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Depuis le début de leur rencontre, Madeline faisait tout pour avoir le regard de Mathieu sur elle. Ce n'était pas un besoin d'attention, une jalousie cachée ou autre. Elle adorait seulement la manière dont ils se complétaient. Et, malgré le brasier autour d'eux, ils suffisaient qu'ils se contemplent pour oublier le reste. C'est ainsi qu'elle se trouva sur une chaise, installée préalablement par Mathieu, dans la cuisine à le regarder préparer le dîner. Ils avaient mis de la musique, parfois quelques bribes de paroles sortaient des lèvres du blond tandis qu'il se concentrait sur la cuisson. Il n'avait jamais cuisiné avant de la rencontrer et c'était un certain exploit dont il s'impressionnait lui-même. Elle n'eut besoin de parler pour l'interpeller , changeant seulement le son pour l'un des siens. Il se retourna, confus, un léger sourire sur ses lèvres alors qu'il pouvait voir toute sa malice.

« Qu'est-ce que tu fais ? » Elle haussa les épaules tandis qu'il s'approchait, sa cuillère la pointant. « J'suis pas trop mégalo, tu sais ? »

« Je trouve pourtant que t'as la grosse tête. »

« Ah oui ? » Elle hocha la tête, un rictus non caché. Il s'approcha un peu plus, amusé. Il adorait ces instants, si simples mais si tendres à la fois. Il en rêvait toutes les nuits. « ....après, j'serai bientôt une star. » Il lui fit un clin d'œil. « Tu devrais d'ailleurs prendre mon autographe avant qu'il ne se vende au prix cher. »

« J'ai encore mieux. »

Il fronça les sourcils, confus. « T'as mieux ? T'as collecté mes cheveux ? Ma salive ? » Cette fois, Madeleine ria, sans retenu, dans un éclat si franc qu'il sentit l'émotion lui piquer les yeux. Il s'approcha, espérant que la proximité chasse cette vague de sentiments, les noyant dans ses prunelles. « C'est pour ça que tu prends toujours mes vêtements ? Tu fais une collection pour les vendre dans quelques années ? »

« J'te dirai pas mes plans. »

Il s'appuya sur les accoudoirs de sa chaise, si proche qu'il n'avait plus qu'à avancer de quelques centimètres pour embrasser ses lèvres. Néanmoins, il resta immobile, laissant la tension entre eux s'installer. Ce fut un feu ardent dans le creux du ventre de Madeline. Seulement, la dernière intervention de Julian revint en tête lorsqu'il se réveilla ses plaies. Elle quitta leur échange visuel, une barrière se créant soudainement. Toutefois, il ne la laissa pas s'enfermer dans son esprit et embrassa son front tendrement. Elle en ferma les paupières alors qu'il restait, contre elle, priant que sa peine lui soit donnée. Il prendrait m lotit cette souffrance, sans hésiter.

« Reviens par ici. »

« Désolée. » Elle murmurait, comme une confession honteuse. « J'ai... ça fait bizarre. J'ai même pas les mots pour t'expliquer ce que je ressens. »

« Je le comprends même si je peux pas imaginer. Reste comme t'es, comme depuis toujours et tout ira bien. » Elle acquiesça et profita du boost d'estime pour embrasser sa joue. « Je dois retourner auprès de ma poêle. » Elle se pinça les lèvres pour retenir un sourire et ce fut suffisant pour qu'il s'éloigne, rassuré. « C'est quoi ton son préféré ? »

« De toi ? » Il hocha la tête. « Celui où tu parles de tes sentiments pour moi. »

« Si ça, c'est pas megalo. » Elle pouffa tout en lui montrant son majeur. « Tu sais que je vais jamais le sortir ? »

« Quoi ? Pourquoi ? C'est vraiment un bon son. »

« De base, je l'ai fait pour...moi. » Il se retourna, s'appuyant sur le plan de travail nonchalamment. « J'voulais juste poser ce que je ressentais parce que c'était carrément...le foutoir dans ma tête...mais c'est beaucoup trop personnel. Ce son, il est seulement pour toi dorénavant. » Il se mordit l'intérieur de la joue, trompant son calme. « Et il y en a d'autres. Beaucoup, beaucoup trop des comme ça. »

« Que je n'ai jamais entendu ? » Il hocha la tête et elle resta bouche bée. « Mais comment s'est possible ? » Elle se releva pour le rejoindre. « Tu peux pas faire ça. »

Cette fois, il ria, attrapant sa hanche pour la rapprocher. Il ne pouvait s'en retenir, il avait besoin de son contact. « J'ai supprimé la plupart. C'était juste pour m'aider. »

« Est-ce que tu peux être un peu moins parfait ? »

Elle déploya ses bras sur ses épaules, serrant la mâchoire alors que ses points tiraient son ventre. Néanmoins, elle n'abandonna pas ce contact, cherchant même un peu plus à se rapprocher. Seulement, elle n'eut le temps de s'appuyer contre lui puis de déposer un baiser sur ses lèvres qu'on toquait à la porte. C'était l'infirmière pour son pansement, il n'y avait aucun doute. Elle reposa son front un instant contre le torse de Mathieu qui caressa sa nuque quelques secondes avant de l'inviter à rejoindre le salon, conscients tous deux qu'ils ne pouvaient refuser ce rendez-vous ni même la faire attendre derrière la porte.

Madeline s'était allongée sur le canapé tandis que lui, se tenait debout, derrière le dossier. La professionnelle fit les soins, évalua l'ensemble de ses plaies. L'évolution était favorable et malgré le soulagement de ce résultat, la brune resta repliée sur elle-même de longues minutes après son départ, le regard dans le vide tandis que Mathieu essayait au mieux de la ramener à la réalité. Seulement, les soins avaient procuré une telle douleur qu'elle ressentait Julian tout autour d'elle. Dans ces instants, seul le temps pouvait la sortir de cette torpeur alors il resta, silencieux, la tête de Madeline sur ses cuisses, une main sur son pansement récent. Elle revint à la réalité une heure plus tard, reposant sa propre main sur celle du blond. Néanmoins, ils ne firent aucun autre mouvement, restant ensemble, l'estomac grommelant de faim mais le cœur plein d'amour.

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