Identité secrète.

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Jaeger avait déclaré à la presse qu'il y avait eu erreur sur la personne. Son beau-frère - le mari d'Eren - l'avait pris pour un cambrioleur et lui avait tiré dessus. Soumis au détecteur de mensonges, l'homme n'avait eu aucun mal à convaincre tout le monde de sa bonne foi. L'affaire avait été classée sans suite.
Grièvement blessé, Jaeger avait apparemment été laissé pour mort, jusqu'à ce que l'un des médecins urgentistes s'apercoive en l'examinant qu'il était encore en vie. Mais entre-temps, Eren avait fichu le camp.
Jean Kirstein n'avait rien à se reprocher, d'après Jaeger. Il avait voulu protéger son mari, expliquait l'article de journal.
La disparition de celui-ci l'avait beaucoup ébranlé. Pendant des mois, il l'avait cherché dans le sud de la Californie tandis que Jaeger, dès qu'il avait été guéri, avait ratissé beaucoup plus large.
Livai avait découvert en lisant l'article que Jean avait une vie mondaine très prenante car il organisait toutes sortes de manifestations à visée caritative. Il n'y avait pas meilleur collecteur de fonds que son beau-frère, prétendait Jaeger.
D'autant qu'Eren n'hésitait pas à jouer de sa beauté et de son charme pour l'aider.
À cette époque, avait compris Livai, Eren Jaeger était un jeune homme extraordinairement sexy. En choisissant de publier une photo du frère de la victime, plutôt que de la victime lui-même, le journaliste ne s'y était d'ailleurs pas trompé.
Le cliché qui montrait le jeune homme en costume du soir était nettement plus sexy que le portrait de son frère.
Avec ses cheveux long jusqu'à la nuque et châtains et sa silhouette de rêve, moulé dans son costume bleu, le Eren de la photo n'avait rien à voir avec le petit serveur du Waterfront.
Lequel ne se trouvait maintenant plus qu'à une dizaine de mètres du banc sur lequel Livai était toujours assis.
Seul, perdu dans ses pensés, il errait tel un âme en peine.
Son désarroi serra le cœur de Livai. Il ne supportait pas de savoir les gens malheureux. Après la mort de son père, il avait vu sa mère complètement déprimée. Et il se rappelait ce qu'il avait ressenti alors, ce besoin instinctif, presque animal, de s'interposer entre elle et tout ce qui risquait de la faire encore plus souffrir.
C'était ce même besoin qui l'avait poussé aujourd'hui à venir à la rencontre du jeune homme.

Il doit être si malheureux.

Sans plus réfléchir, il se leva et s'avança vers lui.