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De plus, il adorait Pixis. Il l'avait pris sous son aile dès le premier jour. Au début, il s'était un peu méfié. Mais, quand il avait appris qu'il avait toujours vécu ici, que ses parents, grands-parents et même arrière-grands-parents avaient habité la maison avant lui, il avait compris qu'il n'avait probablement jamais été en contact avec Jean.
Jean.
Il rouvrir les yeux tandis qu'un frisson lui parcourait l'échine. Pris de panique, il se dressa sur son séant et chercha à tâtons l'interrupteur de la lampe de chevet. Dès que la lumière se fit, il retrouva ses repères.
Il était bien ici et n'avait aucune envie de s'en aller. Pour aller où, d'abord ? Dans l'Est ? Se fondre parmi les New-Yorkais ? Même là, il risquait d'être repéré. Jean connaissait des gens haut placés dans la plupart des grandes villes.
En Alaska, il avait peut-être une chance de lui échapper.
Mais encore fallait-il qu'il passe la frontière sans encombre, songea-t-il, épouvanté à cette simple idée. Jean avait le bras assez long pour payer des douaniers et l'empêcher de s'y rendre. À moins qu'il n'y aille en bateau et qu'il ne réussisse à échapper aux contrôles ? Mais cela impliquait qu'il trouve un bateau de pêche ou un yacht privé qui accepte de l'y emmener.
Il y avait bien Livai. Il avait beau chercher à le chasser de son esprit, il n'y avait rien à faire : tout le ramenait sans cesse à lui.
Il l'avait observé pendant le repas. Il s'était montré très cordial avec Pixis. Sa gentillesse à l'égard du vieil homme l'avait touché.
Il lui faisait penser à son frère. Thom aussi s'intéressait aux gens. Il voulait toujours savoir qui ils étaient, ce qu'ils faisaient, d'où ils venaient et où ils allaient.
Livai le lui rappelait pour plusieurs raisons, en fait. Il avait la même philosophie, cette même manière désinvolte de voir les choses et de fuir ses responsabilités. (La vie est faite pour être vécue. Si tu passes ton temps à t'inquiéter de ce qui pourrait arriver, tu ne profites plus de rien), prétendait-il.
Cette belle insouciance, il le lui avait souvent reproché.
Mais il le lui avait aussi envié, parfois.
Dans les moments difficiles, Thom avait toujours été là pour lui. Il savait qu'il pouvait compter sur lui, qu'il ne le laisserait jamais tomber. Et que jamais il ne le trahirait. Il était le seul à connaître la vérité et à aucun moment il n'avait mis en doute sa bonne foi.
Le cœur gros, il laissa libre cours à son chagrin. Il pleura son frère à chaudes larmes car il savait qu'il ne le reverrait plus, et qu'il fallait qu'il l'accepte une fois pour toutes, s'il voulait pouvoir ensuite aller de l'avant.
Mais arriverait-il un jour à accepter l'idée qu'il était responsable de sa mort ? Au fond de lui-même, il savait qu'il était fautive et ce sentiment de culpabilité le rongeait comme une gangrène, le dévorait vivant. Et Thom n'était pas là pour lui dire qu'avec le temps il finirait par oublier et que tout s'arrangerait. Thom mort, il était condamné à traîner ce boulet ad vitam aeterman.
À qui d'autre pourrait-il se confier ? À Livai Ackerman ? Il n'y songeait pas ! Sa désinvolture ne lui disait rien qui vaille.
Lui faire confiance était bien trop dangereux. Il préférait ne pas prendre le risque.

Identité secrète.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant