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Après le baiser avec Madeline, Mathieu quitta l'appartement, bien plus en retard que ce qu'il avait imaginé. Pourtant, il resta un instant dans la voiture, un sourire sur les lèvres qu'il essayait de cacher en les plissant. Il avait peine à y croire comme si tout ça n'était qu'un rêve. Il y avait pensé un million de fois, c'était certain mais il savait qu'il faudrait du temps, peut-être même en parler précédemment. Seulement, celui-ci était venu naturellement, tous les deux en ayant envie. Il se força à sortir de ses pensées, sûr qu'il remonterait en quelques secondes s'il restait plus longtemps.

Il rejoignit son studio où tout le monde l'attendait déjà. Il salua l'ensemble, un par un, se présentant poliment même s'il était attendu et dorénavant connu. Il ne s'habituait toujours pas à cette idée et la pression qui venait avec tout ça était dérangeante, toujours au coin de sa tête. Néanmoins, il se savait chanceux alors il ne disait rien, prenant une chaise pour s'asseoir et faire en sorte de donner l'impression qu'il avait sa place.
Les rendez-vous s'enchainèrent et sa tête en tourna presque. Et il n'eut le temps de se recomposer que ses amis rejoignirent le studio. Walid était lui aussi présent, invité après avoir demandé le numéro de Jelila pour Madeline.

Ils se saluèrent tout deux et comme à son habitude, Walid ne put se retenir de faire son enquête, voulant connaître toute l'histoire entre les deux protagonistes. Ainsi, il ne se fit pas prier pour s'asseoir à ses côtés devant l'ordinateur.


« Les gars vous nous laissez cinq minutes ? Je veux parler à Polak. » Personne ne grommela et ils sortirent tous, fermant la porte derrière eux.

« T'as besoin de quelque chose ? » Mathieu alluma une roulé qu'ils partagèrent.

« J'veux que tu me racontes enfin ta relation avec Madeline. » Il le pointa du doigt tout en plissant ses paupières, son sourire immense trompant son sérieux. « T'étais complètement défoncé et tu voulais voir qu'elle, genre vraiment. Tu m'as...même gavé tellement t'étais... » Il fit les gros yeux. Mathieu, lui, haussa les épaules. « Alors, raconte. J'veux tout savoir. J'veux comprendre ce qui se passe. dis-moi où est-ce que tu l'as rencontrée ? »

« Tu te rappelles que je vendais parfois dans une maison d'étudiants ? » Walid hocha la tête. « Je l'ai rencontrée là-bas. J'étais dehors et quand je suis rentrée dans la maison, elle était là, toute seule. Elle essayait d'ouvrir une bière et voilà, elle était...magnifique et donc je suis allée là voir. C'était...tout au début mais quand on a parlé, le feeling est passé. »

« Au début, tu voulais juste la ken en fait ? »

Mathieu grimaça. « Ouais, bon, tu connais mes anciennes habitudes mais là, c'était différent. J'aurai pu passer ma soirée à discuter avec elle mais un mec est arrivé, super proche d'elle. J'suis parti et je l'ai laissée avec lui. »

« Elle avait un mec ? Tu déconnes ? »

« Mais arrête de m'interrompre. » Il se ralluma une roulée rapidement, anxieux de continuer cette histoire. « Je pensais que c'était son mec, ok ? Je l'ai laissée du coup, normal. Bref, on s'est vus d'autres fois avec Madeline, on a beaucoup discuté et...j'en sais rien...je me suis jamais autant confié à une personne, encore moins une femme. Il s'est rien passé de physique entre nous, avant que tu demandes, on discutait, c'est tout, mais...ça me suffisait. J'attendais d'aller à ces soirées pour la voir mais plus j'y allais plus je la voyais changer, à cause de son...ce que je croyais son mec. J'ai essayé de lui en parler, plusieurs fois mais elle m'a toujours repoussé alors... je l'ai... » Il souffla, baissant le menton, encore honteux en repensant à sa lâcheté. « abandonnée là-bas. Je suis parti en promo, j'ai tout fait pour oublier mais...ça n'a pas marché. »

« Elle était encore dans ta tête. »

Il hocha la tête. « Pire que ça. Bref, en fait, ce gars, c'était pas son mec, c'était pas un ami et il... » Il serra la mâchoire, sentant un sanglot contracter son ventre. « Me fait pas le dire, Maes. »

« J'ai compris, t'inquiète. »

« Merci. » Il passa une main dans ses cheveux délavés, s'arrêtant à sa nuque pour y enfoncer ses ongles jusqu'à blanchir ses phalanges. « Mais ça ne change pas qui elle est, ce qu'elle représente pour moi, tu vois ? Elle est...spéciale, drôle, belle. Tu te rends compte que pendant qu'elle était au squat, elle m'écoutait me plaindre de ma vie ? J'ai sans arrêt envie de la voir, de l'inviter ici, d'aller chez elle. J'fais plus attention à elle qu'à moi-même. J'préfère la voir que sortir avec les gars. Je vois plus aucune autre meuf, il y a qu'elle, j'veux qu'elle. »

« T'es dingue d'elle. »


Il plissa les lèvres et hocha la tête, repensant immédiatement au baiser. Seulement, il n'eut le temps de le verbaliser qu'on toquait contre la porte. Walid fut celui qui invita à entrer, Mathieu sentant le bombardement d'émotions le rattraper. Celui-ci manqua d'exploser en vol lorsqu'il vit Madeline passer une tête, les larmes aux yeux. Les deux hommes se levèrent immédiatement, Maes pour ouvrir et l'autre par instinct.


« Rentre, Madeline, j'vais vous laisser. » Elle acquiesça sans même le regarder, préférant regarder ses propres baskets. « Si besoin, j'suis à côté, ok ? Polak ? »

« Oui, merci. »


Il attendit que la porte se ferme avant de tendre ses bras en sa direction. Elle s'y nicha sans hésitation, laissant ses sanglots s'étouffer dans son sweat-shirt. Il la serra contre lui, son menton sur son crâne, retenant au mieux ses propres émotions. Il n'avait aucune idée de ce qu'il se passait mais il savait déjà que quelque chose n'allait pas. Ce matin, alors qu'elle lui avait demandé le numéro de Jelila, il avait eu espoir que tout se passe bien mais ce soir, elle était en larmes, serrant son haut comme si sa vie en dépendait. Il caressa ses cheveux, recollectant son calme avant de s'arrêta à sa nuque, l'incitant à le regarder. Elle se décolla malgré elle mais en fut récompensé par un baiser sur son front.


« Parle moi. » Elle secoua la tête négativement, une nouvelle vague apparaissant en entendant sa voix. « Ok, alors reviens par là. » De sa main, il la rapprocha de lui, l'invitant à se blottir de nouveau. « Pour le moment, tout ce qui compte, c'est toi. »

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