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Mathieu caressa les cheveux de Madeline. Elle était allongée dans le lit, refusant depuis quelques jours d'en sortir si ce n'était pour aller aux toilettes. Il embrassa son front, espérant la faire réagir, mais elle attrapa seulement sa main pour l'attirer vers elle. Toutefois, il lutta pour ne pas s'allonger à ses côtés. Il fallait qu'elle se lève, qu'elle reprenne vie après cette apathie extrême.


« T'as besoin d'une douche, de manger un vrai repas, dans la cuisine. » Elle secoua la tête, refusant. Elle se renfrogna contre son oreiller. « Juste une petite heure, peut-être que ça te ferait du bien. C'est pas la solution de rester comme ça, dans le lit...s'il te plaît. »

« J'en ai pas la force. »

« Je l'ai pour toi. Laisse-moi t'aider. » Il passa une main derrière sa nuque, espérant l'inciter à s'accrocher à lui. Elle le fit, encerclant ses bras autour de son cou. « Une douche bien chaude pour te délasser et après, un repas que je t'ai préparé. Ensuite, si tu veux, on pourra se rallonger ou même mieux, peut-être regarder un film ? Ou une de tes séries que t'aimes ? »

« Tu les détestes. »

« Mais j'aime les regarder avec toi. » Il la reposa sur les wc. « Est-ce que tu veux que je te laisse maintenant ou tu as besoin d'aide pour autre chose ? » Elle releva les yeux pour le regarder. Ça n'était pas arrivé depuis si longtemps que Mathieu sentit son cœur faire un raté. Néanmoins, les prunelles de Madeline ne tardèrent pas à se remplir alors il s'agenouilla face à elle. « Hey, dis-moi. Tu peux tout me dire. »

« J'suis fatiguée. J'y arriverai pas. » Son menton trembla mais Mathieu y passa son pouce, remontant à sa lèvre inférieure boudeuse. « Je veux pas toucher mon corps. Ça me donne envie de vomir. »

« O-ok. » Il se leva et alluma le mitigeur. « Alors on va prendre une douche ensemble et je vais t'aider. » Il se déshabilla jusqu'à rester en caleçon. « On garde nos sous-vêtements. » Elle hocha la tête, rassurée. « Un coup de main ? »

Elle acquiesça et il l'aida à retirer ses habits, précautionneusement, prêt à arrêter si sa réaction changeait. Seulement, elle resta en pleine confiance, le contemplant alors qu'il la guidait jusque sous le jet. Elle se logea dans ses bras, l'eau coulant dans son dos tandis qu'il caressait son dos, silencieusement. Ils restèrent ainsi, Madeline se recomposant un peu.
Ce fut Mathieu qui bougea en premier, attrapant le shampoing.

« Prête ? » Il massa son cuir chevelu. « Ça fait du bien ? »

« Oui. » Il attrapa le gel douche pour en renverser dans sa main. « J'ai envie que ça soit toi. » Il quitta sa paume pour la fixer, incertain. « S'il te plaît. Je peux pas, j'y arriverai pas. Me demande pas de te supplier. » Il accepta, commençant par ses épaules avant de finalement s'aventurer sur son corps, respectant les limites de ses sous-vêtements. Madeline, elle, ferma les yeux, intégrant ses gestes comme une thérapie, une réparation. Il ne s'arrêta que lorsqu'une nouvelle larme coula sous les paupières de la brune. Elle s'enfonça alors dans ses bras, s'y blottissant. Il caressa ses cheveux tendrement, les rinçant par la même occasion. « Merci. » A ses mots il la serra un peu plus, embrassant son crâne.

« Je me douche, tu veux sortir ? »

« Je veux t'aider. » Il fronça les sourcils, souhaitant qu'elle s'exprime mais elle attrapa seulement le gel douche avant de caresser son torse. « Toi...toi tu me dégoûtes pas. » Mathieu serra la mâchoire tout en fixant le jet tombant sur elle. Il avait envie de pleurer et la contraction de ses épaules en fut une preuve pour Madeline qui déposa des baisers sur ses clavicules. « Ça me fait du bien, même si j'aurai préféré te donner tort. »

« Pour m'embêter ? »

« Mhm... » Elle glissa sur ses abdominaux, se souvenant de toutes ces fois où elle les touchait jusqu'à ce qu'il en ait la chaire de poule. Ce matin, il n'en était rien tant il était inquiet et contrarié. « Tu me connais plus que je ne me connais moi-même. »

« Je sais pas si c'est vrai, ça, mais j'essaye de faire au mieux pour toi. »

« Ça marche plutôt bien. » Il délaissa un énième baiser sur son front avant d'attraper le shampoing. « Je veux te le faire aussi. » Il lui donna avant de l'attraper sous les cuisses et la porter. En d'autres occasions, ils auraient ri et sûrement eu un brasier au creux du ventre. Néanmoins, cette fois, le contact était réparateur, au plus profond d'eux-mêmes, créant un lien inébranlable entre eux. « Antoine te laisse tranquille, en ce moment. »

« Il sait que c'est difficile. » Elle descendit de ses bras et il se rinça rapidement. « Mais il m'a dit qu'on ne pourrait pas tout repousser éternellement. Il veut que je sorte mon premier album rapidement pendant que ça fait encore du bruit. » Elle hocha la tête, se rendant compte qu'elle le bloquait dans ses projets. « Arrête tout de suite. »

« Quoi ? »

« Je te vois, ta tête, là. N'y pense même pas. »

« Si j'étais pas là, tu serais pas retardé dans tes projets. » Il secoua la tête, n'y croyant pas une seule seconde. Sans elle, il n'aurait pas eu la maturité suffisante pour se professionnaliser, il en était certain. « Ça serait plus simple. »

« Pas pour moi. Je n'en serai pas là aujourd'hui sans toi. Et tu vas me dire que c'est pas une chance mais pour moi ca l'est. Plus jamais sans toi. »

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