Check on me

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Pendant les deux semaines suivantes, Mathieu passa son temps à faire la promotion de son EP ou a sortir avec ses amis. L'alcool et les joints en quantité le détendaient et lui permettaient de profiter de chaque moments sans penser à son retour sur Paris. Il arrivait même à voir d'autres filles et à éviter, presque à chaque fois, de penser à Madeline.
Ils étaient tous rentrés dans la nuit et contrairement à l'aller, ils étaient tous calmes, certains même endormis. Malgré sa fatigue et son inertie physique, les pensées du blond allait à vive allure comme si tout ce qu'il avait essayé d'inhiber ressortait brutalement maintenant qu'il était noyé dans le silence. Il sortit ses écouteurs, espérant que la musique chasse ses pensées.

Du côté de Madeline, celles-ci avaient été grandement occupées. Les recherches de son ordinateur étaient pleines de preuves critiques si jamais elle faisait ce qu'elle avait prévu. Seulement, elle s'en moquait, tout ce qu'elle voyait, c'était sa vengeance, celle qui lui permettrait de tourner la page. Elle termina son soda énergisant avant de la jeter au sol parmi les centaines d'autres qu'elle avait prit depuis ces deux semaines. Ça lui permettait de tenir, entre ses repas rapidement régurgité. En plus, une canette était facile à vérifier, il suffisait de voir s'il n'y avait pas de trou puis la laver. C'était rapide et efficace. Néanmoins, il était certain que ses pensées ainsi que son jugement étaient complètement altérés. Elle enfila rapidement un jogging et un sweater avant de se diriger vers sa cuisine. Elle termina le mélange dans une bouteille plastique. Il était plein d'acide et de différents produits et tout ce qu'elle voulait maintenant, c'était de réaliser son plan. Elle prit toutes ses affaires avant de se diriger vers le métro.

L'équipe de Mathieu arriva enfin au studio et certains s'y installèrent pour y passer encore quelques heures ensemble. Le blond resta à l'extérieur, souhaitant respirer l'air frais après avoir été enfermé. Il n'avait pas quitté ses écouteurs alors qu'il s'allumait une cigarette. Finalement, alors qu'il s'attendait à être anxieux d'être de retour, il était seulement apaisé. Ici, il était à sa place, dans sa ville, dans son quartier, dans son studio. Son meilleur ami passa devant lui sans même le remarquer. Il l'interpella, interloqué par son départ. Lisko était toujours le dernier à partir et si ce n'était pas le cas, il le prévenait toujours.

« Tu vas où ? » Il retira une oreillette pour entendre sa réponse. Son ami se rapprocha. « Tu te barres ? »

« Nan, je vais juste chercher à manger. » Mathieu ne put cacher un sourire. Il était vraiment un estomac sur patte. S'il faisait la même chose, il ne serait pas autant en forme, c'était certain. « Je te ramène un truc ? » Il prit cette opportunité pour s'occuper et quitta le muret.

« J'peux venir avec toi ? J'ai envie de marcher. J'en peux plus d'être resté enfermé dans ce putain de bus. »

Lisko accepta, bien heureux d'être accompagné jusqu'au fast food. Ils prirent la route tous les deux, échangeant sur des banalités ou racontant, tout en riant à éclat, les soirées précédentes. Ils se connaissaient depuis plusieurs années maintenant et s'étaient soutenus, quoi qu'il en coûtait. Ils n'était pas frère de sang mais pourtant ils étaient prêt à verser le leur pour la vie de l'autre.
Ils arrivèrent devant le bar et ne purent s'empêcher d'y jeter un coup d'œil. La bande du squat était présente et Mathieu s'en arrêta, priant intérieurement de ne pas percevoir Madeline. Elle n'y était pas, du moins, il ne la voyait pas alors il reprit la route, le plus naturellement possible alors que Lisko le regardait étrangement.

« T'avais envie d'un deuxième round avec l'autre con ? »

« Il y a jamais besoin de deuxième round avec moi. » Son ami pouffa bruyamment. Il n'avait pas tort, Mathieu avait tendance à avoir le poing précis et était un allier sûr dans les bagarres. « Tu veux essayer ? »

Ils firent les idiots quelques secondes, imitant un combat de boxe tout en avançant. Lisko marchant en arrière, percuta une jeune femme. Il s'excusa, perdant sa bonne humeur tandis que Mathieu ne pouvait se retenir d'observer la scène.

Pendant un instant, il avait espéré que ça soit Madeline, comme la première fois. Après tout, elle était brune aussi, petite et peut-être un peu trop frêle pour porter des talons à cette heure-ci. Néanmoins, ce n'était pas elle et la frustration d'y avoir pensé tout comme la déception que ce ne soit pas elle l'agaça si grandement qu'il avança, seul. Son meilleur ami le rejoignit sans dire un mot mais il accéléra le pas, ne supportant plus d'avoir une présence à ses côtés.

Seulement, à la sortie du métro, cette fois, ce fut bien elle. Malgré sa tête baissée, il pouvait la reconnaître avec aisance. Il la rejoignit sans réfléchir, son inconscient espérant presque que de la voir en vrai arrêterait tous les stupides mirages incessants. Il se stoppa devant elle comme un mur bloquant son passage. Elle tenta de l'esquiver continuant de fixer le trottoir, trop effrayée, du moins jusqu'à ce qu'elle reconnaisse sa voix.

« Madeline ? » Elle releva le menton et il put voir ses cernes creusées ainsi que ses lèvres gercées. Il fronça les sourcils et inspira profondément pour retenir son inquiétude au creux de son estomac. « Qu'est-ce que tu fais là ? Tu sais bien que cette rue est bondée de gars du squat... »

« ...Justement, je suis là pour ça. » Lisko prit l'autre trottoir pour rejoindre le fast food, préférant éviter le mélodrame devant ses yeux. La brune lui fit un geste poli de la main qu'il préféra ignorer. Les joues roses, elle se retourna vers Mathieu qui continuait son observation. Pour sûr, il ne louperait pas son ami sur le sujet, refusant qu'on dénigre la jeune femme sans raison. « Laisse-moi passer, s'il te plaît. »

« Je te laisserai pas retourner près de lui. »

« C'est pas ce que je fais. »

« Alors qu'est-ce que tu fais ? » Elle se pinça les lèvres, resserrant contre elle la bouteille en plastique, dévoilant un indice. Elle n'eut le temps de répondre qu'il lui volait. « Qu'est-ce que c'est ? » Il regarda la couleur douteuse. « De l'alcool ? » Elle ne répondit pas et essaya seulement de lui reprendre. Toutefois, il n'eut qu'à tendre le bras en l'air pour qu'elle s'arrête, bien trop faible. Il ouvrit le capuchon et l'approcha de son nez pour le sentir. Effrayée qu'il boive le contenu, Madeline cogna dans celle-ci. Cette dernière quitta les mains de Mathieu pour se déverser sur la route. La jeune femme essaya de se précipiter pour la reprendre, priant qu'elle ne soit pas vide mais il l'en empêcher, effrayé qu'une voiture ne passe. « Putain mais c'est quoi ton problème  ? »

Les larmes aux yeux, elle se libéra de sa prise. « T'as tout gâché. Va t'en. »

Mais cette fois, il resta.