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Le retour en voiture fut silencieux alors qu'ils étaient tous les deux complètement dans leur tête. Du moins, Mathieu puisque Madeline s'était retrouvée recroquevillée dans son siège, à deux doigts de s'endormir. Garé, il fit le tour pour ouvrir sa portière et la prendre dans ses bras. Elle enroula les siens autour de sa nuque. Elle en profita pour embrasser sa peau dans un simple remerciement. Lui, se dirigea directement vers la salle de bain pour se préparer rapidement à dormir. Il déposa Madeline au bord de la baignoire avant de retirer sa chemise. La brune reste immobile, les yeux clos.


« J'suis tellement fatiguée, je pourrai pleurer. » Il descendit à sa hauteur et dégagea ses cheveux de son visage. 

« Il faut au moins que tu te démaquilles. » Elle hocha la tête et il recula pour chercher dans ses affaires le démaquillant et les cotons. Il attrapa son menton pour lever sa tête. « Si un jour on m'avait dit que je démaquillerais une nana, je l'aurai pas cru. »

« Mais c'est pas n'importe quelle nana. »

« Carrément pas. » Il passa le coton, bien trop doucement pour être efficace. « De toute manière, il y a que pour toi que je fais ça. » Il prépara leurs brosses à dents et cette fois, elle fit l'effort de le faire. Les deux enfin prêts, il embrassa son front avant d'attraper ses bras pour qu'elle encercle son cou. « Allez, princesse, je vous emmène au lit. »

« Les surnoms... » Il pouffa face à son rechignement. Il la déposa dans le lit avant de se joindre à ses côtés. « Ça fait du bien d'être dans le lit. » Il hocha la tête, s'étalant de tout son long. Elle ne tarda pas à se retourner pour se rapprocher de lui, reposant sa tête contre son buste. « J'avais pas imaginé une fin de soirée comme ça. »

« Moi non plus. » Il joua avec ses cheveux distraitement tandis qu'elle le serrait un peu plus fort. Elle pouvait entendre son cœur et ça lui donna un peu plus envie de se fondre entièrement contre lui. C'était son endroit préféré, sans aucun doute. Peu importe le lieu, s'il était là, plus rien ne comptait.

« Jelila était en larmes. » Madeline chuchotait, luttant contre le sommeil. « Elle m'a fait de la peine. »

« Walid était mal aussi. Ça change une vie un bébé. » Il abandonna ses cheveux pour son dos, insatisfait du contact insuffisant. « Il a mal réagi. »

« Il a fait au mieux, je crois. Ils ne s'y attendaient pas mais je ne comprends pas pourquoi ils nous ont demandé de venir. »

« J'ai pu parler avec Walid...genre vraiment parler. Lui, il a eu son daron toute sa vie alors on n'a pas la même expérience mais...lui aussi se voyait pas être un père...avant...avant de rencontrer Jelila. » Il passa sous son débardeur, créant une chaire de poule. « Si ça devait nous arriver, j'te promets de pas réagir comme ça. Si ça arrive, c'est nous deux, pas juste toi. »

« Et tu voudrais garder le bébé ? »

« Est-ce que c'est vraiment à moi de choisir ? » Elle haussa les épaules. « Tu veux quand même une réponse ? » Elle hocha la tête. « Je ne sais pas si je ferai un bon père du tout. J'sais même pas être un bon copain pour toi pour l'instant. Mais...mais si t'as suffisamment confiance en moi, en qui je suis alors...oui...je crois que oui. Et...j'ai de l'argent de côté maintenant...enfin...si ça arrive pas surprise, tout ira bien. » Elle releva la tête pour le regarder. « Mais, je t'avoue que j'ai envie de profiter de toi, à fond, encore pendant un moment...acheter une maison, partir en vacances...se marier...ce genre de trucs. » Elle se redressa complètement, surprise.

« Mariage ? »

Il pinça les lèvres mais ne put retenir plus longtemps son sourire. « Bien sûr que je vais te marier un jour. » 

« T'as vraiment réfléchi à tout ça. » Il acquiesça. Ce n'était pas nouveau. Le studio ou les insomnies étaient de bons lieux de réflexion. Depuis qu'elle était dans sa vie, son avenir flou avait été recalculé encore et encore pour être le plus parfait possible. Il voulait lui offre la belle vie, à elle et peut-être à leur future famille. « Je serai ravie de devenir ta femme un jour, sache le. Et la mère de tes enfants...et j'ai aussi envie de profiter de nous deux avant. » 

« Est-ce que tu veux bien me parler de tes études ? Pourquoi ça t'as stressé ? T'es intelligente, tu vas vite te remettre dedans. » 


Ca lui brûlait les lèvres depuis le restaurant. Il n'avait pas loupé son angoisse. Et si elle avait refusé d'en parler sur le moment, il n'avait pas oublié le sujet.
S'il avait été complètement honnête depuis le début, il aurait avoué préférer que Madeline ne continue pas ses études, rien que pour la protéger dans l'appartement pour toujours ou qu'elle le suive partout où qu'il aille. Néanmoins, il avait conscience que c'était impossible, égoïste et malsain. Il savait aussi que sur le campus régnaient de nombreux souvenirs et si à la maison, les démons prenaient la forme d'ombre, là bas, ils étaient bien réels. Ses craintes se confirmèrent alors qu'elle avoua ses peurs, sans retenue, la voix chuchotant et les yeux bordés de larmes. Il l'écouta sans l'interrompre, caressant sa peau pour la rassurer, jusqu'à ce qu'elle s'endorme, épuisée par la journée.

Il embrassa  sa tempe avant de fermer les yeux, murmurant une dernière fois à son oreille tout son amour et la protection qu'il lui offrirait, pour toujours. Il ferait tout pour que leurs rêves se réalisent peu importe à quoi ils ressembleraient, vivre dans ce simple appartement pour toujours ou acheter une villa au bord de la mer, avoir un ou plusieurs enfants. Tout ce qu'il souhaitait, c'était un foyer aimant, une famille à lui dont il pourrait être fier. Et, pour le moment, tout semblait possible.


« Tout ira bien, mon ange, c'est toi et moi. »

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