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-J'ai épousé un homme capable de m'apporter ce sentiment de sécurité que j'aspirais tant à retrouver. Il était puissant, charismatique. Je pensais qu'il me protégerait.

Livai le fixait encore plus intensément, comme s'il se livrait à des conjectures et cherchait à résoudre l'énigme qu'il décelait en lui.

-Que s'est-il passé ? demanda-t-il pour l'inciter à continuer son récit.

Il ne s'était pas privé de le questionner. Il avait joué le jeu de la franchise. C'était à son tour de tout lui dire.

-Un matin, au réveil, j'ai pris conscience que je n'étais plus qu'un... accessoire. Un joli bibelot qu'on pose sur une étagère et qu'on exhibé de temps en temps.

En le voyant froncer les sourcils, il devina qu'il était en train de se demander ce qu'un garçon comme lui pouvait bien avoir de décoratif.
Ses efforts n'avaient pas été vains. Sur ce plan-là, au moins, il avait réussi. Se levant, il entreprit de rassembler les assiettes, les couverts et les reliefs du pique-nique. Livai les lui prit aussitôt des mains. Il ramassa les détritus et alla les jeter à la poubelle.
Lorsqu'il revint, il l'attendait près de la moto. Sans doute trouvait-il bizarre qu'il ait brusquement mis fin à la conversation. Mais il ne posa aucune question, n'insista pas. Son silence en devenait presque embarrassant.

-Merci pour cette journée, dit-il d'un ton un peu guindé. Et de m'avoir fait connaître cet endroit magnifique.
Je n'ai pas encore eu beaucoup l'occasion de visiter la région, mais je vais me rattraper.

-Mais ce n'est pas fini, annonça-t-il.

Il y avait le trajet de retour, songea-t-il. Et, bien que les jours aient déjà notablement raccourci - ce qui était nouveau pour lui -, ils avaient encore pas mal de temps devant eux.
Lorsque peu après s'être mis en route Livai quitta la nationale et descendit vers la rivière, il comprit qu'il n'avait pas l'intention de rentrer tout de suite. Au bout de quelques kilomètres, ils se garèrent au bord du chemin. Livai lui fit signe d'enlever son casque.

-Où allons-nous ? demanda-t-il en obtempérant.

-Vous verrez.

Il l'entraina dans les bois jusqu'à un sentier dont l'accès n'était autorisé qu'à certains véhicules. Il se glissa derrière la barrière métallique. Voyant qu'il hésitait à en faire autant, il le prit par la main, aussi fut-il bien obligé de le suivre.
Mais il n'était pas très rassuré. Soudain, il vit un petit bâtiment trapu et complètement aveugle. A côté de la lourde porte à doubles battants, il y avait une espèce de compteur électrique.
Refusant de faire un pas de plus, il se figea.

-Ren ?

Il le regardait d'un air étonné. Mais il lui tenait fermement la main. Il ne pouvait pas s'enfuir.
La peur au ventre, il était comme pétrifié. Des images terrifiante s'imposèrent à lui tandis que les mots kidnapping, séquestratio', cachot lui traversaient l'esprit. Ce bunker au milieu des bois était la cachette idéale.
On n'était pas près de le retrouver.
Ses pires cauchemars étaient sur le point de se réaliser.
Il était en train de vivre ses tout derniers instants de liberté.
Bientôt, il croupirait au fond d'une cave, à la merci de son ravisseur.

Identité secrète.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant