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Il quitta l'appartement mais alors qu'il allait claquer la porte, il la retint. Il rentra de nouveau, espérant qu'elle souhaite qu'il reste mais elle refusa sa présence et hurla qu'il devait partir. Il se précipita vers la sortie, une montée de colère brûlant son cœur. La cigarette qu'il alluma ne changea rien, ne l'aida pas à comprendre la situation, parce que rien ne pouvait lui permettre d'intégrer, ni même de concevoir ce que Madeline pouvait ressentir. Néanmoins, il en connaissait la raison et même si elle reportait sa haine sur lui, la cause restait Julian. Alors, quand il arriva devant le bar, il scruta la terrasse à la recherche du jeune homme.

Et, il le trouva.
Il était accompagné mais Mathieu s'en moquait.
Il s'approcha jusqu'à arriver à sa hauteur et lança son poing en plein dans son visage. Toutefois, ce ne fut pas suffisant et il eut besoin de plus. Toute sa rage passa par ses coups encore et encore. Aucun de ses amis n'arrivaient à le toucher puisqu'à chaque fois il les repoussait ou les frappait suffisamment fort pour qu'ils décident de ne pas revenir. Il fut arrêté par des phalanges contre sa tempe, le sonnant. C'était un agent de la sécurité du bar qui le jetait dehors. C'était ça ou il appelait la police. Seulement, le blond s'en moquait et essaya d'y retourner. Il en reçu un second coup suffisamment fort pour couper son arcade.

"Casse toi putain, j'ai aucune envie d'appeler les flics ce soir !"

"J'vais le tuer !" Il le repoussa une dernière fois. Mathieu était rouge de colère, le front en sueur et la folie dans les yeux.

"Mec, hey, hey, pourquoi ?" Il s'arrêta un instant de se débattre, continuant de fixer Julian qui était accroupi, son visage couvert de sang. "Qu'est-ce qu'il t'a fait ? Il te doit de l'argent...un truc comme ça ?"

"Il..." Le blond dut reprendre son souffle, l'envie soudaine de s'effondrer au sol. L'adrénaline partait et laissait place à la tristesse et la frustration. "Il a violé Madeline et j'ai rien fait."

Il passa une main sur son visage et se rendit compte de la quantité de sang. L'agent ne sut répondre, ne s'attendant aucunement à une telle réponse. Mathieu s'en alla, ses pensées en boucle. Il rejoignit le studio rapidement, cherchant un lieu plein de quiétude et de réconfort. Il savait que la brune allait être en colère contre lui, il arrivait à l'entendre lui dire que c'était sa vengeance et pas la sienne, que ça ne réparait rien pour elle et que son action, si tardive, ne servait à rien. Le mal était fait. Quand il rentra, il fut soulagé de ne voir que quelques amis. Il leur demanda de partir mais en voyant le sang, ils se précipitèrent vers lui.

"J'vous demande juste de partir. Je vais bien, c'est pas la première fois que je me prends un coup."

"Qui t'a fait ça ?"

"Putain mais cassez vous !"

Il rentra dans son petit studio pour s'y enfermer, attendant qu'ils partent et qu'il n'entende plus aucun bruit. Il attrapa un mouchoir pour arrêter le saignement de son arcade mais celle-ci était presque sèche. Il n'eut le temps de jeter un coup d'œil à côté que son téléphone sonnait. C'était Madeline et son cœur chuta de plusieurs étages. Elle ne pouvait pas être au courant, c'était impossible. Son cerveau fit les calculs mais rien ne venait. Il n'avait pas vu Thomas mais peut-être était il à l'intérieur. Il n'eut l'occasion de répondre qu'elle abandonnait pour lui envoyer un message, lui quémandant de l'appeler. Il le fit alors, ne souhaitant pas aggraver la situation.

"Mathieu ?" Il l'entendait pleurer. Elle s'en voulait de l'avoir fait partir maintenant qu'elle se retrouvait seule. Il était un réconfort à ne pas bannir et l'avait surement sauvée d'une condamnation certaine. "J'suis désolée."

"De ?"

"De t'avoir mal parlé. J'voulais pas mais...j'croyais que me venger me ferait du bien"

"Crois moi, ça n'aide pas." Elle se redressa de son canapé, les sourcils froncés. Son ton était étrange, quelque chose s'était passée, c'était certain. Madeline pensa instantanément que c'était à cause d'elle. Après tout, il n'était que rentré au studio.

"Tu m'en veux ?"

"Bien sûr que non, Madeline. Pourquoi est-ce que je t'en voudrais ?"

"T'as une voix bizarre. Dis moi ce qu'il se passe. Tu me fais peur."

Il secoua la tête, grattant avec son ongle le vernis de son bureau. "C'est mieux que tu saches pas. T'inquiète pas." Elle essaya de l'appeler en Facetime plusieurs fois mais il refusa. Si elle voyait son visage, elle comprendrait, il en était certain. "Arrête de m'appeler en visio, j'veux pas."

"Me fais pas ça. Rassure-moi. " Ses pleurs avaient augmenté face à l'angoisse qu'il lui procurait alors il céda, se refusant de lui faire plus de mal. Il essaya de cacher au mieux son arcade avec sa capuche et l'angle de son téléphone mais Madeline était beaucoup trop perspicace. « Qu'est-ce que tu caches." Elle vit serrer la mâchoire. " Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Qu'est-ce que t'as fait ?" Il le fit alors, lentement. Il regrettait mais c'était trop tard, il devait assumer un jour ou l'autre. "Oh. Putain. Merde."

"C'est rien, si j'enlève le sang, il y aura juste un petite coupure. L'arcade, ça saigne toujours à mort pour rien." Pour lui prouver, il se leva, rejoignit la salle de bain et passa son visage sous l'eau avant de lui montrer. "Tu vois ?" Elle n'en fut pas plus rassurer. "Tout va bien, ok ? J'ai eu bien pire."

Elle hocha la tête. "Qu'est-ce qui s'est passé ?" Elle le savait, du moins, elle l'imaginait. "Dis moi la vérité, je t'en supplie."

Il inspira fébrilement. Il allait lui expliquer, certes, mais il avait pris la décision de ne pas déballer la culpabilité qui le rongeait depuis qu'il connaissait son histoire. "Je suis passé devant le bar et Julian était là. Je repensais à ce que tu disais, à ton besoin de vengeance. J'ai...repensé à ce qu'il t'a fait et...j'en sais rien quelques secondes plus tard mon poing était dans sa tronche. Et si ça peut te faire du bien, il a été incapable de m'en mettre un et c'est la sécu qui m'a sorti et m'a fait ça."

Elle ne sut quoi répondre. Julian n'avait eu que ce qu'il méritait. "Mathieu ?"

"Hm ?"

"Merci." Il baissa les yeux, incapable de prendre son remerciement. Il avait l'impression d'avoir tenté d'effacer sa culpabilité. "Est-ce que j'peux venir ? J'regrette sincèrement de t'avoir mis à la porte."

"Je n'osais pas te demander." Cette fois, il ne cacha pas son sourire. S'il adorait bien quelque chose, c'était la présence de Madeline au studio. "Je t'envoie un Uber."

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