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Suite à la fin de l'emménagement, Mathieu et Madeline décidèrent d'inviter quelques amis pour la pendaison de crémaillère. Ils souhaitaient la faire en petit comité, rien que pour retrouver leurs proches. La brune était déjà prête, debout dans la cuisine à finir l'apéritif dinatoire quand il arriva, son tee-shirt encore dans ses mains. Il sortait tout juste de la douche, lui ayant laissé la place en première. Il passa derrière pour embrasser son épaule, recouverte de la bretelle de sa robe.


« T'es magnifique. » Elle secoua la tête, refusant son compliment, les lèvres pincées pour retenir un sourire. Il s'appuya contre elle, ses doigts glissant contre ses bras tendrement. « T'as besoin d'un coup de main ? »

« Ca va, j'ai bientôt terminé. »


Il déposa un baiser sur sa joue avant de s'éloigner pour enfiler son haut. Il s'appuya contre le plan de travail à ses côtés, l'épiant. Elle avait quelques cernes, preuves de ses nuits agitées. Néanmoins, elle gardait la tête haute et refusait de montrer sa fatigue. Même s'il était fier de la voir si forte, il ne pouvait que s'inquiéter. Le stress créé par l'emménagement avait accentué ses insomnies et ses cauchemars. Elle ne s'en était pas plainte une seule fois mais il pouvait voir son besoin de repos. Et, ce soir, n'allait pas aidé.


« Tu veux goûter ? » Il ouvrit la bouche en réponse et elle lui donna. « C'est bon ? » Il hocha la tête tout en mâchant. « Tant mieux. C'était un test. » Il se retint de la taquiner, la voyant trop sensible et en anticipation. Elle souffla d'anxiété et en réponse, il dégagea ses cheveux derrière son oreille, l'incitant à le regarder, ce qu'elle fit. « Désolée, ça ira mieux quand tout le monde sera là. »

« Tu sais me trouver, de toute manière. » Elle acquiesça et il embrassa sa pommette avant d'attraper quelques plats pour les installer sur la table. « Puis, c'est moi qui te cherche tout le temps, au final. » C'était pas complètement faux. Il lui avait confessé ses recherches continues pour se rassurer. Lorsqu'elle disparaissait de sa vue, il la cherchait, un brin de panique au creux du ventre.

« C'est vrai. » Elle le rejoignit, ses talons claquants contre le parquet. Tout était encore calme dans l'appartement, comme une brève suspension dans le temps. « J'aime bien t'avoir aussi dans mon angle de vue. » Elle s'avança vers lui pour s'enfoncer dans ses bras. Il l'encercla dans ses bras et déposa un baiser sur son crâne. « Ça me rassure. »

« Moi aussi. »


Ils n'eurent le temps de profiter plus de leur temps à deux que quelqu'un toquait. Ce fut Mathieu qui fila en premier vers la porte d'entrée. C'était Lisko, un sachet dans les mains mais surtout un sourire béat sur les lèvres, heureux de les voir. Les deux garçons se firent une accolade tandis que Madeline attendit patiemment derrière. Il arriva vers elle pour lui faire la bise et lui donner le petit cadeau. Elle l'ouvrit tout en le remerciant, lui rappelant que ce n'était pas nécessaire. C'était une simple décoration mais l'attention était là et les deux nouveaux locataires en étaient touchés. Malgré ses craintes, Lisko avait pris la peine de connaître la brune jusqu'à devenir un allier, un ami, sur qui elle pouvait compter.


« Est-ce que tu veux boire quelque chose ? »

« Un soda, ça sera très bien. » Il regarda le séjour tandis qu'elle lui servait un verre. « C'est vraiment sympa. Ça ressemble plus du tout à l'appartement plein de cartons d'il y a quelques jours. »

« On est content, on est bien ici. »

« Merci. » Il attrapa son verre avant de s'asseoir sur le canapé. « Et le quartier est bien plus calme. Ça donnerait presque envie. »

« Emménage et trouve une petite copine, Lisko. » Il secoua la tête vivement sous les rires des Mathieu. Lui aussi aurait répondu ainsi, avant de connaître Madeline. « Il va falloir parce que quand on repartira en vacances tous ensemble, je veux pas être la seule fille. »


