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Madeline se réveilla avec l'estomac en vrac et ses ongles dans la paume de ses mains. Elle se prépara le plus rapidement possible, déjà en retard pour ses cours. Elle croisa Thomas qui préféra l'ignorer suite à leur altercation. Elle n'en fut ni soulagée, ni blessée, se sentant incapable d'avoir une émotion à son égard. Elle assista à ses cours, prenant des notes et essayant de se concentrer malgré son estomac vide et la bile en bouche. Son brossage de dents intense n'avait rien fait tant elle avait vidé son amertume. Et dans tout ça, elle était incapable de boire quelque chose ou de grignoter.

À la fin des classes, elle sortit lentement, des vertiges la prenant à chaque mouvement trop rapide. Les étudiants la voyaient fragile et pâle, prête à tomber mais n'en firent rien, en respect à Julian. Ses jambes étaient en coton mais elle resta droite, marchant d'un pas vif pour retrouver le métro. Elle resta debout pour ne pas s'endormir et fut soulagée de voir la porte de son appartement. Elle s'y précipita pour s'allonger dans son lit et ne pas s'en relever. Elle s'endormit en quelques secondes, épuisée. Elle ne sût cibler si c'était la fatigue, la faim ou la déshydratation mais son rêve révéla quelque chose d'interessant, la vengeance.
De celle impardonnable.
De celle obsessionnelle.

Mathieu, lui, avait dormi presque toute la journée dans sa chambre d'hôtel, se réveillant seulement pour une cigarette ou un verre d'eau. Il n'arrivait à émerger de sa nuit blanche comme si son cerveau préférait être dans un brouillard. Toutefois, ce ne fut pas du goût d'Antoine, son manager, qui entra dans sa chambre, ayant demandé une seconde carte sans son avis. Le blond releva seulement la tête en le voyant avant de renfoncer sa tête dans l'oreiller. Il grogna seulement lorsqu'il ouvra la fenêtre et qu'une brise fraîche passa dans son dos.

« Lève toi, Polak ! » Il se laissa tomber à ses côtés et lui fit une chiquenaude à son oreille. « Gueule de bois ? »

« Même pas. J'ai juste envie de rester toute la journée dans mon lit et oublier le monde extérieur. »

Il marmonna contre son oreiller. Il était rentré de la soirée au petit matin. Celle-ci n'avait pas été trop mal puisqu'après l'échec avec la jeune femme des toilettes, ses amis avaient réussi à lui faire oublier le reste. Toutefois, en rentrant, un trop plein de joints et d'alcool dans le système et allongé, il se mit à voir Madeline flotter au-dessus de lui sur le plafond. Elle n'était pas une sorte de démon ou d'astre effrayant lié à une paralysie du sommeil. Elle était seulement là, comme allongée sur le canapé du studio, le regardant de manière si bienveillante qu'il en avait eu un noeud dans la gorge. Alors, il l'avait scrutée encore et encore jusqu'à ce qu'elle s'efface progressivement pour le laisser avec trop de questions.

« Hey. » Antoine adorait Mathieu. Il l'avait toujours considéré comme une sorte de petit frère. C'est ainsi qu'il l'avait pris sous son aile, dans la musique mais aussi dans la vie. Et, même si parfois, il était dur avec lui, il voulait seulement son bien et sa réussite. Celle que, lui, avait abandonné, préférant être dans l'ombre. « Qu'est-ce que t'as ?  Je sais que t'es stressé pour ton projet mais j'ai aucun doute. Ça va marcher. Désolé si je te mets la pression mais je veux absolument que tu réalises tes rêves. »

« Je sais. T'inquiète, je vais bien. »

« Polak, arrête de faire.. » Il tourna ses mains dans les airs en sa direction, n'ayant aucunement les mots pour décrire son attitude. « Ça. »

« Faire quoi ? Dormir ? »

Antoine souffla, désespéré. Il se leva, fit le tour de la chambre à la recherche d'une raison pour son comportement mais il n'y avait rien d'autre que ses vêtements sur le fauteuil et son téléphone sur la table de chevet. « On se retrouve en bas dans vingt minutes. Douche-toi. »

Mathieu ne prit pas la peine de répondre, tournant la tête vers la fenêtre pour l'ignorer. Il avait confiance en son ami. Néanmoins, il ne pouvait tout lui raconter, encore moins ses pensées qui lui avaient rongé la tête toute la nuit. À cette idée, il sentit le bas de son ventre se tendre. Habituellement, il en aurait été ravi mais la culpabilité prenait ses tripes jusqu'à ce qu'il se lève pour prendre une douche froide, faisant fuir ses désirs. Il laissa le jet gelé frapper sa nuque tandis que ses bras restaient le long de son corps et que ses paupières semblaient ne pas vouloir s'ouvrir, son inconscient plus fort que le reste.

Il sursauta seulement lorsqu'on toqua à sa porte. Il ne prit pas la peine de répondre et se lava rapidement avant de rejoindre tout le monde. Comme prévu, il était en retard mais ne prit pas la peine de s'excuser, suivant le mouvement vers la sortie, une cigarette déjà entre ses lèvres. Il avait besoin de bien plus mais avant un premier interview, il voulait être certain d'être en capacité de répondre. Cette idée augmenta son angoisse d'un cran et il ne pensa plus qu'à ça, le libérant un peu de ses autres idées. Son ami Lisko l'aida, lui faisant écouter des sons ou des vidéos qu'il trouvait drôle. Il eut du mal à en sourire mais s'en força jusqu'à ce que ça vienne naturellement et que les rires de ses amis allègent son humeur.

« Ce soir, on sort ? »

« Bien sûr qu'on sort. On profite à fond. »

« Ok, cool, parce que j'ai besoin de...me changer les idées. »

Et revenir à l'ancien lui, avant tout ça.

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