'elle en était la fautive. Ils s'excusèrent à l'unisson et se regardèrent immédiatement.


« Pourquoi tu t'excuses ? » Mathieu n'aurait pas  pu être plus confus.

« Parce que je t'ai pas dit et que maintenant, tu as entendu la version de Jelila et pas la mienne. »

« J'voulais même pas de sa version, Madeline. Je lui ai demandé de rien dire mais...mais elle a pas respecté. Je voulais que ça soit toi ou rien. » Il souffla. « Ca m'aurait surement évité de péter un câble. »

« Pourquoi t'es parti, alors ? » Elle décroisa ses bras, essuyant ses joues d'une manche.

« Parce que j'en peux plus de ces mecs. J'en ai marre de rien faire pour toi. Je me sens inutile. Cette journée était censée être positive. On aurait terminé notre soirée tous les deux, tu m'aurais raconté ta super séance de sport et moi, je me serai plaint, comme d'habitude, sur le rap. T'aurais écouté ma musique pour me rassurer. Et avec un peu de chance, on se serait embrasser. »A ses mots, elle s'enfonça contre son torse, front contre celui-ci comme à son habitude. « Mais je suis désolé d'avoir foncé comme un connard sans penser à toi. » Il déposa un baiser sur son crâne pendant qu'il la serrait de toutes ses forces.

« Est-ce que tu peux me ramener ? J'veux juste me reposer maintenant. »

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