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Mathieu attendit patiemment que Madeline sorte de son sommeil. Elle sortit en début de matinée, un chignon sur le crâne et ses traits tirés par une nuit agitée. Il n'en fit aucun commentaire, la trouvant seulement adorable alors qu'elle tentait de remettre sa frange tout en s'approchant de lui. Elle se rallongea sur le canapé la tête sur un accoudoir et ses jambes sur les cuisses du blond. Il hésita, l'épiant avant de finalement céder à la tentation, posant ses mains sur celles-ci. Il resta immobile, espérant que ce contact ne soit pas de trop. Il refusait d'avancer trop vite, de l'effrayer et mettre un terme à leur histoire.


« T'as bien dormi ? » La voix de Mathieu en disait long sur sa propre nuit. Elle hocha la tête, allumant la télé. « T'as l'air encore plus fatiguée qu'hier soir. »

« Complètement. » Il glissa ses doigts le long de ses jambes, ne montant pas plus haut que ses genoux. Il put voir la chaire de poule apparaître à son passage. « Toi, t'as pas dormi du tout. »

« Nan, pas vraiment. Mes yeux me brulent. » Elle fixait la main de Mathieu, priant pour que tous ses récepteurs corporels retiennent cette douceur. « Et aujourd'hui, je suis censé aller au studio, voir flav. »

« Tu peux pas décaler. » Il secoua la tête. « Mais t'as littéralement la tête d'un zombie. » Il s'inclina vers elle, les yeux plissés, uns sourire plaqué sur le visage. « Un effrayant zombie. »!Elle se leva et il fit de même, la suivant bêtement comme si son aimant était au beau fixe. « Tu veux un café ? » Il hocha la tête et s'appuya contre le plan de travail, la regardant faire. Elle en fit deux et lui tendit un mug. « Ca t'aidera peut-être à te réveiller. »

« Surement. » Il ouvrit un bras, une main tendue vers elle qu'elle prit pour invitation pour se poser contre lui, la tête contre son torse. Il la serra, son menton contre son crâne. « Qu'est-ce t'as prévu aujourd'hui ? »

Elle haussa les épaules. « J'aimerais refaire un peu de sport. »

« Pilates ? » Elle hocha la tête, se déliant pour le regarder. Il en profita pour déposer un baiser léger sur son front. « C'est une bonne idée. Ici ou en salle ? »

« La dernière salle de sport n'a pas été un grand succès. » Elle haussa les épaules, résumant un échec en une fatalité. Elle s'éloigna de lui, accentuant ses propos par la distance. Elle monta sur le plan de travail pour s'y asseoir, face à lui. « J'vais le faire ici, c'est déjà bien. »

« Si tu veux être accompagnée et essayer une autre salle, Jelila va à une salle de sport où il y a que des meufs. J'peux vous mettre en contact. » Il but une gorgée de son café sans la quitter des yeux, se cachant tout en évaluant l'attitude de Madeline. Elle hésitait sans aucun doute. Elle ne connaissait pas la petite amie de Walid. « Pas forcément aujourd'hui, je te le dis juste pour que tu le saches. »

« Merci. Je.. vais y penser. » Elle fut rassurée par son issue de secours qu'elle prit sans hésiter. Cette fois, ce fut elle qui tendit ses bras vers lui, ne se lassant pas du sentiment de sécurité qu'il lui offrait. Il s'approcha lentement, ne cédant pas à la tentation, ses mains appuyés contre le plan de travail de chaque côté des hanches de Madeline qui faisait une moue, espérant le faire céder. « Pas cool Pruski... »

« On est très tactile ce matin, plus que d'habitude. » Il se pinça les lèvres, épiant les siennes. « Et j'adore ça, ne me fais pas dire le contraire mais.. tu as demandé à ce qu'on prenne notre temps et.. j'veux pas te perdre en suivant bêtement nos instincts. » Malgré son écoute active, la brune posa ses bras sur les épaules de Mathieu, continuant de le regarder sans faillir. « On est peut-être pas au même.. niveau, aux mêmes attentes. J'veux pas que tu... »

« Arrête de réfléchir, ta caboche va s'enflammer. » Il secoua la tête, un léger sourire apparaissant. « Suivre nos instincts nous a amené jusqu'ici. Qu'est-ce que tu veux ? Hm ? » Elle inclina la tête, les traits de son visage adoucit grâce au contact des mains du jeune homme contre les siennes.

