« Qu'est-ce... »
« ...Je me demandais quand est-ce que tu allais revenir. » Elle fronça les sourcils et regarda tout autour d'elle, réalisant qu'elle avait agi comme un robot. Des larmes flouèrent sa vue rapidement tandis qu'elle observait l'inquiétude de Mathieu. « Pleure pas, Maddy, non. » Il l'attrapa pour l'inviter à se blottir. « Je me suis dit que ça te ferai du bien d'être toi et moi. »
« Je me suis pas rendu compte de mon absence. »
« Je sais, je l'ai vu dès que t'as commencé à manger. » Il déposa un baiser sur sa tempe avant de la libérer. « On marche un peu ? » Elle hocha la tête et il passa son bras sur ses épaules pour ne pas qu'elle s'éloigne. « En tout cas, c'est Lisko qui a proposé qu'on fasse un tour et que eux, ils rentrent alors qu'on avait prévu une après-m' plage. Il a vu que ça n'allait pas. » Elle toucha le bout de ses doigts pendant sur sa clavicule. « Pour une fois qu'il est pas con celui la. » Elle secoua la tête, laissant seulement un rictus soufflé indiquant son écoute.
« On marche sur la plage ? »
Elle rêvait de mettre ses pieds dans l'eau, ne se souvenant plus la dernière fois où elle l'avait fait. Il accepta d'un mouvement en direction de la mer. Ils retirèrent leurs chaussures sur le sable. Mathieu ne put se retenir de grommeler face à sa chaleur tandis que Madeline, elle, n'en fit aucun commentaire, clairement habituée aux températures importantes. Toutefois, elle se laissa faire lorsqu'il l'attrapa pour la porter , prétextant qu'elle allait se brûlait, lui qui voulait seulement la porter comme une princesse pour la chahuter et la faire sourire. Ce fut un succès et elle se dérida complétement, explosant dans un éclat de rire alors qu'il criait à chaque pas tout en la basculant de droite à gauche.
« Tu vas me faire vomir. » Elle riait encore et encore jusqu'à ce qu'il arrive et la dépose lentement au bord de l'eau. Elle reprit son souffle à ses côtés, lui, l'épiant, un sourire béat sur les lèvres. « T'es dingue. »
« J'espérais que l'eau soit plus chaude. » Il grimaça. « Mais ça fait du bien. »
Elle attrapa son biceps pour l'inviter à marcher, ce qu'ils firent, l'un à côté de l'autre. Le temps était magnifique et la plage plutôt calme, peu bondée. Ils errèrent le long de l'eau sans un mot, profitant seulement du moment et de la présence de l'autre. Contrairement au repas, Madeline était bien présente, observant l'horizon tout en appréciant le contact de sa paume contre la peau de Mathieu, de leurs corps s'effleurant, de son parfum l'enivrant. Elle serra un peu plus son bras et il abandonna le paysage pour elle, relevant ses lunettes de soleil.
« Merci, Mat. » Il se libéra pour déposer son bras sur ses épaules avant de déposer un baiser sur sa tempe. « J'en avais besoin. »
« Honnêtement, moi aussi. Tu m'avais manqué. » Elle entrelaça leurs doigts en réponse. « Quand c'est que toi et moi, j'ai l'impression que t'es vraiment là, que t'es vraiment toi. »
« C'est le cas parce que je me sens bien avec toi. » Elle se rapprocha de lui jusqu'à ce que leur hanche soit en contact. « Je peux être moi-même, tu me connais. » Presque, elle pensa. Elle lui cachait encore trop de choses, notamment le mal qu'elle pouvait se faire pour surpasser les sensations provoquées par son passé, par le fantôme de Julian, par le manque de drogue. « Je peux te dire quelque chose ? »
« Bien sûr, Maddy. »
« Est-ce que tu sais pourquoi je prenais les cachets ? Pourquoi j'ai rappelé Thomas ? » Il secoua la tête. Il s'était posé plusieurs fois la question et avait compris qu'elle le faisait pour s'échapper de la réalité. Il le faisait parfois, avec des joints ou de l'alcool lorsque l'angoisse devenait trop envahissante. Il avait conscience que Madeline avait vécu suffisamment d'horreur pour vouloir fuir la réalité. « Parfois, j'ai l'impression que Julian est là. » Il savait qu'elle sentait sa présence parfois. Néanmoins, il pensait que c'était temporaire, lors de ses crises. « J'ai l'impression qu'il est toujours là, qu'il s'est imprimé sous ma peau. Je fais toujours autant de cauchemars, jour comme nuit. »
« C'est un bon moyen de fuir. » Elle acquiesça. « Mais en fuyant, tu repousses ta guérison, tu repousses le...l'acceptation. Et pour les repas, il faut que tu trouves une solution, qu'on trouve une solution. »
« Il n'y a pas que ça. »
« Comment ça ? »
« Il y une autre manière de ne plus penser à lui, à ce qu'il m'a fait. » Il s'attendit au pire mais pourtant, ce qu'il allait entendre était bien plus horrible. « Il y a pas beaucoup de choses qui font oublier.. mais...la douleur est un bon moyen. » Il s'arrêta pour s'installer face à elle, souhaitant bien comprendre ce qu'il se passait. Madeline avait les larmes aux yeux mais aucune ne s'échappèrent, consciente qu'elle devait garder constance pour lui expliquer la suite. « Quand on a mal, on pense qu'à ça et plus rien n'existe alors je me suis fait... » Elle grimaça. Rectification. « Je me fais du mal. »
« Quoi ? Nan. » Il fronça les sourcils, son cœur tombant brusquement dans son estomac. « Nan, tu peux pas faire ça. » Elle baissa le menton, coupable et ce fut de trop pour Mathieu qui sentit un nœud dans la gorge se former. Il essaya de le déglutir mais rien n'y faisait, il restait bien présent, lui montant les larmes. « C..Comment ? »
« L'eau chaude...Coupure...j'ai même mangé juste pour vomir après...bref... »
« Mais tu mérites pas ça Madeline. Tu prolonges seulement ce que Julian t'a fait. » A ses mots, elle releva les yeux pour se plonger dans les siens. C'était un argument sans faille qu'elle n'avait pas. « Tu peux pas continuer ça. Tu dois trouver un moyen...sain de gérer parce que là.. »
« J'enchaine les merdes. »
« Clairement. »Elle essuya ses propres joues et il fit de même avant de l'approcher pour l'enlacer. « Il faut vraiment que tu m'en parles quand c'est comme ça. J'ai peut-être pas les meilleures solutions mais tu peux pas continuer comme ça, toute seule, à gérer de la pire des manières quand ça va pas. Tu peux compter sur moi. »
« Il y a une chose qui me permet d'oublier, aussi. Toi. Quand je suis dans tes bras, j'oublie tout. »
VOUS LISEZ
Check on me
أدب الهواةJe raconte mon histoire, sans en rajouter, sans drama. PLK est un personnage fictif. Sujets traumatiques tout au long de l'histoire. TW non indiqué, à prendre en compte pour chaque lecteur et sa sensibilité. EXTRAIT « Le futur blond ne perdit pas u...