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Mathieu ne manqua pas le départ de Madeline, son sac en main, mais surtout sa démarche qu'il connaissait que trop bien lorsqu'elle n'était plus vraiment consciente. Il quitta le terrain pour la rejoindre, la suivant jusqu'à ce qu'ils se trouvent dans le couloir de sortie. Il attrapa alors sa hanche pour la guider jusqu'aux toilettes, il ferma derrière lui tandis qu'elle fuyait à l'autre bout, refusant son contact comme s'il n'était qu'un inconnu.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? » Elle secoua la tête et serra ses bras contre elle-même. Il comprit un signe d'un besoin de sécurité, ainsi, il s'approcha lentement avant de l'enlacer. Elle se reposa contre lui, gardant ses membres en protection malgré tout. « Tu veux rentrer ? » Sa main dans sa nuque, il la sollicita pour la relever et croiser son regard. « Maddy ? »

« Elles sont... » Elle préféra ne rien dire, certaine qu'un chapelet d'insultes sortirait. « Elles ont pris ton téléphone de mes mains. J'ai demandé à ce qu'elle me le rende mais elle voulait voir si tu couchais avec d'autres filles. » Mathieu serra un poing pour se retenir de l'interrompre. Il n'avait vu aucune autre personne depuis sa semaine en séminaire, au tout début de leur relation. Depuis, il n'y avait plus pensé, seule Madeline était un attrait qu'il refusait de perdre. Il ne voulait pas que du sexe ou un plaisir temporaire, il voulait plus, faire l'amour, le vrai, puis la vie à deux pour toujours.

« Elles n'ont rien pu trouver. Il n'y a que toi. »  À ses mots, elle laissa tomber ses bras contre son corps et il prit ça négativement. « Je te le jure, Maddy. »

« Je te crois mais les filles, elles, non. Elles ont continué leurs recherches jusqu'à ton historique internet. » 

Il prit quelques secondes, ne comprenant ce qu'il y avait de mal dans celui-ci mais finalement, comme une illumination, il se souvint de ses recherches. « Merde. J'suis désolé Madeline. » Il s'enfonça les ongles dans la nuque nerveusement. Il avait fait ses recherches, complètement perdu, souhaitant seulement l'aider au mieux. « J'voulais juste...mieux te comprendre. Je pensais pas à mal. »

« Je sais et c'est pas pour ça que...je me sens mal. » Elle essuya ses joues d'un revers de manche avant de se plonger dans son regard. Elle pouvait y voir toute l'inquiétude d'avoir faire un faux pas ainsi que de la perdre. « Je leur ai demandé de pas le faire et elles l'ont fait et j'ai pas réagi. Maintenant elles savent. Tu aurais vu comment elles m'ont regardé. » Elle secoua la tête, revoyant leur visage de pitié. « Je n'ai pas envie de rester avec elles. »

« On peut rentrer. Je prends mes affaires et je suis prêt. »

« Non, reste, ce sont tes amis. » La panique put se voir dans les yeux de Mathieu. Il avait peur qu'elle parte, qu'elle ne revienne pas. Il savait qu'il ne survivrait pas à son absence. « Je vais au studio, d'accord ? Finis ta partie, bois un verre et mange un bout avec eux. Je t'attends. » Ce programme ne lui convenait aucunement mais Madeline ne changerait pas d'avis, c'était certain. « Je t'aime. »

« Maddy... » Elle secoua la tête, refusant d'en parler plus. Elle termina par déposer un baiser sur ses lèvres. « Prends ma voiture, rentre directement. » Elle refusa d'un geste. « S'il te plaît. »

« Laisse-moi rentrer, tout va bien. »

« Fais attention. » Il embrassa sa bouche, tendrement. « Envoie moi un message quand t'es arrivée. Je serai là rapidement. » Il sortit de sa poche ses clés et lui tendit avec regret. Elle le remercia par un sourire avant de commander un Uber. Mathieu attendit que le véhicule arrive, espérant presque que celui ci annule la course. « Je t'aime. » Lorsqu'elle s'en alla dans la rue adjacente, il rentra à l'intérieur, l'inquiétude laissant place à la colère. Il tapa de son poing la table où se trouvait les trois jeunes femmes. « Vous êtes vraiment des connes ! Et...toi ! » Il pointa du doigt Jelila. « On parlera. » Walid, le petit ami de cette dernière, n'eut à intervenir puisque le blond se précipita ensuite en sa direction pour lui raconter et régler le problème immédiatement.

Madeline, elle, s'enfonça dans son siège, les larmes déjà aux yeux. Et, comme si le destin continuait d'être contre elle, le chauffeur s'arrêta à quelques mètres du studio plutôt que devant. Avec la précipitation, l'adresse qu'elle avait indiqué n'était pas juste et elle se trouvait à devoir marcher. Elle ne prit pas la peine de demander qu'il continue un peu plus, incapable de parler, d'être avocate pour elle-même. Elle descendit du véhicule, serrant son sac contre elle tout en tenant son téléphone de toutes ses forces. Elle marcha à tout vitesse, priant de ne croiser personne.

Le problème c'est que depuis sa rencontre avec l'ami de Julian, elle était un sujet de conversation récurent, une sorte de souvenir idyllique et fantasmé que l'on racontait en fin de soirée. C'était un plan à trois mémorable après tout, de quoi se vanter entre garçons. Julian en était surtout nostalgique et lorsqu'il avait appris que son meilleur ami l'avait croisée, il en avait été fou de jalousie. Ces dernières semaines, il avait alors passé son temps dans les rues du studio ou devant son appartement, attendant patiemment qu'elle soit seule. Ce fut enfin l'opportunité et, malgré la pleine journée, il ne se fit pas prier, la suivant juste de quelques pas. Il attrapa son bras dès qu'une ruelle se présenta à sa gauche. Malgré le cri de Madeline, personne n'eut de réaction et elle disparut.

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