22

595 26 18
                                    

Madeline s'installa confortablement dans son lit, écouteurs dans les oreilles pour écouter l'EP de Mathieu. Néanmoins, elle n'eut la possibilité d'entendre qu'un ou deux sons qu'on sonnait à sa porte. Dans le judas, elle vit un livreur son cœur put enfin souffler. Lorsqu'elle lui ouvrit, il lui tendit le sac et malgré sa demande, il haussa les épaules tout en répondant que c'était la bonne adresse. Elle prit le sachet et le déposa sur la table, le fixant comme si une bombe était à l'intérieur.

Elle reçut quelques minutes plus tard un message de Mathieu lui demandant si elle avait bien reçu une commande et elle eut envie de jeter son plat thaï à sa figure tant elle avait eu peur par sa faute. Elle ouvrit alors, enfin, son repas et l'odeur fut attrayante alors elle le remercia d'un texto et ne fit aucunement mention de son effroi. Elle se laissa tenter et mangea quelques bouchées avant d'en apprécier le goût et de terminer le repas.

Toutefois, alors qu'elle se sentait repue, recroquevillée dans le canapé, face à ses déchets, elle ne put s'empêcher de penser à Julian. À toutes ces fois où il lui avait mis de la drogue dans ses repas ou boissons mais surtout à toutes les fois où il s'était forcé dans sa bouche. Elle se précipita vers les toilettes pour y vider son estomac. L'adrénaline et la douleur physique lui faisant oublier celle mentale.

Du côté de Mathieu, l'ambiance était toute autre. Il était debout dans un toilette, les mains s'appuyant contre les murs de chaque côté tandis qu'une jeune femme était à genoux face à lui, essayant d'attirer son attention. Néanmoins, ses pensées tournaient dans sa tête comme une tempête. Il n'arrivait à se concentrer sur le moment, repensant à Madeline pour qui il avait payé un gars pour être sûr que Julian ne s'approcherait pas mais aussi son repas pour s'excuser, anxieux qu'elle lui en veuille. Puis, comme si sa libido ne pouvait pas être plus perturbée, il pensa à son EP et aux résultats attendus, que ce soit par lui-même, que par les autres. Sa mère s'imposa dans sa tête, entre sa maladie et son inquiétude pour son fils, elle était une des plus grandes préoccupations du blond. La jeune femme releva la tête pour l'interpeller mais il ne la regardait pas, fixant la faïence en face de lui ainsi que tous les éclats. Il en avait compté une dizaine.

« Polak ? »

« Hm ? » Il descendit la tête pour la regarder. Il la trouvait jolie, le genre de filles qu'on apprécie regarder mais pourtant, il n'arrivait à profiter du moment comme si sa tête prenait le dessus sur le reste.

« Est-ce que ça va ? Je fais quelque chose de mal ? »

« Non, non, t'inquiète, désolé. Je suis pas concentré. »

« Tu veux qu'on arrête ? Ou qu'on aille ailleurs ? J'habite à deux rues d'ici. »

Il ne put se retenir de souffler. Le voilà maintenant à culpabiliser parce qu'il n'arrivait pas à prendre de plaisir. Alors, il prit les devants, supposant que d'être en action lui permettrait de se concentrer un peu plus. Il la retourna et elle dut se tenir à la cuvette des toilettes, gémissant outrageusement, alors qu'il s'insérait en elle tout en pensant qu'il aurait mieux fait de rester dans la carré VIP à boire du champagne. Il ne fut pas aidé par son téléphone qui vibra alors qu'il se détendait enfin. Il regarda rapidement le nom, espérant que ça ne soit pas Madeline. C'était Lisko qui se demandait où il était. Il n'avait pas prévenu son absence, et comme toujours, dans son groupe, on faisait toujours en sorte que tout le monde soit localisé. Tenant à cette promesse, il répondit, prenant une inspiration pour retrouver son souffle.

« Ouais ? » La jeune femme se retourna, surprise de l'entendre alors qu'elle espérait une partie un peu plus longue avec le rappeur. Cette scène était chaotique et pour sûr, ils s'en souviendraient tous les deux.

