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Mathieu se redressa dans son fauteuil tout en s'allumant une cigarette. Madeline commençait à le connaître, elle savait que c'était un signe de malaise. Toutefois, elle ne lui fit pas remarqué et ne fit aucun mouvement pour aggraver sa gêne. Il souffla.

« Je suis désolé de t'avoir empêché de te venger de Julian mais je crois que ça n'arrange rien. Moi j'ai déjà essayé, un million de fois dans des histoires de quartier et jamais je me suis senti mieux après. » Elle baissa le menton. Il avait surement raison, elle le savait, mais elle avait besoin d'agir. L'idée de ne rien faire, d'accepter ce destin était d'une frustration immense. « Et, si tu me crois pas, je tiens aussi à m'excuser de t'avoir volé ta vengeance, en quelque sorte, en frappant Julian. C'était pas à moi de le faire, j'en ai conscience. J'ai agis...à chaud. » Son impulsivité était connue depuis enfant. Il se souvenait de toutes les fois où il s'était battu à l'école ou dans les rues. « Ce qu'il t'a fait me rend...malade. Et je me pardonnerai jamais de pas t'avoir.. j'en sais rien.. mis dans une tour de force. »

« Comme une princesse. » Elle inclina la tête tout en souriant. « Tu sais que c'est pas possible. »

« Mais t'es vraiment une princesse pourtant. »Cette fois, ce fut à son tour d'afficher un rictus. Madeline se redressa, les yeux plissés en sa direction.

« T'as des fossettes. » Il leva les yeux au ciel puis se tourna vers l'écran de son ordinateur pour cacher le rouge de ses joues. Le silence ne dura qu'un instant avant que Madeline ne reprenne. « Merci pour tes excuses même si tu sais que je n'en ai pas besoin. » Il voulut lui dire qu'il le savait effectivement mais que la culpabilité restait là, présente au plus profond de son crâne jusqu'à en avoir des migraines. De plus, le désir qu'il ressentait pour elle, aggravait ce sentiment, comme s'il n'avait le droit après ce qui était arrivé. « Tu réfléchis trop. »

« Imagine si je fumais pas. » Il secoua la tête tout en riant. Il s'étira, les mains derrière sa nuque, la fatigue le prenant. Son bâillement immense en fut la preuve. « Madeline ? »

« Il est temps qu'on dorme. »

Il n'avait pas forcément envie malgré la fatigue. Il appréciait être ici, avec elle, à simplement discuter, à l'observer comme si elle était une sorte de chimère. Il l'accompagna dans le petit studio, elle et son plaid. Il attendit qu'elle s'installe avant de quitter la pièce et rejoindre son studio. Il n'eut envie de se coucher tout de suite, comme si des picotements dans sa tête l'empêchait de fermer les paupières. Il perdit son temps sur les réseaux sociaux, passant de l'un à l'autre, espérant que ça l'épuise. Néanmoins, alors qu'il changeait encore d'application, il entendit un hurlement de l'autre côté du studio. L'adrénaline piqua ses nerfs et il se leva immédiatement pour rejoindre Madeline.

Celle-ci dormait, le visage remplit de larmes, ses ongles plantés dans son cou alors qu'elle n'arrivait à respirer. Dans son rêve, les mains de Julian l'empêchait d'inspirer tandis qu'il était en elle, violemment. Les douleurs la firent crier encore et encore. Mathieu accourut à ses côtés pour la réveiller. Elle se redressa dans un sursaut, les yeux exorbités et la peau griffée.

« Prends une inspiration Madeline, inspire. » Il la guida en miroir. Il prit sa main pour la poser sur son torse et sentir sa cage thoracique se lever lui permis de le faire aussi. « Voilà, encore. » Elle serra son maillot comme si sa vie tenait à ça. Il la laissa faire, continuant de respirer profondément pour elle tout en scrutant son regard, évaluant à tout moment un nouvel éclat de larmes ou un nouveau tremblement. « Tu t'en sors bien. Tout va bien. On est au studio, c'est toi et moi. Il viendra jamais ici, encore moins maintenant. » Elle sut se calmer au bout d'une dizaine de minutes. Néanmoins, la douleur au creux de son ventre resta. Son menton trembla et un sanglot s'échappa. Elle se recroquevilla en position fœtale tout en se tenant.

« J'ai mal. J'ai trop mal. »

Mathieu regarda les alentours à la recherche d'une solution mais ici, il n'y avait aucun médicament, ni rien d'apaisant. Sa peau devint moite de sueur tandis que tout son visage se fronçait. Il était certain qu'elle ne pouvait rester ainsi alors il partit chercher leurs affaires et les clés de la voiture. A son retour, elle pleurait de nouveau, en peine comme si Julian venait tout juste de l'agresser. Pourtant, c'était il y a plusieurs semaines maintenant. Le blond ne lui laissa pas plus de temps pour réfléchir et la prit dans ses bras. Il l'emmena jusqu'à la voiture, l'installant avant de prendre le volant.

« Tu m'emmènes où ? »

« Aux urgences. » Elle tenta de rétorquer mais il n'en lui laissa la possibilité. « Je t'ai laissé refuser la dernière fois, là, non. Je refuse d'avoir encore des regrets à ton sujet Madeline. J'vais finir par en crever. »

« J'veux pas, s'il te plait. »

Mathieu se pinça les lèvres, c'était clairement un supplice d'aller contre son souhait. Il ne voulait pas la forcer, néanmoins, il avait aussi conscience de la nécessité de voir un médecin après la violence qu'elle avait subi ainsi que la douleur ressentie actuelle. « Depuis quand est-ce que t'as des douleurs comme ça ? » Elle haussa les épaules. Elle les avait depuis sa première fois avec Julian, puis toutes les autres fois mais, elles semblaient minimes dorénavant à côté de la souffrance psychologique. « Plus jamais je t'écoute quand il s'agit de ta sécurité ou de ta santé, je suis sérieux. »

Il souffla exagérément, espérant lui faire comprendre la gravité de la situation. Néanmoins, elle s'en moqua tout comme de son état de santé. Ils arrivèrent rapidement devant le centre hospitalier. Mathieu ouvrit sa portière mais elle refusa d'être prise dans ses bras. Toutefois, comme pour donner raison au jeune homme, un éclair de douleur transperça son corps. Il l'attrapant avant qu'elle ne s'effondre au sol.

« T'as déjà eu aussi mal ? » Il la prit dans ses bras tandis qu'elle fermait les paupières pour s'échapper. « Qu'est-ce qui provoque les douleurs ? »

« Jamais autant. »

« Ils vont prendre soin de toi, ok ? » Elle acquiesça, consciente qu'elle ne tiendrait pas longtemps avant de faire un malaise.

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