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La soirée se termina plus en douceur. Madeline reprit sa place aux côtés de Mathieu qui avait négocié avec elle pour qu'elle puisse manger un paquet de biscuits du placard. Malgré tout, elle ne prit aucun plaisir et le blond le vit, si bien qu'il lui proposa de se reposer dans le petit studio ou de la ramener chez elle. Elle prit le second choix, rêvant de calme. Il s'entêta pour la raccompagner, et, soulagée de rejoindre son appartement rapidement, elle n'insista pas dans son refus.
Le trajet en voiture fut silencieux et lorsqu'il s'arrêta devant chez elle, elle se détacha lentement.

« Est-ce que tu veux que je te raccompagne en haut ? »

« Ca va aller, je te remercie. » Elle se pencha pour embrasser sa joue. « Profite de la soirée avec tes amis, ok ? »

« Et toi repose toi. » Il se pinça les lèvres, essayant au mieux de retenir ses inquiétudes, mais son cœur fut plus fort. « Madeline ? » Elle se retourna. « Si t'as besoin, tu m'appelles ? »

« Ca ira, t'inquiète pas. »

C'était un mensonge et à peine elle entra dans son appartement, qu'elle sentit la solitude et le vide l'envahir. Elle essaya de faire au mieux, refusant de laisser Julian gagner encore. Alors, elle laissa son sac et ses baskets à l'entrée puis pris une douche, d'une température normale tout en prenant soin d'elle, de son corps, espérant que s'en approprier l'aiderait. Elle s'en sentit mieux et n'abusa pas du séchage de serviette pour abîmer sa peau et s'habilla, rejoignant ensuite son salon pour y allumer la télévision et éteindre le silence. Heureusement pour elle, son agresseur n'était jamais venu ici et les facteurs déclenchants semblaient absents. Toutefois au bout de quelques heures, elle fut incapable de s'endormir et céda à la tentation prenant un cachet pour s'endormir.

Du côté de Mathieu, celui-ci prit son temps pour rentrer, profitant du calme de l'habitacle avant de retrouver ses amis. La soirée ne fut en aucun cas exceptionnelle. Il passa son temps à être dans la lune ou à fumer, repensant sans cesse aux mots qu'il avait prononcé envers Madeline, de manière si naturel, sans réfléchir, ouvrant son cœur pour la première fois. Il en était loin d'être mal à l'aise ou honteux, à la place, il se sentait vivant comme s'il découvrait quelque chose de différent, la vulnérabilité.

Les jours suivants furent hectiques pour Mathieu. Antoine l'interpellait pour des promotions, des futurs dates, un nouveau projet à préparer. Toutefois, il faisait toujours en sorte de la joindre au téléphone pour discuter quelques minutes. Ses amis lui proposèrent de sortir et malgré ses refus, ils insistèrent, le sentant fermé et tendu. Alors, proche d'eux, les aimant comme des frères, il accepta. C'est ainsi qu'il se trouva, ce samedi soir, en boîte de nuit, dans une pièce VIP. Il buvait son verre, le sirotant lentement tout en regardant la scène devant ses yeux. Lisko tomba à ses côtés, ses yeux vitreux et fuyants. Il avait clairement abusé sur les roulées et le blond était effrayé de ce personnage parce qu'il était bien plus bavard et maladroit.

« Ca va ? »

« Et toi ? Tu m'as l'air défoncé un max. » Il hocha la tête, ne pouvant nier.

« Et toi t'as l'air un peu trop clean et relou. » Mathieu haussa les épaules. Il n'avait pas envie de s'amuser. Epuisé par sa semaine, il voulait seulement retrouver son lit et ne plus penser à rien. « Bois un peu. » Il montra son verre nonchalamment. « Ouais ouais mais là, c'est ton premier, détends toi. D'habitude t'es toujours le premier à faire n'importe quoi. C'est la deuxième soirée où tu fais la tronche. »

« J'fais pas la tronche, t'es chiant. » Il le poussa d'un coup d'épaule avant de finir son rhum. « J'suis crevé, c'est tout. »

« Si c'est encore à cause de l'autre meuf là, j'te jure que tu vas me faire péter un câble. » Mathieu tiqua à ses mots, les sourcils froncés et le regard noir. Il espérait que son attitude permettrait à son ami de comprendre qu'il marchait sur un feu ardent mais celui-ci était si étourdi qu'il ne sut saisir les conséquences de ses propos. « C'est bon, des meufs il y en a plein ce soir, choisis en une et oublie la. »

« Ferme la avant que je te le fasse à ta place. T'es bien trop mort pour discuter de ça. » Son ami ricana, pensant qu'il blaguait parce que le jeune homme. Ils étaient plutôt du genre à se moquer de ceux qui parlait de sentiments. Même au collège, lorsqu'ils s'étaient rencontrés et que tous les garçons cherchaient une petite amie, Mathieu les fuyait comme si elles n'étaient qu'un fruit défendu. Et selon Lisko, Madeline était le pire fruit disponible. « Je déconne pas, Peli. Ne parle pas d'elle, encore moins comme ça. » Walid s'approcha au bon moment, sentant la tension augmenter en face de lui.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » Il demanda directement à Mathieu, se rendant compte du tourment autour de lui. « Tu veux qu'on sorte prendre l'air ? » Il hocha la tête. Par jalousie, Lisko se leva, attrapant le bras du blond qui se défendit immédiatement, se libérant avant de le confronter.

« C'est quoi ton putain de problème ? » Il poussa son torse. Walid essaya de s'interposer mais tout le monde savait qu'il était impossible de délier le jeune homme d'une bagarre sans l'étourdir avant. « Lâche moi putain avant que je t'en foute une. J'hésiterai pas. »

« T'es sérieux ? »

« Tu sais très bien que je rigole pas. Je t'ai dit plusieurs fois d'arrêter de la traiter comme ça et tu prends ça comme un jeu. T'étais là, toi aussi, tu sais, alors tu devrais la respecter même si... même si je ressentais rien pour elle. Elle mérite le respect putain. » Il était dorénavant rouge de colère, essayant de contrôler le ton de sa voix et l'envie de lui donner un coup.

« Quoi ? T'es... » Lisko ne put s'empêcher de rire, ne le prenant aucunement au sérieux. Mathieu en fut blessé. « T'es amoureux ? Vous deux, c'est clairement impossible. T'es ridicule... »

Il n'eut le temps de finir sa phrase que le blond tenta d'enfoncer son poing dans son visage. Seulement, Walid s'interposa entre les deux, prenant le coup dans l'épaule. Mathieu s'en arrêta immédiatement regrettant mais il n'eut le temps de l'exprimer que Lisko se faufilait pour lui jeter un verre au visage. Le blond jura tout en essayant de sécher sa peau tandis que l'alcool brûlait ses yeux.

Aveugle et souffrant, Walid n'eut le choix que de l'emmener aux urgences, terminant la soirée pour de bon et peut-être une amitié.

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