« Mec, t'es où ? Encore à la soirée, rassure moi. »

« Non, je...suis aux toilettes. »

« Depuis vingt minutes ? » Mathieu souffla tout en se retirant. La voix de Lisko l'avait complètement refroidit, une bonne fois pour toute. « T'es avec une meuf ? » Le silence répondit à sa question. Le blond remonta son pantalon et s'excusa d'un simple sourire coincé avant de partir. « Merde désolé, j'ai niqué ton coup ? »

« T'inquiète, de toute manière, j'étais pas vraiment dedans. » Sa phrase a double sens les fit rire tout deux comme deux prépubères. « J'arrive, il y a intérêt à y avoir encore des bouteilles sur la table. »

Il n'attendit pas de réponse de son ami et raccrocha. Il les rejoignit en quelques minutes, se faufilant entre les fêtards. Il se laissa tomber dans la banquette de leur salon et se servit un verre. Lisko ne put s'empêcher de se rapprocher pour avoir les potins de cette escapade dans les toilettes. Mathieu le vit à son regard qu'il rêvait d'en savoir plus mais parler de ce qu'il venait de se passer voulait dire lui parler de ses inquiétudes et de ses pensées. Et même s'il était au courant pour la maladie de sa mère ou de son angoisse de réussir, il ne savait pas ce qu'il se passait avec Madeline, parce que lui-même n'en avait aucune idée. Après tout, elle s'était juste imposée dans sa tête au pire moment.

« Raconte. »

Il leva les yeux au ciel, il aurait put le parier. « Il y a rien à dire, elle m'a proposée de me rendre ce service et j'ai accepté. »

« Juste parce que tu fais partie du Panama Bende. Imagine quand tu seras en solo. Elles vont faire la queue. » Lisko pouffa tandis que Mathieu secouait la tête, un léger sourire poli sur les lèvres. Ce n'était pas vraiment ce qui l'intéressait le plus, même s'il appréciait le regard qu'elles posaient sur lui, différent de celles qui ne le connaissaient pas. Il n'était plus ce gamin de quartier mais une, peut-être, star montante. Maintenant, on le trouvait beau et tout le monde le voulait. Néanmoins, les propos trop francs de son ami ainsi que ses propres actes dans les toilettes le mettaient étrangement mal à l'aise. « Et pourquoi t'étais pas dedans alors ? Une fille vient me voir comme ça, j'y vais directe. »

« J'étais ailleurs. »

« C'est en lien avec tes appels et textos de la soirée ? »

« T'es vraiment une fouine, mec. Tu serais pas mon pote, je te jure que... » Il n'eut le temps de continuer que Lisko lui donna un coup de poing dans l'épaule. Il y répondit plus fortement et son ami grimaça tout en chouinant qu'il ne savait pas frapper gentiment. « Mais si tu veux, savoir, oui, c'est dans ma tête, ça aussi, parmi d'autres trucs. »

« Pourquoi elle est encore dans ta tête ? Je croyais qu'elle n'était plus avec son mec là. »

« C'était pas son mec. » Son ton fut dur. Il ne supportait plus cette injustice envers Madeline.

« T'évites ma question. Tu disais que tu la trouvais mignonne et...drôle et...je sais plus quoi. Me dis pas qu'elle te plait...genre...vraiment ? » Il secoua la tête, niant seulement par réflexe, refusant de répondre à une question aussi stupide. « C'est pas le genre de fille qu'on date, mec. C'est une fille à problème, t'en as conscience, quand même ? Et Flav' a raison, c'est pas le moment de t'amener des complications. Tu dois faire gaffe à ton image et...franchement...elle est pas... Puis toi.. mec.. t'es vraiment pas son genre de mec. Elle a besoin d'un mec à la romantique, bien en tout genre, sans t'offenser, après ce qui lui est arrivé. »

Il le fit taire d'un geste, ne supportant pas d'entendre ce genre de discours. Cette histoire était bien plus complexe et même s'il avait eu du mal à le comprendre au début, il en avait pris conscience. Tout n'était pas aussi simple qu'il y paraissait et Madeline n'avait eu la chance à une autre teinte que le noir et tout le monde semblait continuer à lui jeter les pires ombres possibles.

« Peu importe, j'suis pas intéressé. Et j'suis pas son genre, je le sais. »

Check on meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant