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Mathieu se gara devant le bâtiment de la brune, silencieux, l'envie de crier comprimant sa cage thoracique. La route l'avait fait réfléchir, aidé par la défense sans faille de Madeline qui lui avait expliqué la situation. Elle s'était retenue de pleurer tout en lui répétant les mots de la mère. Il avait été blessé par les propos de celle-ci qui avait pris la première occasion pour le descendre. Néanmoins, il n'arrivait à admettre qu'elle pouvait dire ça de son propre fils mais de l'autre côté, Madeline ne lui mentait jamais. Elle avait réagi impulsivement, comme il l'avait fait, un million de fois pour la protéger. Il n'eut le temps de réfléchir plus qu'elle attrapa la poignée de la portière.


« Attends ! »

« Mhm ? » Elle se retourna vers lui. Il avait les yeux rouges de s'être retenu de pleurer tout le chemin. « Je pouvais pas accepter ses propos, cette manière de se servir de toi puis de te...t'insulter. Fallait que je me taise, je sais. Je ne peux pas plus m'excuser ou m'expliquer. J'suis sincèrement désolée. »

« Non...c'est pas... » Il secoua la tête, n'arrivant à exprimer ses pensées si brouillonnes. Il ouvrit sa portière pour passer de l'autre côté, lui offrant de le suivre. « On monte ensemble ? »

« Je croyais tu voulais juste me déposer ? »

« J'ai changé d'avis. Je veux pas qu'on se fâche. » Il n'avait pas le pardon, ni l'écoute facile mais Madeline en avait fait preuve tant de fois qu'il sentait le besoin de faire mieux. Ils rentrèrent dans l'appartement, la brune se débarrassant de ses affaires dans la chambre. Lorsqu'elle retourna dans le séjour, elle retrouva Mathieu assis au bord de la fenêtre, une roulée entre les lèvres. « On peut parler ? » Elle hocha la tête. Il tendit sa main qu'elle prit sans hésitation. Elle monta sur le rebord, Mathieu se retenant de jurer, effrayé qu'elle ne tombe. Seulement, il utilisa son bras comme garde corps, préférant ne pas ajouter un autre niveau de tension. Il inspira sur son mégot. « Je t'aime Maddie. »

Elle secoua la tête, timidement. « Non, pas ça. »

« Je dis pas ça pour oublier le sujet. Je veux juste que tu le saches. » Il termina sa roulée puis la jeta par la fenêtre. Il caressa son visage distraitement avant de prendre sa main. « J'ai jamais aimé personne. Je pensais que j'en étais incapable. » Elle aurait aimé lui dire que c'était à cause de sa famille mais elle resta muette. « J'ai toujours connu mes parents séparés. J'allais chez l'un puis chez l'autre. Mon père passait son temps avec ses potes alors chez lui, c'était toujours le bordel alors au début, je préférais être chez ma mère. Sauf qu'avec le temps... » Il ria jaune. « Avec le temps...elle m'a reproché d'être né, selon elle, c'est parce que je suis né que plus rien n'allait, leur divorce, son déménagement dans ce quartier, la perte de son boulot... elle me supportait plus. Alors je fuyais la maison.... »

« ...comment un petit garçon peut être responsable de ça ? »

Il haussa les épaules. « Du coup, j'étais tout le temps en bas, dans le quartier. Je lui ramenais des cadeaux et elle était contente. Mon père, lui, buvait de plus en plus et dès que j'y allais, c'était...horrible. Si j'ai une passion pour la boxe, c'était seulement pour esquiver ses coups. » Madeline ne put cacher son émotion, ses joues rosirent et ses yeux rougirent. Néanmoins, elle lutta contre elle-même, refusant qu'il s'arrête. « Au final, j'ai fini par me faire virer du lycée alors ma mère n'a plus voulu de moi. J'allais déjà plus chez mon père. J'ai dormi plusieurs nuits dehors ou chez des potes avant que ma grand-mère est pitié de moi. »

« C'est comme ça qu'elle t'a accueilli. »

« Et je lui ai tout donné. Toute ma thune pour la remercier. Je vivais de rien...je lui dois beaucoup. »

« Tu vas rarement la voir. »

« On est pas proche. » Il haussa les épaules nonchalamment, éloignant les émotions. « Elle m'a juste accueilli. Je passe, je lui donne le loyer et je prends des nouvelles. » Elle resta bouche bée, les lèvres entrouvertes. Il n'avait eu le droit à aucun amour, passant de rejet en rejet ou pire en indifférence. « Avant toi, y avait rien. »

« Alors pourquoi tu t'obstines avec ta mère ? Tu as conscience qu'elle t'a mis à la porte mais tu continues d'accepter ce qu'elle dit, ce qu'elle fait. Tu lui donnes de l'argent pour qu'elle s'achète des vêtements hors de prix que tu ne t'achètes même pas. »

« C'est ma mère, Maddie. »

« Elle m'a dit de me méfier, que tu détruisais tout. J'aurais plus la croire et nous deux... »

« ...Elle a pas tort, tu sais. » Cette fois, Madeline ne put retenir une larme. Celle-ci s'échoua sur les doigts de Mathieu qui l'essuya. « Je t'assure, alors ne te prends pas la tête. T'aurais pas dû me défendre, ça n'en valait pas la peine. »

« Bien sur que si, tu en vaux la peine. Tu as fait tellement de choses dans ta vie, tout seul. Elle devrait être fière de toi. »

« Tu me connaissais pas avant. » Il secoua la tête, un léger sourire sur les lèvres. « J'étais pas le même gars que là. Je suis carrément à mon max tout le temps pour toi. » Elle se rapprocha de lui jusqu'à attraper sa nuque et embrasser sa bouche. « Madeline, ma princesse. »

« J'suis désolée pour ta mère, vraiment. » Pas pour l'avoir défendu mais pour son enfance, ne put-elle s'empêcher de penser. Elle avait brisé ce petit garçon qui, malgré les années, cherchait encore son amour maternel. Incapable d'avoir de l'attention, il créait une relation superficielle grâce à l'argent. Madeline prit son visage en coupe, se plongeant dans ses prunelles sombres. « Je t'aime tellement. C'est toi et personne d'autre. »

Elle papillon ses lèvres sur ses joues. Mathieu attrapa ses hanches pour l'inciter à se tenir à lui. Elle le fit, s'accrochant à sa nuque. Il passa ses mains sous ses fesses, l'embarquant sur le canapé où il se laissa tomber, la gardant sur lui. Elle pouffa face à leur chute. Seulement, son rire s'étouffa face au regard du blond. Il n'eut le temps de l'embrasser que son téléphone sonnait. Madeline retînt un souffle en voyant l'appelant.

« Mat...s'il te plaît. »

« Je dois répondre. »

Malgré la discussion ainsi que la proximité avec elle, il répondit.

« Allo ? » La brune se délia, quittant ses genoux pour rejoindre la cuisine. « J'ai oublié un truc ? »

« Non non. Je voulais juste te parler de ta...petite amie. »

Mathieu se retourna vers Madeline, hésitant. « Maman... »

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