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Madeline fut incapable de dormir, ses pensées tournant en rond après leurs confessions. Elle lui avait montré ses plaies mais aussi elle lui avait avoué ses sentiments. Elle y avait posé des mots avec tout son cœur à nu. Et maintenant qu'elle était dans la pénombre de sa chambre, elle se rendait compte qu'elle continuait de se donner à lui, inlassablement, sans précaution. Nerveuse, elle préféra sortir de son lit pour prendre l'air. Elle s'installa sur le même transat que toute à l'heure, suppliant presque que le destin joue en sa faveur et que Mathieu soit insomniaque lui aussi.

Toutefois, c'était rarement le cas et ce fut Lisko qui apparut de la pénombre. Il était assis depuis des heures déjà, fumant cigarettes sur cigarettes pour passer le temps. Il n'avait aucune envie de dormir, regrettant ne pas être sorti en boîte, comme prévu il y a des mois, avant que Mathieu ne devienne obnubilé par ses sentiments et son futur. La présence de Madeline avait changé un peu plus les plans des garçons, du moins de Lisko et Norvan puisque le blond avait perdu un sérieux intérêt à ces soirées depuis quelques temps maintenant. Il souffla exagérément en la voyant, espérant la faire fuir mais il n'eut aucun effet. Elle était bien trop dans sa tête mais surtout bien trop lasse par son comportement.


« Je compte par partir alors si t'es pas content, toi, tu peux partir. »

« J'étais là avant. » Il s'alluma une cigarette et s'installa au bord de la piscine, les pieds dans l'eau, à tout juste un ou deux mètres d'elle.

« T'es vraiment un gamin. » Elle se pencha au bord de son transat pour lui voler une cigarette de son paquet. S'il était là, autant qu'il en soit utile. « Je comprends pas pourquoi tu me détestes autant. »

« J'ai aucune envie de parler avec toi. »

« Je te demande pas de répondre. Je te dis que je comprends pas ce que tu as contre moi, c'est tout. En soi, on a les mêmes intérêts. J'aime Mathieu et toi aussi. » Il ria jaune tout en secouant la tête, n'y croyant pas une seule seconde. « Quoi ? »

« En aucun cas tu montres que tu l'aimes. Tu montres juste que tu l'utilises. Tout le temps. T'as juste à l'appeler et il vient comme un toutou. » Il n'avait pas tort et elle le savait. Elle l'avait appelé un nombre bien trop important de fois. Elle baissa le menton, regardant le mégot brûler entre ses doigts, s'y rapprochant dangereusement. « Et maintenant t'es là pour aucune raison si ce n'est gâcher nos vacances, profiter de la maison et de l'argent de Polak. »

« Pour quelqu'un qui voulait pas parler, t'as quand même pas mal de chose à dire. » Elle se pinça les lèvres, hésitante, mais finalement, elle abandonna. Elle aimait Mathieu et refusait de le perdre. « Je m'en moque de son argent, de ces vacances ou de...toutes ces choses matériels. J'suis venue pour lui et vraiment que pour lui. Et je sais que j'ai pas toujours bien agi envers lui, surtout dernièrement. Tu sais surement ce qui m'est arrivé dans le squat. »


Il se retourna pour la regarder, les sourcils froncés. Il n'en avait qu'une vague idée mais son meilleur ami avait toujours refusé d'en dire plus, notamment parce qu'il avait toujours, lui-même, était détestable dès que Madeline était un sujet de conversation. Il le regretta soudainement, la trouvant horriblement humaine et sincère.