Ils se chamaillèrent tout deux, sous le regard amusé du blond jusqu'à ce que la sonnette s'affole pendant plusieurs minutes. Les invités arrivèrent tous rapidement et s'installèrent à leurs aises, aidés par l'accueil chaleureux et les mets préparés. L'ambiance permit à Madeline d'oublier la fatigue, et si, auparavant, elle était mal à l'aise, dorénavant, elle se sentait mieux. Elle était inclue dans les conversations, écoutée, sollicitée. Ca n'avait jamais été vraiment le cas avant mais Mathieu avait su choisir ses amis proches.
La brune lui rappelait sans cesse qu'il savait bien mieux analyser les gens qu'elle ou alors, qu'il attirait les bonnes personnes en étant lui même, une bonne personne. Il n'y croyait pas vraiment parce qu'il avait été bien trop déçu par les gens.
Cette pensée envahissant sa tête, il ne put s'empêcher de la chercher. Elle s'était isolée quelques secondes dans la cuisine, prétextant ouvrir une bouteille pour souffler. Il hésita un instant avant de la rejoindre, ne voulant pas la perturber pendant qu'elle prenait une pause. Seulement, elle lui fit un signe léger de la main, l'invitant à la rejoindre. 


« Hey. » Il s'installa à ses côtés, dos au plan de travail pour s'y reposer. Il se pencha simplement pour embrasser sa tempe alors qu'elle jouait avec le bouchon. « Ca va ? »

« Oui et toi ? »

« Je te cherchais. » Il lui retira l'objet des mains, se rendant compte qu'elle tentait de canaliser son anxiété par ce biais. « C'est trop ? » Il attrapa ses doigts pour les caresser, espérant qu'elle se concentre sur lui plutôt que sur la montagne de sensations qui la submergeait. C'était toujours le soucis avec les soirées, Madeline semblait être une éponge. Elle intégrait tous les bruits, toutes les odeurs et toutes les interactions sociales jusqu'à en avoir le cœur débordé et le cerveau à l'envers. Auparavant, elle prenait un peu de Molly avec Thomas. La drogue faisait barrière et elle restait dans son monde. Néanmoins, dorénavant, elle se prenait tout, dix fois plus forts. « Tu peux aller te rafraichir cinq minutes dans la salle de bain, si tu veux. J'reviens te chercher si tu restes trop longtemps. »

Elle secoua la tête, refusant. « J'préfère avoir un câlin. » Il ouvrit ses bras pour seule réponse, l'invitant. Elle ne perdit pas une seconde pour s'y loger, fermant les paupières tout en posant son oreille sur son torse. C'était tout ce dont elle avait besoin, son parfum, sa chaleur, son cœur cognant contre sa poitrine. Elle en eut la chaire de poule que Mathieu ne put louper. « Voilà ce dont j'avais besoin. » Mathieu déposa un baiser sur son crâne en réponse avant d'y reposer son menton, contemplant la scène devant lui. Les invités étaient tous assis dans le salon, discutant vivement. Quelques uns se retournèrent pour vérifier leur présence mais l'échange de sourire fut suffisant pour qu'ils retournent à leurs occupations. « Est-ce que tu crois que tout le monde s'amuse ? » 

« J'en suis sûr, t'inquiète pas. » Il passa une main dans son dos, suivant la fermeture jusqu'à ce qu'elle attrapa sa main, l'empêchant de descendre. Elle avait déjà des frissons en tout endroit, elle n'avait besoin de plus dans l'immédiat.

« Hey ! » Elle s'éloigna, son sourire la trahissant. Elle adorait quand il était ainsi, se moquant du reste du monde mais surtout, sans prendre de précaution, sans penser à son passé, agissant seulement selon ses désirs. « Y a du monde, je te rappelle. » Il haussa les épaules. « Mathieu, ne joue pas à ça parce que tu vas perdre. » Il n'était pas certain de pouvoir perdre à ce genre de jeu alors il attrapa fermement sa hanche avant de s'approcher de son oreille. Toutefois, il n'eut le temps de la taquiner qu'elle le coupa. « C'est toi qui finira par me supplier, mon ange. » 

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