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Mathieu s'était promis de donner à Madeline le temps qu'il lui fallait, de ne pas intervenir dans sa vie, de ne pas la rappeler, même le soir lorsque son cœur la suppliait. Il put tenir quelques jours, se concentrant sur ses propres activités. Néanmoins, la nuit, alors que le studio était seulement bercé par un fond musicale, il se sentait plus seul que jamais. Pourtant, avant elle, la solitude ne l'avait jamais dérangé mais maintenant, il était rongé de par son absence. Il se laissa tournoyer dans son fauteuil, son téléphone dans ses mains pleines d'hésitation.

Madeline tournait en rond dans son lit, incapable de s'endormir alors que l'oreiller à ses côtés étaient froid, ne portant plus l'odeur de son petit ami. Cette idée de distance devenait de plus en dur, de plus en plus absurde. Les causes n'étaient plus que ridicules et minimes en comparaison au vide. Elle regard son écran de portable, vide de notifications. Elle put seulement contempler son fond d'écran, d'elle et Mathieu. Elle se souvenait encore de ce moment, dans le studio, au tout début de leur relation. au moment de la photo, elle s'était cachée dans son cou, laissant le blond, un sourire béat sur le visage regardant l'objectif. Elle ne l'avait jamais changé depuis et ça la rendait un peu plus nostalgique. Les larmes aux yeux, elle le contempla, rêvant de pouvoir se réfugier de nouveau contre lui. 

Son téléphone vibra soudainement entre ses doigts. Elle se redressa brutalement, comme si une décharge venait de traverser son corps. Il l'appelait, après une longue hésitation.
Elle répondit, le cœur prêt à exploser d'impatience.


« Allo ? Madeline ? »

« Hey..Salut...Mat...» Elle souffla pour reprendre son calme. 

Il regarda son écran d'ordinateur puis tous les alentours, à la recherche d'une réponse. Il gratta du bout des ongles le vernis de son bureau, se retenant de les enfoncer dans sa peau. « J'avais besoin de t'entendre. »

« Tout va bien ? »

« Non. » C'était un peu trop franc, trop à cœur ouvert. Il en grimaça avant de se reprendre. « Enfin si, ça va mais...j'en sais rien. Je... »

«...Je pensais à toi aussi, tu sais ? Je regardais mon fond écran. C'est encore toi et moi. » Encore elle et lui. Il en eut mal à la poitrine. « On en a tellement d'autres et des biens mieux...mais celle là, je l'adore tellement. »

« Elle nous ressemble tellement. Toi dans mes bras. » Et lui, si heureux, si comblé. Il s'en souvenait comme si c'était hier. « T'es faite pour y être. Et j'suis fait pour que tu y sois, toi ou rien. » Madeline pinça ses lèvres, y retenant un sanglot d'éclater. « Ca me manque...de t'avoir contre moi...de m'endormir, de me réveiller avec toi...de cuisiner avec toi...tout me manque. » 

« Est-ce que tu peux passer à la maison ? Maintenant ? Pour discuter ? » Il quitta sa chaise brutalement à la recherche de ses affaires.

« Ouais, bien sûr. Je pars tout de suite. »

« Merci Mat. Je t'attends. » 


Elle raccrocha et il accourut en direction de sa voiture. En route vers elle, il regretta ne pas avoir pris le temps de se changer ou même de se rafraîchir après avoir passé les derniers jours seul. Seulement, il était bien trop pressé de la voir, bien trop inquiet qu'elle change d'avis. 
Il se gara rapidement devant son bâtiment, remerciant l'heure tardive pour se mettre n'importe comment. Il monta les escaliers par trois avant de s'arrêter devant sa porte pour reprendre son souffle mais surtout un peu de prestance. Il était transpirant, cerné et nerveux mais plus important, il était impatient. 

Il n'eut besoin de toquer que Madeline ouvrit. Elle non plus n'avait pas une très bonne mine mais tout ce qu'il vit était le pull qu'elle portait, le sien. Il n'avait récupéré aucune de ses affaires, refusant de disparaître complètement de cet appartement. Il était certain d'être oubliable et que s'il n'y avait aucune trace de lui, elle tournerait la page en un rien de temps.


