Chapitre 161 : 1979 : Premier emploi
Finalement, elle repartit vers la porte. Elle n'attendit pas d'atteindre le placard à balai où elle avait ses habitudes et transplana immédiatement.
Mona atterrit dans une petite ruelle qu'elle avait repérée quelque temps auparavant. Les nerfs en pelote, elle avança dans la rue perpendiculaire, bien plus animée. Traversant un petit parking, elle entra dans une grande boutique éclairée d'un néon rouge. Une vendeuse la salua poliment avant que Mona ne repère madame Wilson. Elle se dirigea droit vers elle.
Madame Wilson épluchait une série de documents sur une table derrière les caisses du magasin de meubles et de décoration. Grande, ses cheveux tirés à l'extrême et attachés en chignon, elle laissait quelques mèches grises percer sa chevelure d'un noir intense, dont sa fille n'avait pas hérité.
– Bonjour, madame Wilson ! s'annonça Mona en arrivant à son niveau.
La dame releva la tête et son visage s'éclaira d'un sourire.
– Mona ! Te voilà ! Tu as vu ma fille ?
– Non, j'ai fait le tour de la boutique et je ne l'ai pas croisée, mentit Mona pour cacher son retard.
– Tu auras bien le temps de voir Kathy dans les prochaines semaines, répondit madame Wilson.Elle rangea les documents dans le tiroir d'un bureau et se tourna de nouveau vers Mona.
– Tu es sûre que la réserve te conviendra ? Tu ne préférerais pas travailler en boutique ?
– Non, dit Mona, songeant aux gaffes qu'elle pourrait faire devant des clients moldus.
– Parfait. Alors, suis-moi.Madame Wilson entreprit de traverser le magasin. Mona dut trottiner pour suivre son rythme.
– Notre boutique appartient à une franchise, expliqua-t-elle. Nous ne choisissons pas la marchandise, et nous avons une certaine marge consacrée aux pertes dues à la casse. Ton rôle sera, entre autres, de réparer les petits défauts de certains meubles endommagés. Nous avons créé ce poste rien que pour toi. Kathy nous a dit que tu avais un véritable don.
– J'ai appris ça à l'école, répondit Mona.Et ce n'est pas un mensonge ! Ben oui, elle a appris des sortilèges de réparation à Poudlard.
– La plupart du temps, un simple point de colle, un clou ou une équerre suffisent. D'habitude, c'est mon mari qui s'en charge, mais depuis son lumbago, les petits dégâts s'entassent. Certains produits risquent de devenir invendables puisqu'ils sortiront bientôt du catalogue.
Mona acquiesça, se demandant si elle parviendrait à simuler un enfoncement de clou avec sa baguette.
– Nous te demanderons de ne pas trop parler de ta fonction, reprit madame Wilson. Ça ne convient pas vraiment à l'image de la franchise ce petit bricolage. Mais pour nous, ces réparations représentent une limitation des pertes.
– Je comprends, répondit Mona, même si ce n'était qu'à moitié vrai.- Ton autre rôle sera de remplir les rayons de produits. Le responsable de la réserve, Gary, t'enverra une fois de temps en temps dans un rayon, tu devras noter les produits qui manquent et recharger les rayons. Tu seras surtout concernée par les rayons décorations pour t'éviter les charges lourdes.
- D'accord.
Elles atteignirent la réserve, une pièce remplie d'objets dans des états plus ou moins délabrés.
– Jette ce qui n'est plus récupérable, dit madame Wilson.
– D'accord. Quelle quantité peut être sauvée ?
– Un quart devrait être simple à réparer. Un autre quart demandera réflexion. Pour le reste, c'est sûrement trop tard.Mona observa la pièce sans fenêtres, juste un hublot en haut de la porte.
– Ça ira ? demanda madame Wilson.
– Oui, oui, dit Mona, les yeux rivés sur une étagère pleine d'outils moldus dont elle ignorait l'utilité.
– Viens signer ton contrat après le déjeuner. Kathy te guidera. C'est un contrat de trois mois avec une semaine d'essai.Mona acquiesça, ne sachant quoi répondre.
– Si tu as un souci, adresse-toi à Gary, le responsable de la réserve. Il n'est pas très grand, un peu dégarni et rustre, mais il saura t'aider. Je vais le prévenir que tu es là. Bon courage.
– À vous aussi..., dit Mona vaguement.Madame Wilson referma la porte. Mona se maudit. Pourquoi avait-elle dit « à vous aussi » ? Madame Wilson n'avait même pas dit « Bonne journée ».
Je pourrais vous expliquer pourquoi, mais vous allez encore dire que je suis méchant.Hésitante, Mona s'approcha d'une table basse, identique à celle que Kathy lui avait rapporté quelques jours plus tôt. La plaque du dessus était légèrement décollée. Mona avança vers les étagères à outils et repéra un tube de colle à bois. Elle vérifia que sa baguette était bien cachée dans sa manche et avança avec le tube vers la table. Après un rapide coup d'œil vers la porte toujours fermée, elle sortit sa baguette.
– Reparo.
La plaque se recolla aussitôt. Mona cacha sa baguette, posa le tube de colle sur la table et chercha un autre meuble qui ne lui poserait pas de problème.
– Moon ! hurla Gary, le tout nouveau responsable de Mona.
Mona redressa la tête tout en glissant discrètement sa baguette dans sa manche.
– Fin de journée. Revenez demain à la même heure.
Soulagée de n'avoir commis aucun impair, Mona se redressa complètement. Il était dix-huit heures passées, et elle venait d'achever sa première journée de travail. Travailler n'était pas très passionnant ; hormis la pause déjeuner avec Kathy, Mona ne s'était pas vraiment amusée. Sa rencontre avec Gary avait été relativement brève, la phrase la plus longue qu'il lui ait adressée étant justement celle-ci. Elle jeta un coup d'œil aux objets autour d'elle et réalisa qu'elle en avait trop réparé. Tout au long de la journée, elle avait essayé d'adopter un rythme moldu, qu'elle avait déduit à partir des notices des tubes de colle qu'elle avait prétendument utilisés. Pour le lendemain, en revanche, il allait falloir qu'elle apprenne à clouer des objets. Après une réflexion intense, elle en avait déduit que cet outil doté d'un manche en bois et d'une tête en métal plat devait être la solution.
Vi, ça s'appelle un marteau. Et ce n'est pas parce que tu en as un que tu dois cogner le jour et la nuit de tout ton cœur. Sauf si c'est sur Brad et son outil à voler les fleurs.
– Ça s'est bien passé ? demanda Kathy en rejoignant Mona à la sortie du magasin.
– Oui, mentit Mona.
– Je n'ai pas encore terminé, fit Kathy. Mais on se voit demain pour déjeuner. Je commence à onze heures.
– Alors, à demain.
– Attends, j'ai...Sans finir sa phrase, Kathy fouilla dans ses poches.
– Ton badge ! dit-elle en sortant un bout de plastique aux couleurs de l'enseigne. Tu dois l'épingler à tes vêtements avant de commencer.
Mona observa son nom inscrit sur le badge tandis que Kathy filait répondre à deux clients.
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Un jour, Mona Moon sera une rebelle
FanfictionQui a envie de lire l'histoire d'une gamine pas très drôle, pas très intelligente, pas super canon, pas très causante, pas très spirituelle et sans aucune ambition ? Non, sérieusement, ça vous tenterait, vous ? Quoique, c'est peut-être ça le truc...