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Les urgences étaient bondées et malgré l'insistance et l'inquiétude de Mathieu, rien n'avait fait passé Madeline avant trois heures plus tard. Elle avait reposé sa tête contre l'épaule du blond, espérant que son soutien et son confort lui permettrait d'oublier la douleur. Lorsqu'une infirmière lui demanda de la suivre, elle dut abandonner le jeune homme et la suivre. Elle n'eut le courage d'insister pour avoir sa présence et s'en alla seule, comme toujours. Lui, n'eut d'autre choix que de la cour s'en aller.

« Vous venez pour... » La professionnelle lut son dossier tout en l'accompagnant dans un box. « ...des douleurs au ventre ? » La brune hocha la tête, trop intimidée pour expliquer la situation. « Votre ami a dit que ça faisait plusieurs semaines ? Vous n'avez pas été voir un médecin avant ? » Elle lui montra du doigt le lit sans quitter son dossier des yeux. « Allongez vous, le médecin passera. »

Et elle s'en alla. L'angoisse fut telle que Madeline ne put retenir des larmes silencieuses tout en attendant le médecin.

Mathieu lui, avait préféré sortir quelques minutes pour fumer une cigarette. Il refusait de quitter l'établissement mais ne supportait pas d'être à l'intérieur. Ca lui rappelait beaucoup trop sa mère et sa maladie pour pouvoir y respirer normalement. Son retour sur Paris était plus que mouvementé et il semblait que tout lui échapper de plus en plus, de sa vie à ses propres émotions. Cette fois, il se prépara un joint, espérant pouvoir calmer son palpitant de bombarder dans sa poitrine. Il eut le temps d'en consommer deux avant qu'un agent vienne le voir. Il portait un badge de sécurité et semblait peu coopératif. Le blond éteignit sa roulée, supposant qu'elle en était la raison puis se leva du banc. Il comptait coopérer, étant hors de question de se faire virer et de ne pouvoir voir Madeline.

« Monsieur Pruski ? » Il hocha la tête. « Vous voulez bien venir avec moi ? » Il eut envie de rire, du moins au début, en se demandant pourquoi tous les vigils voulaient sa peau cette nuit. Toutefois, le ton sérieux l'en empêcha. Ce n'était pas qu'une question de bagarre dans un bar ou d'un joint fumé en public. Ils entrèrent tout deux et marchèrent jusqu'à un petit salon vide. « Attendez ici, s'il vous plait. »

« Est-ce que je peux savoir pourquoi ? Madeline va bien ? J'peux la voir ? »

Il ne répondit pas, le laissant dans une confusion totale.

La brune se rhabilla rapidement, ne supportant plus le peu d'intimité. Elle avait eu le droit à plusieurs examens et les résultats étaient claires, les agressions de Julian avaient été traumatiques tant émotionnellement que physiquement. Cette visite l'avait été tout autant. La peur qu'ils lui annoncent une grossesse ou une maladie sexuellement transmissible était une possibilité qu'elle avait annihilé depuis le début. Heureusement pour elle, les résultats étaient tous négatifs et même si une infection était présente, celle-ci était bénigne. Refusant de rester plus longtemps, ils lui donnèrent une prescription pour des antidouleurs et des antibiotiques, le temps que son corps se répare par lui-même. Elle eut envie de leur dire que pour ça, elle n'avait besoin de leurs expertises mais ils la coupèrent dans son élan et de toute manière son curage s'était envolée en même temps que sa virginité.

«  Est-ce que la personne qui vous a fait ça est le jeune homme venu avec vous ? »

« Non. » Son malaise fut interprété par un mensonge.

« Si c'est le cas, vous savez qu'ici, vous êtes en sécurité. On peut appeler la police... »

« Il ne m'a rien fait. C'est pas lui. »

Madeline refusa d'en entendre plus, effrayée des conséquences pour Mathieu. Elle déambula à sa recherche mais fut incapable de le retrouver. Une pointe d'anxiété rongea sa tête.

Le blond sortit quelques minutes plu tard après la confirmation qu'il n'était pas son bourreau. Il la retrouva et se força à sourire malgré la peine infligée. Madeline avait été voir la police, une fois, pour expliquer ce qu'il s'était passé, pour exprimer sa peur du pire à venir. Ils n'avaient rien fait et, alors que Mathieu l'emmenait ici, parce qu'il avait la tête d'un banlieusard avec un dossier judiciaire bien trop important, il se faisait embarquer, coupable à leurs yeux. Néanmoins, il ne lui en fit pas mention, ne cherchant pas à la faire culpabiliser. Toutefois, il tendit ses bras vers elle pour l'inviter et elle ne se fit pas prier, s'y enfonçant. Plus le temps allait, plus leurs embrassades étaient nécessaires tant elles étaient rassurantes.

« T'étais où ? »

« Ils voulaient me poser des questions pour s'assurer que ce n'était pas moi. » Elle eut envie de rétorquer, ne supportant pas d'entendre qu'on puisse penser ça de lui. « C'est normal. Ca aurait été  bizarre qu'ils ne le fassent pas. Tu crois pas ? » Il reposa son menton contre son crâne tandis qu'elle fermait les paupières, bien plus rassurée en l'instant. Il fit de même, profitant du calme du matin pour se laisser aller à cette tendresse en public. « Comment ça s'est passé toi ? »

« Ca va. C'était.. pas plaisant.. » C'était un euphémisme pour ce qu'elle avait ressenti avec les examens. Elle avait pleuré un million de fois surement et ses yeux rouges et irrités en étaient seulement une preuve. « Mais ils m'ont donné des médicaments donc  ça ira mieux. »

« C'est tout ce qui compte. » Ils se lâchèrent enfin, comme s'ils se rendaient compte de leur proximité. « On rentre ? »

« J'aimerais rentrer chez moi, si tu veux bien. »

Il hocha la tête et d'une main légère dans son dos la guida jusqu'à la voiture. Il faisait jour dorénavant mais les deux étaient certains d'aller dormir dès qu'ils seraient chez eux. Il lui ouvrit la portière malgré qu'elle n'en ait besoin. Il semblait que plus Mathieu passait du temps avec Madeline, moins il pouvait s'en détacher comme si les aimants dont ils faisaient preuve avaient de plus en plus de difficulté à se décoller. Elle ne s'en plaignait pas alors qu'il restait toujours respectueux, étant plutôt dans la politesse et la bienveillance que dans un envahissement de son espace.

Il la conduisit silencieusement jusqu'à son appartement mais alors qu'il s'arrêtait devant, elle resta immobile, regardant devant elle.

« Ca va ? » Elle secoua la tête. « Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ? »

« Non, rien. Désolée. »

« Tu sais que si t'as besoin, je suis là, n'importe quand. » Elle hocha la tête, les larmes brouillant une nouvelle fois sa vue. « D'ailleurs, je te propose de venir avec moi au restaurant avec tout le monde la semaine prochaine...on a prévu de fêter les chiffres de mon EP. Ca me ferait vraiment plaisir de t'y voir. »

« Je viendrais. » Il ne put cacher son sourire. « Bonne nuit, Mathieu. Enfin.. bonne journée, maintenant. »

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