« J'ai envie de t'embrasser ce matin. Plus que d'habitude et... » Elle embrassa sa joue avant de descendre. « Où est-ce que tu vas ? Tu peux pas te barrer sur cette conversation.. »

« Je m'en vais pas. » Elle se retourna, un demi-sourire sur les lèvres. « Enfin, si...mais parce que je ne veux pas être une tentation. » Elle haussa les épaules, les yeux plissés, plein de malice. Il avait l'impression de retrouver la Madeline dans la cuisine de Julian, celle innocente qui n'hésitait pas à taquiner. Il adorait ça et ne pouvait qu'en demander plus. « Il faut que tu te prépares si tu ne veux pas être en retard. »


Elle lui montra l'heure sur son téléphone et elle n'avait pas tort. S'il ne partait pas dans les quinze minutes, il serait en retard pour son point musique et promotion. Son projet fonctionnait suffisamment pour en prévoir un second rapidement afin de ne pas perdre la popularité du moment. Dire qu'il était sous pression était minimisé son ressenti. Pourtant, il n'en faisait aucun commentaire, assument seulement ses devoirs afin de satisfaire tout le monde, les chiffres pour son producteur, l'argent pour sa grand-mère, la fierté pour le quartier et sa mère. Il passa par la salle de bain pour se rafraîchir. Heureusement pour lui, il gardait toujours des vêtements dans le studio. Il repassa par la cuisine et but son café d'une traite sous le regard amusé de Madeline qui le regardait, souriante, les bras croisés, appuyé sur l'encadrement de la porte.


« T'as l'air de bien t'amuser, toi ? » Il passa devant elle, une cigarette déjà entre les lèvres tandis qu'il essayait de se recoiffer. Elle hocha la tête. Il glissa son indexe le long de l'arrête de son nez. « T'es tellement belle de si bon matin. »Elle embrassa sa joue, sur la pointe des pieds.

« Il est l'heure, ne sois pas en retard. » Il retira sa cigarette et attrapa de sa main libre sa nuque pour s'assurer d'y déposer un baiser tendre sur sa pommette. « Bonne journée. »

« Toi aussi. » Il murmura contre son oreille, gardant la proximité, refusant de se délier maintenant. Il réembrassa sa joue, plus longuement. Il n'avait aucune envie de partir. « Tu me tiens au courant de ta journée et si t'as.. »

« Si j'ai besoin, je t'appelle. Pas de problème. »Madeline déposa un baiser proche de la commissure de sa lèvre, chastement mais en confiance. « Merci d'être venue hier, j'en avais besoin, tu sais. »

« Moi aussi. » Il reposa son front contre le sien. Le temps semblait s'être arrêté. « J'dois y aller. » Elle hocha la tête. « J'en ai pas envie, putain. » La main de Mathieu passa de sa nuque à sa mâchoire pour s'arrêter à son menton. Elle e leca vers lui en réponse, le tentant un peu plus. « Madeline...Madeline...Madeline... »

« Arrête de trop réfléchir. »


Et c'est ce qu'il fit, cédant à la tentation. Il était certain de n'avoir jamais vécu un baiser aussi tendre. Celui-ci n'avait rien de sexuel, il était chaste, un simple effleurement, une traduction de tout ce qu'ils ressentaient. Il en voulait un million d'autres tant il se sentait en vie. Il voulait sentir leurs sentiments s'accorder encore et encore. Pour Madeline, elle savait que ce baiser n'effacerait pas Julian ou son ami mais en l'instant, elle n'avait plus aucune crainte, plus besoin d'antidouleur ou de tranquillisant, plus besoin de se blesser, plus besoin de fuir. Pour une fois dans sa vie, elle se sentait à sa place, au bon moment, au bon endroit.

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