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A peine arrivé dans la maison de location, chacun se dirigea vers une chambre pour dormir avant le lever du jour. Madeline s'endormit immédiatement après n'avoir su se reposer dans la voiture. Mathieu, malgré la conduite, était incapable de fermer les yeux. Il n'en connaissait la raison mais il avait tourné encore et encore dans son lit jusqu'à l'aube. Il fut sortit de ses pensées par Lisko qui entra dans sa chambre pour l'inviter à aller à la salle de sport du coin. Malgré la fatigue, il accepta, espérant pouvoir éliminer cet inconfort intérieur. Il s'habilla rapidement pour pouvoir passer par la chambre de la jeune femme. Il toqua légèrement contre la porte. Il l'entendit grogner d'entrer, ce qu'il fit.

Il s'approcha d'elle tandis qu'elle se mouvait avec difficulté. Les paupières closes, elle tendit sa main en l'air pour qu'il la prenne. Il prit place au bord du lit et y caressa ses cheveux, moites de sa courte nuit agitée.


« Salut. » Il déposa un baiser sur sa tempe et elle attrapa son cou pour l'enlacer. « T'as l'air d'avoir bien dormi. » Elle hocha la tête. Son sommeil avait été lourd, sans cauchemar dont elle se souvenait. Pourtant, la pellicule de sueur et les marques d'ongles dans ses paumes prouvaient que son inconscient s'était amusé seul. « Je vais à la salle de sport avec les gars. Tu veux venir ou te reposer ? »

« Me reposer. »

« Si t'as besoin, tu m'appelles et je reviens. » Elle hocha la tête, ne le libérant pas pour autant. « Tu te sens comment ? » Son silence l'inquiéta et il la força à le délier, attrapant doucereusement ses poignets pour s'éloigner. « Madeline ? »

« Ca va. J'me sens juste super fatiguée mais ça va t'inquiète. » Il abandonna un baiser sur son front avant de se lever. « A toute à l'heure. » Elle se recroquevilla de nouveau sur elle-même, prête à se rendormir à son départ.


Il la regarda une nouvelle fois avant de quitter la chambre, ne pouvant empêcher l'inquiétude de s'infiltrer dans son cerveau. Toutefois, il n'en fit aucun commentaire et préféra partir à la salle comme prévue, ne souhaitant pas lui remettre la vérité en face. Elle s'endormit rapidement, le silence de la maison aidant. Elle se réveilla avant leur retour et profita de sa solitude pour se diriger vers la salle de bain. Seulement, elle ne sut être complètement bienveillante envers elle-même. Le mitigeur fut impossible à régler et elle profita de cette excuse pour prendre une longue douche brûlante, restant immobile tandis que l'eau coulait sur son corps. Elle sortit seulement lorsque sa peau devint rouge et insensible. Elle n'en fit rien, ne prenant la peine de se regarder dans le miroir, s'habillant seulement pour rejoindre la cuisine et se préparer un café.

Elle s'installa à l'extérieur, sur un transat au bord de la piscine, appréciant l'horizon tout en étant dans sa tête. Si bien qu'elle sursauta lorsque les garçons rentrèrent, piaillant comme des adolescents autour du poids maximal porté, de la taille de leur biceps ou de la force de leur poing. Ils se turent grâce à Mathieu qui leur lança un regard clair, juste au cas où elle dormait encore.


« Fermez la, elle dort peut-être encore. » Elle rentra à l'intérieur, un sourire timide sur les lèvres, complètement obnubilée par la protection du blond envers elle mais surtout, si elle avait été honnête, son torse nu congestionné était sans aucun doute la raison du rose à ses joues. « Ah, bah elle est là. » Il s'avança vers elle pour embrasser sa pommette. « Ca va ? »

« Oui et toi ? » Il hocha la tête. Madeline regarda derrière lui et dès qu'elle vit Lisko et Norvan quitter le séjour pour se laver, elle se replia contre son buste, cherchant son contact. Il y répondit favorablement, enroulant ses bras autour d'elle.

« Les gars veulent faire un brunch au restaurant. » Elle ferma les paupières, l'oreille contre son cœur, espérant en devenir sourde, espérant que tous ses sens soient noyés par leur proximité pour tout oublier notamment ses peurs, celles qui lui donnaient la nausée en l'instant à l'idée de manger à l'extérieur, en collectivité. « Tu peux pas rester enfermer ici. »

« J'ai l'impression d'être un poids constant. » Il la serra un peu plus, passant une main contre sa nuque. « Pourquoi j'suis là ? Pourquoi t'acceptes tout avec moi ? »

« On peut pas avoir un million de fois cette conversation, tu le sais. » Elle hocha la tête, culpabilisant maintenant d'avoir ramener le sujet. Tout était chaotique, sans aucun doute. Ces vacances débutaient mal et il semblait que rien ne pouvait les arranger. « T'es déjà prête alors, profite encore un peu de l'extérieur. On se prépare avec les gars et on y va. » Il déposa un nouveau baiser sur sa tempe avant de s'éloigner. « Profite du moment, d'accord ? Fais moi confiance. »


Ça n'avait rien à voir avec la confiance mais bien ses peurs. Toutefois, elle fut incapable de faire un commentaire alors qu'il disparaissait vers une des salles de bain. Elle eut envie de s'effondrer, de partir et prendre la fuite jusque Paris. Pourtant, elle resta immobile, reprenant son souffle, les paupières closes pour se retenir de pleurer. Elle put retrouver constance mais lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle tomba sur Lisko qui la regardait étrangement, comme si elle était une sorte d'ovni ou d'une bombe prête à exploser. Elle se força à sourire mais il n'y répondit pas, préférant faire demi-tour. Et cette fois, Madeline sortit sur la terrasse pour y cacher ses larmes.

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