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Le trajet jusqu'à l'appartement fut riche de baisers et de rires d'excitation. Madeline se débattit pour ouvrir la porte. Ils passèrent tout en s'embrassant, l'envie d'une seconde chance, plus à l'aise et plus fluide les appétant grandement. Néanmoins, à peine Mathieu passa ses mains sous la robe de la brune que son téléphone se mit à sonner. Il l'ignora une première fois, le jetant sur le fauteuil d'en face alors qu'il prenait place sur le canapé, incitant la jeune femme à s'asseoir sur ses cuisses. Il ne quitta ses lèvres que pour les descendre dans son décolleté. Seulement, il fut une nouvelle fois interrompu par son portable. Et malgré son ignorance totale, Madeline préféra se délier pour aller le chercher.


« Maddie, on s'en fout. »

« C'est peut-être important. » Elle attrapa le téléphone sans même regarder l'écran avant de lui rendre.

« C'est qui ? » Elle haussa les épaules et il prit son bien pour regarder les dernières notifications. « C'est Walid, c'est bizarre. Il avait plusieurs appels manqués Les deux ne s'appelaient que rarement, seulement pour parler de sons ou pour se féliciter des derniers projets. Néanmoins, ils n'insistaient jamais, se laissant un message vocal ou écrit. Pourtant, cette  fois, Walid rappela une énième fois alors il répondit. Madeline reprit place sur ses genoux, reposant sa tête contre son épaule opposée. « Allo ? »

« Polak ? C'est moi, désolé de te déranger mais...j'aurai besoin de toi et Madeline. » Il fronça les sourcils, confus, mais se leva malgré tout après avoir embrassé la joue de la brune. Il attrapa ses clés de voiture abandonnées dans l'entrée quelques minutes plus tôt. Walid resta muet, incapable d'expliquer la raison.

« Où est-ce que tu veux je te retrouve ? » 

« Chez moi. »

« J'arrive mais pourquoi est-ce que tu veux que Madeline vienne ? J'suis pas chaud. » En entendant son prénom, elle quitta le confort du canapé pour remettre ses escarpins. Mathieu lui fit signe d'attendre, refusant qu'elle vienne sans une bonne raison. S'il connaissait bien quelque chose des appels étranges, c'était le possible piège derrière. Après tout, il en avait été l'auteur de nombreuses fois auparavant. Cependant, ils n'avaient aucune haine l'un envers l'autre, ni aucune dette alors il lui laissait le bénéfice du doute. « Walid, t'es encore là ? »

« C'est pour Jelila. Il y a que nous deux, je te le jure. »

« J'arrive. » Il raccrocha sans plus attendre. Néanmoins, il fut contre l'idée qu'elle vienne. Il tenta de l'embrasser comme signe de séparation immédiate mais elle refusa, reculant la tête brusquement. « J'ai pas confiance. Jelila est pas ta pote, elle a pas besoin de toi. »

« On est pas amies mais il se passe peut-être quelque chose. Si il a appelé, il se passe quelque chose. Il a demandé à ce qu'on y soit tous les deux. »

« J'ai aucun moyen de négocier ? » Elle secoua la tête, un sourire béat sur le visage.

« J'te rappelle que c'est moi qui porte la culotte. » 

Il pouffa, n'y croyant que très peu. « Il y a quelques secondes, t'as failli ne plus l'avoir, ta culotte. » Elle frappa son épaule tout en prétendant être surpris, pourtant habituée à ses commentaires qu'il ne retenait plus vraiment. « Prends au moins un pull ou quelque chose, il est tard et il fait froid. » 


Elle leva les yeux au ciel tout en attrapant les clés de l'appartement pour ouvrir. Cependant, elle l'attendit alors qu'il partait lui chercher un survêtement complet ainsi qu'une paire de baskets. Face à ce geste si tendre, elle céda, se changea rapidement, lui demandant de se retourner, ce qu'il fit sans hésitation. A peine changer, elle enlaça son dos et il attrapa une de ses mains pour entrelacer leur doigts. Il embrassa rapidement ses lèvres avant de rejoindre la voiture, ne pouvant faire attendre plus longtemps Walid et sa petite amie. Ils arrivèrent au bout d'une vingtaine de minutes, suffisamment pour que le champagne rende les jambes de Madeline lourdes. Sur le parking, Mathieu hésita à reprendre égoïstement la route jusqu'au petit matin, rien que pour la voir s'endormir. Néanmoins, son ami avait besoin de lui, il en avait conscience donc il éteignit le moteur et la brune se redressa.


« On est arrivé. » Elle regarda le bâtiment de ville, une pointe d'inquiétude face à l'inconnu. Mathieu ne put louper son émotion. « Attends moi, je fais le tour. » Elle le regarda passer devant la voiture tout en scrutant les alentours. Finalement, accueilli par la quiétude de la nuit, il lui ouvrit la portière et prit sa main. « On reste pas longtemps et après, on dort. »

« J'suis crevée. »

« Ca, c'est le champagne. » Elle hocha la tête avant de se rapprocher jusqu'à rentrer en contact. Il passa alors son bras sur son épaule pour la guider. Il embrassa sa tempe avant de sonner contre l'interphone. Il n'eut à se présenter que la porte s'ouvrait. Ils montèrent jusqu'à l'étage, silencieusement. « Si t'as besoin de quoi que ce soit, t'hésites pas. »

« Et toi aussi. »


Mathieu n'eut besoin de toquer que Walid ouvrait, les yeux écarlates. C'était un grand fumeur, sa réputation n'était pas à refaire, seulement, cette fois, Madeline en première, put voir que ses prunelles étaient rouges d'émotion. Ils entrèrent dans la maison et la brune se délia de son amoureux pour rechercher Jelila. Elles étaient loin d'être amies, et si elle avait été complètement honnête, elle aurait même avoué être plutôt ennemie. Seulement, parfois, il fallait passer au-dessus et c'est ce qu'elle fit en sentant l'atmosphère pesante. 


« Madeline, elle est dans la salle de bain. La deuxième à droite. »

Elle acquiesça sans même se retourner, déjà en direction de la pièce. Elle toqua contre la porte, attendant une réponse mais tout ce qu'elle entendit, c'étaient des reniflements de pleurs. « Jelila, c'est moi, Madeline. » Silence. « Walid a demandé à Mathieu et moi de venir. Tu veux bien m'ouvrir ? » Encore une fois, elle ne répondit pas. « J'vais essayer de rentrer alors...eh bien...je rentre. » Elle le fit et fut surprise de voir la jeune femme, assise au sol sur le tapis de sa baignoire, recroquevillée sur elle-même, en larme. Madeline se précipita à sa hauteur sans manquer de fermer la porte derrière elle. « Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui t'est arrivée ? »

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