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Mathieu enchainait ses journées entre l'appartement de Madeline et ses obligations professionnelles et familiales. Il ne s'en plaignait aucunement mais sa fatigue était dorénavant placardé sur son visage tandis que l'angoisse, elle, aggravait le reste. De plus, il était incapable de dormir, complètement décalé par les nuits au studio. Ainsi, ses paupières ne se fermait pas plus d'une seconde sans qu'une vague d'anxiété fasse palpiter son cœur tandis que ses muscles ressentait un besoin immense de se contracter, de se dépenser malgré l'épuisement. Il abandonna le lit pour rejoindre le séjour de l'appartement. La brune dormait déjà depuis quelques heures, sans accro. Dorénavant, l'infirmière ne passait plus et un pansement simple recouvrait sa cicatrice, sans point de suture. Les forces de l'ordre passait par l'avocate. Tout semblait aller au pour le mieux. Pourtant, il n'arrivait à se calmer, à ne pas entendre Madeline pleurer à peine avait-il le dos tourner, à ne pas voir les membres du squat absolument partout. Il avait envie de la venger jusqu'à peindre de leur sang les murs de la ville. Il prit place sur le canapé pour préparer un joint, espérant qu'il lui permette un ailleurs. Seulement, il n'eut que d'autres effets qu'une perte d'inhibition. Il en appela Lisko, à trois heures du matin, lui proposant un plan regrettable. Il raccrocha rapidement pour ne pas se faire prendre mais son absence fut suffisante pour réveiller la brune qui la rejoignit. 

Elle prit place à ses côtés, prenant sa seconde roulée pour l'écraser dans le cendrier. Elle s'approcha, s'inclinant vers lui, une jambe au-dessus de la sienne. Elle déposa un baiser sur son épaule avant d'y reposer sa tête, encore complétement ensommeillée. Lui, attrapa sa main pour y caresser la paume tendrement. Elle y répondit favorablement, entourant ses bras autour de lui.


« Qu'est-ce qu'il se passe ? » Elle murmurait dans son oreille, tendrement, tout en caressant son dos, suivant les lignes de ses muscles distraitement. « Tu passes tes nuits dans le salon depuis quelques jours. » Il ne sut répondre, bouillonnant intérieurement. Le plan avec Lisko était imparfait, dangereux mais source d'une nouvelle rage vengeresse. « Mat ? T'as besoin de dormir, comme tout le monde. »

« J'y arrive pas. » 

« Peut-être que tu as besoin de dormir ailleurs, que t'as besoin de temps pour toi.» 

« Je t'arrête là, me propose même pas d'être loin de toi. » Il se laissa choir sur le dossier du canapé, se radoucissant. « J'préfère être près de toi. »

« Alors dis-moi. » Madeline glissa sa main le long de sa mâchoire tout en l'invitant à tourner la tête en sa direction. Il le fit, refusant de la contrarier plus. « Avant tu me disais tout, tu te rappelles nos soirées au studio ? »

« C'était avant tout ça. » Elle retira sa main comme si ses mots venaient de brûler le bout de ses doigts. Il vit l'effroi dans son regard, comme s'il venait de confirmer les propos qu'elle appréhendait depuis toujours. « Pas comme ça. » Il reprit sa main. « J'suis juste...tellement en colère. Le peu de sommeil que je peux avoir, j'y arrive pas parce que je rêve de...les tuer. J'ai envie de les frapper jusqu'à ce qu'ils me supplient d'arrêter. Et je..." Il s'arrêta, la mâchoire serrée, se détestant de lui montrer toute cette haine, toutes ces scènes de torture qu'il avait imaginé, elle qui avait tant vécu de violences.

« Et tu ? » 

« On peut pas parler de ça. » Il secoua la tête, une boule brûlante au creux du ventre. Madeline vit l'incandescence dans ses prunelles. Il bouillonnait. Elle reprit ses caresses tendrement, glissant sur ses clavicules puis son torse nu, la tête reposée contre son épaule. 

« Pourquoi est-ce qu'on peut pas ? Tu crois que je suis pas capable de supporter ? Je suis là pour toi. On est au même niveau, non ? Ou tu crois que je suis inférieure à cause de ce qui m'est arrivée ? » Malgré son inquiétude, elle ne s'éloigna pas, gardant le contact physique. De toute manière, si elle s'était éloignée, il l'aurait rattrapée avant même qu'elle n'est un début de geste. « J'suis capable de tout entendre. »

« Je sais, c'est pas ça. » Il attrapa sa main pour y embrasser le dos. Dès qu'il délaissa le lien, Madeline reprit ses tendresses. Il avait l'impression qu'elle chassait toute colère et les émotions qu'il ressentait. « J'ai honte d'être aussi en rage, d'être aussi centré sur moi-même alors que ça n'a rien à voir avec moi. Et t'as pas besoin de quelqu'un comme ça à tes côtés. »

« Tu ne dois pas t'oublier. Le fait que tu sois affecté est normal.. si ça t'étais arrivé, je serai dans le même état que toi, pas de doute parce que je tiens à toi...que je t'aime et que j'veux que rien ne t'arrive. » Mathieu ferma les paupières lorsque Madeline se rapprocha, reposant maintenant sa tête contre son torse. Il la porta pour pour l'avoir sur ses genoux et elle la serra un peu plus fort. « Alors parle moi, quand tu en as besoin. On peut parler de tout, tu le sais. Et je pense vraiment que tu devrais prendre du temps pour toi. Tu jongles entre me supporter...»

«...j'ai pas à te supporter. »

« Tu jongles entre moi, ta famille, la musique... et dans tout ça, t'es nul part. T'as le droit de prendre du temps pour toi et je veux que tu en prennes. Tu fais toujours passer les autres avant toi même quand tu ne devrais pas mais là, t'es en train de.. te faire dévorer par la...colère. Je t'aime trop pour que tu finisses complètement...dingue...pour que tu termines en taule pour une vengeance inutile. »


Face à son absence de réponse, elle releva le menton. Il s'était endormi, calmé par son contact et sa voix. Madeline lutta contre son propre sommeil, vérifiant qu'il dorme jusqu'au petit matin, continuant ses caresses pour être certaine qu'il ne se réveille pas.

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