Check on me

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Madeline ne se réveilla que le lendemain dans l'après-midi, une migraine serrant ses tempes. Elle fut incapable pendant plusieurs minutes d'ouvrir les yeux ou de bouger autre chose que sa tête. Lorsqu'elle fut en capacité d'attraper son téléphone, elle regarda l'heure mais oublia son objectif en voyant les innombrables appels de Mathieu. Celui-ci était coincé en réunion pour son second projet hors de Paris depuis quelques heures. Il était inquiet pour la brune du fait de la soirée chaotique et son absence de réponse était franchement inhabituelle.

Elle lui envoya rapidement un message pour le rassurer, ne prenant la peine de l'appeler, certain qu'il entendrait à sa voix ses abus d'hier. Toutefois, elle prit la peine de rappeler Thomas pour le remercier de sa visite mais aussi prévoir une autre soirée à deux. Il accepta sans hésitation, ravi de retrouver son soutien de toujours.

Elle se leva enfin seulement pour retrouver sur le plan de travail le sachet que son meilleur ami avait abandonné, bien trop dans un état second pour penser à les prendre. La brune, elle, les avait bien vu en fermant la porte d'entrée derrière lui mais elle n'avait rien dit. Elle ne prit pas la peine de réfléchir aux pour et aux contre qu'un cachet était déjà avalé. Elle fila sous la douche pour passer le temps, espérant qu'elle ressente vite les effets.

Du côté de Mathieu, c'était une tout autre ambiance. Il était tellement angoissé qu'il était sur les nerfs, fumant cigarette sur cigarette, ses yeux sur son portable dès qu'il avait un moment. Madeline semblait lui filer entre les doigts, il l'avait ressentie en la raccompagnant chez elle. Elle avait été ailleurs, non pas comme lorsqu'elle faisait une crise mais comme si elle avait abandonné, si elle l'avait abandonné. Néanmoins, il refusait que tout se termine ainsi, si facilement. Il se battrait pour elle, pour ne pas la perdre. Alors qu'ils terminaient la partie marketing pour le prochain projet, il sortit pour s'isoler, téléphone en main. Il la rappela une énième fois, non convaincue par son message mais cette fois, elle répondit, le comprimé faisant dorénavant effet.

« Madeline ? »

« Allo ? » Elle était allongée sur son canapé, sur le dos, obnubilée par son plafond.

« Ca va ? »

Elle hocha la tête avant de se rendre compte qu'il n'étais pas là. « Hm hm. »

« J'ai essayé de t'appeler, plusieurs fois. » Elle ne répondit pas, plus attentive au son de sa voix qu'à ses mots. Elle en était béate, adorant l'entendre. « T'es là ? »

« Oui oui. »

« J'suis pas sur Paris aujourd'hui mais je reviens dans la soirée. » Il avait refusé les invitations, nombreuses, pour sortir, préférant rentrer, peut-être même, voir Madeline. « J'peux passer ? On pourra reparler de ce qui s'est passé. »

« J'suis occupée, ce soir. » Il ne put s'empêcher de se demander ce qu'elle pouvait bien faire. Depuis qu'il la connaissait, il ne l'avait jamais vu avec une autre personne que Thomas ou cette fille qu'il avait aperçu sans la connaître, Cassie, l'ex petite amie. Il savait que sa famille était loin et que ses études ne seraient reprises qu'en septembre. Son inquiétude ne put que monter et elle put le sentir. « Je compte me reposer. »

« Quand est-ce qu'on se voit, alors ? Demain ? J'ai quelques jours tranquille. » Elle ne répondit pas, encore une fois. Mathieu sentit son cœur se faire torturer. Elle qui l'avait dans ses mains, avait décidé de jouer avec celui-ci, le triturant jusqu'à ce qu'il s'arrête presque de battre. « J'ai l'impression que tu veux pas me voir. Est-ce que c'est à cause d'hier soir ? »

« Non. »

« Non à quoi Madeline ? Je t'ai dit que je suivrai ce que tu me demandes mais je ne compte pas le faire sans aucune raison, sans savoir que c'est vraiment ce que tu veux. J'suis désolé pour la manière dont j'ai agi, je regrette. J'étais juste...tellement...en rage pour ce qu'il s'est permis de faire mais aussi parce que Jelila s'est permis de parler pour toi. » Comme si sa voix ne comptait pas. « Et j'voulais pas. J'voulais te montrer que j'avais confiance en toi, que ça vienne de toi. »

« Ne te prend pas la tête, Mathieu. » Elle ferma les paupières, chassant les larmes qui coulèrent contre ses tempes. « C'est pas toi, c'est moi. »

« Fais pas ça... »

« ...J'ai besoin de prendre de la distance, de guérir toute seule. C'était complètement stupide de croire que ça pourrait marcher entre nous alors que je suis...autant... » Elle ne termina pas sa phrase. « Oublie moi. Ca sera plus facile pour toi, comme pour moi. »

« Est-ce qu'on peut au moins en parler, face à face ? »

« Je préfère pas. » Elle savait qu'en le voyant, elle craquerait. Elle s'enfoncerait dans ses bras pour ne plus jamais prendre le risque de le quitter. « Ne me rappelle pas, non plus, s'il te plait. » Ce fut au tour de Mathieu de ne plus répondre, essayant de digérer les informations, un nœud dans sa gorge, prêt à éclater dans un pleur. Jamais il n'avait pleuré pour une femme mais il était certain qu'il verserait plusieurs larmes pour elle. « J'vais te laisser. »

Il voulut la retenir mais elle raccrocha comme s'il n'était qu'un étranger. Il regarda son écran dans le vide, espérant revoir son nom mais il n'apparut pas. Ses pleurs flouèrent sa vue et lorsqu'il remonta le nez, il tomba sur Antoine, le visage plissé d'inquiétude. Il prit place à ses côtés, sans un mot puis passa un bras sur ses épaules. Il ne chercha pas à connaître la raison de sa tristesse, laissant le temps à son protégé de souffler et ses émotions de ressortir. Mathieu se calma rapidement, refusant de se montrer ainsi. Il essuya ses joues d'une paume de main brusque puis se releva pour retourner à l'intérieur.