« Julian et son ami m'ont... » Elle souffla, la mâchoire serrée. « ...m'ont violée. A plusieurs reprise. Ensemble. » Lisko sembla se vider complètement de toute vie. « Et je t'avoue que j'ai dû mal à accepter alors je gère pas toujours très bien. Mais je suis vraiment amoureuse de Mathieu et ça...ça facilite pas les choses mais je veux pas être sans lui. Même, j'y arrive pas. Et je t'assure que je veux pas lui faire du mal, c'est une promesse. »

Il n'osa reprendre ses aveux, hochant seulement la tête. « J'vais faire un effort. »

« Merci. C'est tout ce dont j'ai besoin. J'te prouverai que mes intentions sont bonnes et pas du tout intéressées. »

« J'veux bien te croire seulement, désolé, mais vous deux ça marchera jamais. Vous êtes...trop...différents. »

« Je ne crois pas qu'on le soit tant que ça mais peu importe. Ce qui compte c'est qu'on s'accepte comme on est, avec nos différences. J'ai confiance. » Elle quitta le confort de son transat, un objectif en tête grâce à cette discussion. « Sur ce, je vais te laisser. J'vais dormir. »

« Bonne nuit. »


C'était la première fois qu'ils avaient une discussion, sans méchanceté ou silence désagréable. Elle en était ravie, ayant l'impression qu'une avancé était palpable dans sa vie. Elle ne s'arrêta pas à sa chambre et continua dans le couloir jusqu'à la master. Elle ne toqua pas mais appuya lentement sur la poignée. Mathieu dormait au milieu de son lit, allongé sur le ventre tout en ayant les bras écartés, prenant toute la place. Elle resta immobile et silencieuse, rejugeant soudainement cette idée. Toutefois, elle mourrait d'envie d'être contre sa peau, sans se poser de questions mais profitant seulement du moment. Elle inspira profondément tout en priant qu'il réagisse bien. Elle s'approcha tout en se demandant de qu'elle manière elle pouvait le réveiller. Elle déposa seulement une main sur son avant-bras, le caressant jusqu'à ce qu'il ouvre les yeux, confus. Il retint son mouvement de recul en voyant que c'était Madeline et se tourna sur le dos.


« Hey. » C'était qu'un souffle murmuré, encore dans les vapes. Du moins, jusqu'à ce qu'il réalise qu'elle était bien réelle. « Maddy ? Ca va ? »

« Ou..ouais. » Le visage de Madeline se transforma en une certain grimace de malaise. Elle resta silencieuse, droite comme un I, complètement mal à l'aise.

« T'as besoin de quelque chose ? » Elle acquiesça la tête mais fut incapable de répondre, ses joues se teintant d'un rouge. Il fronça les sourcils, complètement confus de la voir si tard dans la nuit, raide et timide. « Dis-moi. »

« J'veux...dormir avec toi. »

« Oh. » Il se décala d'un côté, lui laissant la place. Elle la prit, s'allongeant à ses côtés, se mettant de profil face à lui tout en gardant une distance. Ils se jaugèrent ainsi, silencieusement jusqu'à ce qu'elle craque.

« J'ai discuté avec Lisko et je crois qu'il va faire un effort. »

« Ca s'est une bonne nouvelle. » Elle hocha la tête. « Et qu'est-ce qui t'a donné envie de venir jusque ici ? »

« J'en ai envie depuis longtemps mais je n'osais pas avant. J'ai dit à Lisko que...que je m'étais fait violer. Je l'ai dit comme ça, sans hésitation et même si ça m'a fait mal j'ai pas pleuré, j'ai pas...craqué. Alors...j'en sais rien...c'est bête ça m'a convaincue que je pouvais avancer. Un peu. »

« C'est clairement positif. » Elle hocha la tête. Du bout des doigts, il caressa son visage d'un air légèrement absent. « J'suis fier de toi même si je le suis la plupart du temps. J'suis content de t'avoir près de moi." »


Face à la tendresse de ses gestes et de ses mots, elle s'approcha, se laissant guider par ses propres envies et besoins. Elle se réfugia dans son cou alors qu'il la serrait pour être certain qu'elle ne s'échappe pas, se sentant déjà se rendormir grâce à elle. Pour Madeline, les premiers instants furent sous adrénaline, se rendant compte qu'elle était allongée, dans la pénombre dans les bras d'un garçon. Néanmoins, la tendresse des mains de Mathieu contre son dos la rassura et elle termina par s'endormir.

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