« Hey. » C'était qu'un souffle silencieux tant il était obnubilé par la jeune femme en face de lui. « Salut. »

« Salut. » Elle se décala contre la porte pour le laisser passer. Il entra et fut happer par l'atmosphère rassurante de l'appartement. « Tu veux boire quelque chose ? »

« De l'eau, ça suffira. » 

« Tu peux t'installer dans le salon, j'arrive. » Il le fit, incapable de réfléchir pour prendre une décision lui-même. Il prit place sur le canapé avant de se relever pour faire le tour. Finalement, elle arriva et l'invita à s'asseoir. « Je pensais pas que t'allais appeler. »

« Je pensais pas que tu me demanderais de venir. »

Elle s'installa sur le fauteuil, s'imposant une distance. « J'pensais pas non plus que je le ferai. » Il but une grande gorgée de son eau, tellement angoissé qu'il avait la bouche sèche. « Mais t'es venu. »

« Bien sûr que je suis venu. J'te l'ai toujours promis. » Maintenant qu'il était présent, tout semblait trop réel pour Madeline. Elle voulait tout oublier, se réfugier contre lui pour ne plus jamais le quitter. Mais pour ça, ils avaient besoin de s'ouvrir et d'abandonner leur position pour se rejoindre. « Maddie... » Il baissa les yeux et secoua la tête.

« Ca se passe bien au studio ? »

« J'suis pas sûr d'être capable de parler de banalités, là, tout de suite. »

Elle fronça le nez. « Moi non plus mais je savais pas quoi dire. » 

« Moi non plus, je te rassure. » Il se frotta le visage vigoureusement pour chasser sa frustration. «...putain. Qu'est-ce qu'on est censé faire ? Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? J'suis prêt à parler à ma mère, prendre un...peu de distance. » Elle hocha la tête. « Mais...mais t'as dit qu'il y avait pas que ça. Qu'est-ce que tu veux pour nous ? »

« Pourquoi tu demandes ça comme ça ? »

« Parce que tu voulais qu'on ralentisse. » Elle se recroquevilla sur elle-même, mal à l'aise. Elle avait dit ça sur le coup de la colère, sans vraiment le penser, seulement dans le but de le blesser. Néanmoins, elle ne pouvait l'avouer maintenant alors qu'il était face à elle, lui, à cœur ouvert. « Moi je nous vois vivre ensemble.. mais genre pas ici mais ailleurs. T'aurais repris tes études mais j'espère que t'auras le temps pour me suivre un max pendant mes tournées. On sera toujours autant amoureux et proches. On voyagera là où on en a toujours rêvé. »

« Et nos problèmes ? »

« On sera plus forts que tout...mais comme on l'est là. » Elle ne put cacher plus longtemps ses larmes. « J't'abandonnerai jamais, Maddie. Et d'ailleurs...pour ma mère, j'ai compris ce que tu ressentais. J'peux pas...arrêter de lui donner de l'argent...»

«...c'est pas ce que je veux mais tu dois plus lui donner de l'argent de poche, t'endetter pour elle ou pire, accepter qu'elle t'insulte comme elle le fait. » 

« Même si je le mérite ? »

« Mat ! » Elle voulait être dur mais son appel fut faible, presque suppliant. « Tu mérites pas ça ! » Ses épaules tremblèrent alors que les émotions prenaient le dessus. Mathieu se précipita vers elle, oubliant la distance, la peur du rejet et leurs conflits. Il la souleva pour l'avoir dans ses bras et la serra de toutes ses forces. 

« J'suis désolé, pleure pas, j'suis désolé. » Il embrassa sa joue avant d'inspirer son parfum.

« J'suis désolée d'être partie. J'suis désolée d'avoir pris la fuite. J'ai menti quand j'disais que j'avais besoin d'être sans toi... »

«...C'est rien. On va prendre notre temps, se retrouver. Aies confiance en moi. »

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