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Madeline aurait pu décrire des dizaines de moments où elle s'était rendu compte de son amour pour Mathieu, des instants simples de vie à des souvenirs plus particuliers et intenses. Ce premier emménagement était pour sûr un des événements les plus banals mais les plus marquants.

Assis ensemble, par terre au milieu du séjour, un carton entre eux, ils montaient un meuble dans une nuit d'insomnie. Le blond étalait les planches au sol, vérifiant et organisant les biens. Seulement en short, il gardait une cigarette allumée entre ses lèvres. Elle l'observait, le menton sur les genoux, les mains se réchauffant par un thé à la menthe. Il était bien trop concentré pour remarquer sa contemplation alors elle en profita, divaguant dans ses pensées. Le calme de la nuit et les seuls bruits de Mathieu inspirant sur sa clope ainsi que ses doigts tournant les pages de la notice rendaient l'atmosphère particulière. Elle s'en sentait apaisée en l'instant, comme si plus rien n'existait d'autres qu'eux deux dans ce nouvel appartement, dans ce nouveau quartier. Il lui fallait encore trouver des études qui lui convenaient mais dans cette bulle, tant spatiale  que temporelle, plus rien ne comptait.


« Je crois que tu vas pas beaucoup m'aider. » Elle abandonna l'admiration des muscles de son buste pour son visage. « Tu veux qu'on le fasse demain ? » Lui, ne put retenir son regard de glisser plus en bas alors qu'elle portait un de ses tee-shirts et une simple culotte, reste de leurs actes quelques heures plus tôt.

Elle secoua la tête. « Non, ça va. J'attendais que tu sois prêt. » Il plissa les yeux, amusé. Elle lui vola le livret des mains. « On commence...par...ça» Elle pointa du doigt une planche qu'il attrapa, suivant ses indications. « Et il faut ça...pour fixer avec...ça. » Il prit tout, un sourire amusé sur les lèvres. Elle lui avait avoué ne pas être grande bricoleuse mais vouloir apprendre. Il en avait été ravi de partager ses connaissances et Madeline s'en était rendue compte. Lorsqu'elle leva le nez de la première étape, son propre rictus apparu. « Qu'est-ce qu'il y a ? »

Il haussa les épaules, les lèvres pincées pour se cacher. « Rien. » Elle fit mine d'être outrée avant de lui lancer le papier qu'il attrapa d'une main, le rendant un peu plus fier. « Allez, ramène tes fesses avant que je t'attrape. J'ai besoin que tu tiennes la planche. »


C'était pas complètement vrai puisqu'il pouvait très bien la tenir tout en installant les tourillons. Seulement, il la voulait près de lui, recherchant perpétuellement son contact. Madeline ne s'en plaignait pas, en ayant tout autant besoin que lui. Elle le rejoignit, s'installant à genoux. Mathieu commença alors le meuble, se concentrant pour ne rien louper, la fatigue rendant son cerveau un peu brouillon.

En collaboration, ils le montèrent rapidement et finirent par s'allonger sur le tapis du salon, épuisés par le manque de sommeil et la concentration donnée. Elle se rapprocha de lui jusqu'à ce que son épaule touche la sienne. Il tourna la tête pour embrasser sa tempe et elle y répondit favorablement, le regardant dorénavant. Il en profita pour déposer un baiser sur son front puis ses lèvres qu'elle tendit, demandeuse. Elle s'installa de profil pour le regarder pleinement. A distance, elle scruta tous les détails de son visage, silencieusement, et il la laissa faire, faisant de même. Ce fut lui qui céda en premier pour repousser les mèches de cheveux de son visage. Elle attrapa sa main pour jouer avec ses doigts, les contemplant comme si elle n'arrivait à croire son existence. Elle les approcha d'elle et il prit l'opportunité pour glisser son pouce libre contre sa mâchoire. Ils restèrent ainsi une vingtaine de minutes, allongés sur le tapis, se contemplant tendrement. Le froid du sol termina par rejoindre leur peau et Madeline frissonna si fortement que Mathieu se redressa. Il passa une main dans son dos puis sous ses cuisses et la porta.

« Au lit, princesse. » Elle hocha la tête grandement, appréciant sa chaleur contre elle. « Demain, on restera au lit. »

« On a encore plein de cartons. » Il la déposa de son côté mais elle se réfugia rapidement au milieu pour le retrouver à peine il s'était installé.

« On a le temps. On le fera après. Ton sommeil est trop...chaotique pour dormir seulement trois quatre heures. »

Elle se reposa contre lui, ses doigts dessinant sur sa peau, suivant distraitement les grains de beauté comme des constellations. Ses propos l'avaient rendu songeuse. Malgré le temps, malgré la présence de Mathieu, ses cauchemars continuaient de s'imposer à elle. L'absence de mieux était une inquiétude pour les deux. Madeline, elle, ne se voyait plus remonter la pente tandis que lui, avait l'impression de la perdre à chaque réveil plein d'effroi. Il ne prenait aucunement l'habitude et même s'il gardait son calme, à l'intérieur, un tsunami renversait son cœur jusqu'à lui en donner la nausée. Alors, la nuit, il restait sur le qui-vive. Parfois, ce n'était qu'un gémissement, un pleure ou un drap enserré. D'autres fois, il lui arrivait de crier, de se frapper ou de se cacher. Dans ces moments, Mathieu jurait vouloir donner sa vie pour l'apaiser.

« Je t'aime Maddie. »

Elle se mordit l'intérieur de la joue, presque intimidée, ne s'habituant pas à ses aveux si tendres. Mathieu n'était pas du genre à s'exprimer sur ses sentiments. Il aimait plutôt lui rendre service pour s'assurer de son bien-être, lui acheter tout ce qu'elle aime, l'embrasser mais surtout toucher sa peau, encore et encore, même simplement poser sa main sur elle. Néanmoins, même s'il se suffisait de tout ça, il savait que Madeline avait aussi besoin de réassurance verbale. Ainsi, dès qu'il le pouvait, dès qu'il en avait les mots, il lui rappelait son amour.

« J'suis tellement heureux de faire tout ça avec toi. »

« Même me détailler chaque pièce d'un meuble parce que je veux apprendre ? » Il hocha la tête, un sourire amusé. « Ça c'est vraiment de l'amour. »

« T'as vu un peu. » Il lui fit un clin d'œil qui la fit rire. « Allez. Il est temps de dormir. »

« Bonne nuit. » Elle abandonna un baiser sur sa mâchoire qui ne fut pas suffisant pour Mathieu qui attrapa son menton pour embrasser ses lèvres. Elle se rallongea. « Et, moi aussi, je t'aime. »

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